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Actualités de la paroisse: Blog2

Homélie du Baptême du Seigneur


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Baptême du Seigneur

« Par le bain du baptême, Il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit-Saint. »


Chers frères et sœurs,


Dans notre calendrier liturgique actuel, la fête du Baptême du Seigneur marque à la fois la fin du temps de Noël et l’entrée dans le temps missionnaire de Jésus, que l’on appelle le temps ordinaire. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le baptême : pourquoi l’Église baptise-t-elle ? Quelle est la mission des baptisés ? Je choisis d’orienter ma méditation sur la nature du baptême et sur ce qu’il donne, prenant acte de la déchristianisation profonde de notre société et du recul continuel du nombre de baptêmes dans la société française et plus largement dans notre Occident déchristianisé ou plus exactement dans notre dans notre Occident post-chrétien. Je vous avais donné il y a un an les chiffres des baptêmes tous les 5 ans : la chute est catastrophique…je n’en rajoute pas cette année. Pour redonner le goût du baptême, il faut déjà savoir ce qu’est le Baptême et ce qu’il donne.


Le Passage de l’Évangile du jour est intéressant au sens où il nous montre le passage du baptême de l’Ancien Testament, administré par Jean-Baptiste, au baptême du Nouveau Testament administré par Jésus. On passe du baptême d’eau au baptême dans l’Esprit-Saint, du rite au sacrement. Pour comprendre ce passage, il faut déjà se remémorer que Jean-Baptiste, dont les parents étaient âgés (Elisabeth, nous dit l’Écriture, était une femme âgée et stérile), avait très certainement été confié à une communauté juive appelée les Esséniens, qui vivaient dans le désert, de manière très simple (l’Évangile nous rapportera que Jean-Baptiste vivait dans le désert, était vêtu d’un pagne en poils de chameau et se nourrissait de miel et de sauterelles sauvages). Cette communauté, presque monastique, avait pour particularité les très nombreux rites d’eau, de purification, et le souci d’une vraie conversion pour vivre en harmonie avec Dieu. Rien d’étonnant alors à ce que nous retrouvions Jean en train de baptiser pour inviter les Juifs à la conversion.

Jésus choisit donc de se faire baptiser, non pour lui-même, mais pour l’humanité qu’Il est venu assumer en s’incarnant. Dès lors, le baptême devient un sacrement puisque, en le recevant, Jésus rend efficace le contenu de ce rite qui n’invitera plus seulement à se convertir, mais qui donnera déjà la victoire de Dieu sur le mal et la mort. À ce propos, vous remarquerez que le baptême ne deviendra pleinement ‘efficace’ qu’une fois la mort et la Résurrection de Jésus passés. C’est la raison pour laquelle Jésus n’envoie pas ses disciples baptiser dès le début de son ministère, mais juste avant de les quitter avant l’Ascension.


Regardons maintenant ce que donne le sacrement du baptême, à partir des textes que nous avons entendus.

« Comme Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit-Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle. » Frères et sœurs, nous avons ici un premier effet du baptême : le baptême ouvre le Ciel et fait descendre sur celui qui le reçoit l’Esprit de Dieu. C’est ce que cette page d’Évangile nous dit. Méditant sur cet aspect-là, l’Église en arrivera à formuler que le baptême donne le Salut puisqu’il ouvre le Ciel. St Paul le dit déjà dans la deuxième lecture que nous avons entendue : « nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle. » Dit autrement, et dans la suite de Noël que nous venons de fêter, le baptême nous donne accès à la divinité. À Noël, Jésus, Fils de Dieu, prend la nature humaine réconciliant en sa propre personne la nature divine et la nature humaine ; en se faisant baptiser, Jésus transmet à notre nature humaine une communion nouvelle avec la nature divine. Oui, le sacrement du baptême est nécessaire au salut puisqu’il rétablit notre humanité dans la communion divine, il ouvre le Ciel et donne l’Esprit de Dieu. Aujourd’hui, la désaffection pour le baptême tient en premier lieu du fait que les gens n’éprouvent plus le besoin d’être sauvés. Même au sein des chrétiens s’est répandue de manière un peu rapide l’idée selon laquelle la miséricorde de Dieu est telle qu’elle passe outre les sacrements pour rejoindre l’homme. Il est vrai que Dieu n’est pas enfermé dans les sacrements et qu’Il peut agir en-dehors. Mais ce n’est pas une raison pour relativiser l’institution des sacrements par Jésus et leur nécessité. Si Jésus les a donnés à l’Église, c’est bien que les sacrements constituent le moyen ordinaire du salut. Plus que jamais, il nous faut vivre des sacrements et vivre notre baptême en permettant son déploiement dans notre vie. Il est vrai que nous vivons dans une société qui a rejeté Dieu, qui en a fait une réalité tolérée seulement dans un espace exclusivement privé. Il est vrai que les progrès techniques, de la médecine, de la science, repoussent de manière générale le besoin d’un Sauveur. Eh bien, raison de plus pour laisser la divinité se manifester dans notre humanité à travers le baptême.


« Du Ciel, une voix se fit entendre : ‘C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.’ » Cette parole du Père nous renseigne sur un deuxième effet du baptême : le baptême nous fait entrer dans une relation nouvelle avec Dieu. Cette Parole authentifie Jésus, Fils de Dieu, mais elle fait de tous ceux qui reçoivent le sacrement du baptême des fils de Dieu par notre union à Jésus qui, finalement, nous a acquis la filiation divine. Cette filiation nouvelle, donnée par le baptême, fonde un peuple nouveau qui a le même Père, un peuple qui s’appelle l’Église. Le baptême nous fait entrer dans le peuple de Dieu qu’est l’Église. Alors, comme tout peuple constitué d’êtres humains, l’Église, constituée d’êtres humains, a son histoire, ses hauts, ses bas, ses aspects beaux et ses aspects moins beaux. Sauf que l’Église est un peuple particulier, fondé en Jésus et donc enraciné dans la sainteté. On ne peut pas aujourd’hui penser notre rapport à l’Église en ne regardant cette dernière que sous un angle humain : c’est oublier ce qu’elle est par nature et par institution. La crise que vit l’Église aujourd’hui ne peut être guérie ou solutionnée par des réformes de structures ou par l’invention de nouvelles structures humaines, mais par la sanctification de ses membres, aussi bien dans le clergé que dans les fidèles, appelés à développer et à manifester dans leur vie la sainteté de Jésus.


Le baptême nous donne accès à cette sanctification pour autant que nous en vivions et que nous prenions soin de la grâce baptismale, notamment en soignant notre vie de prière, en ayant recours et en vivant des sacrements et en pratiquant la charité. Que la fête du Baptême de Notre Seigneur ravive notre propre baptême en attendant de le renouveler lors de Vigile pascale. Amen !

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