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Homélie du 29ème Dimanche Temps Ordinaire


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29ème Dimanche Temps Ordinaire


« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »


Frères et sœurs,


Le piège que les Pharisiens et les partisans d’Hérode tendent à Jésus est pour nous l’occasion d’une belle réflexion sur notre rapport au monde et notre rapport à l’État. Ce sera le cœur de ma réflexion ; pour autant, je voudrais juste commencer en regardant avec vous comment Jésus non seulement ne se laisse pas enfermer dans le piège qu’on Lui tend, mais encore comment Il en sort. L’Évangéliste St Matthieu ne laisse aucune ambigüité sur le piège tendu à Jésus : « En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. » Ils flattent Jésus en ayant recours au mensonge puisqu’ils disent des choses qu’ils ne pensent pas, maquillant ainsi leur intention de piéger Jésus. Vous remarquerez que Jésus ne répond pas à leur piège en tout cas, pas immédiatement. Il les renvoie à eux-mêmes notamment lorsqu’Il leur demande de qui l’effigie et l’inscription sont. Jésus adoptera le même procédé lorsqu’Il renverra les accusateurs de la femme adultère : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. » Jésus renvoie chacun à ce qu’il est, à ce qu’il fait ou a fait. Il appelle chacun à faire la vérité sur lui-même, ouvrant ainsi une possibilité de salut.

Ce procédé de Jésus nous invite à soigner notre rapport à nous-mêmes et à nous mettre en vérité. Frères et sœurs, prenons bien le temps, soignons bien, notre examen de conscience, notre confession. Prenons bien le temps d’examiner nos intentions, de faire la vérité sur elles. Il est souvent plus facile de s’accuser d’un péché rapidement que de faire la vérité sur ses intentions profondes ou sur les intentions que nous évoquons pour en masquer d’autres moins belles. Jésus nous appelle à la vérité en nous et par rapport à nous.


Venons-en maintenant à la réponse de Jésus : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Un jour, dans ma paroisse précédente, alors que je visitais une église tenue par une mairie ouvertement anti-cléricale, chose drôle je rends hommage au maire socialiste, José Haas, qui d’anticlérical qu’il se disait est le maire qui m’a le plus soutenu dans ma charge de curé et qui a le plus soutenu la paroisse -il est décédé il y a deux semaines, je célébrerai donc la messe pour lui aujourd’hui- un de ses adjoints était avec son épouse et tous les deux me faisaient l’éloge de la laïcité, bien entendu vue en opposition au catholicisme, se rangeant donc dans le parti de la laïcité. Et j’avais répondu à la femme, la plus virulente, qu’elle était donc disciple de Jésus, puisque c’est Lui, qui, à travers les paroles « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » était en quelque sorte l’inventeur de la laïcité. La pauvre femme avait paru profondément embêtée et perdue. Au-delà de l’anecdote, Jésus distingue clairement l’ordre temporel et l’ordre spirituel. Cette distinction est fondamentale dans le christianisme et dans le catholicisme. (Au passage, cette distinction n’existe pas dans l’Islam).La distinction entre l’ordre spirituel et l’ordre temporel permet d’ailleurs à l’Église d’être pleinement catholique. En effet, avec ce principe fondamental, l’Église qui est au service de l’ordre spirituel – l’instrument du salut et la préparation à la vie éternelle – peut exister dans tout régime politique : monarchie, république, et même, malgré les persécutions, dans les dictatures. Cette distinction est le gage de sa liberté et elle permet sa catholicité.

Au-delà de cette parole de Jésus, passée un peu comme un proverbe en français, Jésus reprendra ce thème avec ses disciples leur rappelant qu’ils ne sont pas du monde, même s’ils vivent dans le monde. Bien que ces deux ordres soient distincts, dans une perspective chrétienne, le temporel est ordonné au spirituel, la vie terrestre avec ses réalités doit préparer la vie au Ciel.


Je voudrais regarder avec vous quelques exemples de cet ordonnancement du temporel au spirituel, j’entends par là, le fait d’ordonner le temporel au spirituel qui est le propre de la mission de l’Église, elle aussi de nature spirituelle et temporelle. On trouve cet ordonnancement évoqué dans les paroles de Jésus au moment de son procès, notamment lorsqu’Il répond à Pilate : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir si tu ne l’avais reçu d’en haut ». Jésus révèle déjà que l’exercice du pouvoir politique ou judiciaire est une participation au pouvoir fondamental qui tire son origine de Dieu. L’exemple le plus éloquent de cette subordination du pouvoir temporel au pouvoir spirituel est certainement la Chrétienté, et je pense plus particulièrement à la période de St Louis, notre saint patron. À cette époque, tout est ordonné dans la société aux fins éternelles, à la préparation de vie au Ciel. L’Évangile inspire et conduit toutes les institutions de la société : l’école, les universités, les hospices, le pouvoir politique, le pouvoir judiciaire. Tout est ordonné au salut et à la préparation de la vie éternelle. Pour autant, l’ordre spirituel et temporel ne sont pas confondus.

La première lecture nous montre une autre réalité, en dehors d’un contexte de chrétienté. Dieu se sert de tout pouvoir, Il peut passer par tout pour que son œuvre s’accomplisse. Ainsi le Roi de Perse, Cyrus, qui n’est pas juif, est celui qui mettra un terme à l’exil à Babylone et qui permettra le retour des Hébreux dans la Terre Promise. Nous voyons à travers cet exemple comment le pouvoir temporel, parfois à son insu, est ordonné à une finalité qui le dépasse, qui est le pouvoir spirituel.

Alors, Frères et sœurs, il nous appartient en tant que disciple de Jésus, d’ordonner nos propres réalités temporelles (notre travail, nos relations, nos activités, même nos loisirs, par exemple les lectures) à notre finalité spirituelle. Comme nous y invite St Paul, nous devons aussi vivre correctement dans ce monde en accomplissant nos devoirs d’état. D’abord en priant pour ceux qui nous gouvernent ; puis en nous acquittant de ce que nos propres états de vie réclament : en tant que père de famille, mère de famille, grands-parents, patron d’une entreprise ou ouvrier, etc…et en nous acquittant de ce que notre État, au sens de notre pays, nous demande. Tel est l’enseignement de l’Église, sauf si ce qui nous est demandé est contraire à l’enseignement de l’Église. Mais il est important de rester à sa place et de faire ce que nous avons à faire si nous voulons que notre monde fonctionne bien ; on ne peut pas déplorer que les choses aillent mal dans le monde si en même temps nous nous autorisons à ne pas accomplir nos devoirs d’état. Nous avons des devoirs à accomplir et le manquement à ces devoirs entraine une blessure du prochain. N’oublions pas que Dieu se sert aussi de nos devoirs d’états pour accomplir son œuvre, nous disposer aux fins spirituelles, et grandir en sainteté.


Plus qu’un plan à mettre en place et à accomplir, il s’agit avant tout de laisser l’Esprit-Saint agir et de Lui obéir. En effet, c’est Lui qui ordonne les choses les unes aux autres, c’est Lui qui dispose les réalités pour les ordonner à notre fin spirituelle. Mais ne pensons pas qu’à nous ; pensons aux autres, à ceux qui ne connaissent pas Jésus, à ceux qui n’ont pas la foi, pensons au bien commun. Mettons notre propre vie au service des autres et au service de notre fin surnaturelle, qui est de vivre avec Dieu et en Dieu. Amen !

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