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Homélie du 4ème Dimanche de Carême


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4ème Dimanche de Carême


Frères et sœurs,

« Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour mériter cela ? » Qui n’a jamais entendu cette phrase ? Qui même, ne se l’est jamais dite ? C’est très humain comme réflexion ! Mais c’est aussi très faux, en tout cas une question mal posée ! Et dans l’Evangile, nous avons la même chose : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? » Notre inconscient, marqué par le péché originel, fait le lien entre la souffrance et le péché. Certes il y a un lien ; mais là où nous subissons les conséquences du désordre originel, c’est précisément dans le fait qu’on impute les souffrances à Dieu qui nous punit. Or Jésus est très clair sur cette question. A ses disciples qui lui demandent si c’est lui ou ses parents qui ont péché, Jésus répond : « Ni lui, ni ses parents. » La réponse de Jésus est très importante car dans l’inconscient juif prévaut la doctrine de la rétribution. La doctrine de la rétribution consiste en ceci : Tu as péché, Dieu te punit, donc tu souffres. Cette rétribution peut être directe : j’ai péché, donc Dieu me punit et c’est moi qui souffre. Comme elle peut être indirecte : je pèche, donc ce sont mes descendants qui paieront et souffriront, ou alors, je n’ai pas péché, mais je paie pour mes ascendants qui, eux, ont péché. Le livre de Job venait déjà mettre en cause cette doctrine. Mais il n’ a pas réussi à faire évoluer suffisamment la problématique. Preuve en est que nous retrouvons la même question dans la bouche des disciples de Jésus : « Est-ce lui ou ses parents qui ont péché ? » Réponse de Jésus : « Ni lui ni ses parents. » Jésus met un terme à cette doctrine de la rétribution.


Ceci-dit, sans adhérer à cette doctrine de la rétribution, il faut éclaircir le lien existant entre le péché et le mal, la souffrance et la mort. L’Eglise nous apprend qu’il y a un lien entre le péché originel et le mal. Ce lien réside dans les conséquences du péché originel qui a introduit un désordre dans la création et dans les créatures ; désordre que nous supportons tous et qui n’est pas forcément lié à notre propre péché. Ce désordre, nous le voyons encore par exemple dans les catastrophes naturelles comme des tremblements de terre, les cyclones etc…Il faut ajouter à cela qu’il y a aussi un lien entre le péché que nous commettons et le mal qui en découle pour soi et pour les autres. Les Ecritures, l’Eglise, notre expérience nous apprennent que le péché abime, aveugle et paralyse. A terme, il donne la mort. Nous voyons bien que Jésus dans l’Evangile guérit des aveugles, des paralysés, des malades. Il libère de l’emprise et des conséquences du péché. Il redonne la vie.

« Va te laver à la piscine de Siloé » dira Jésus à l’Aveugle qu’il guérit. Cette invitation à aller se laver est aussi une préfiguration du baptême. Le baptême lave du péché originel : il restaure ce qui a été abîmé, dévoyé, non pas en enlevant les conséquences inscrites dans la nature, mais en réparant ce qui a été abîmé. Le baptême libère de l’emprise du péché, de l’aveuglement et de la paralysie du péché. Il nous rend apte à accueillir pleinement et totalement la vie de Dieu. Voilà ce qu’apporte le sacrement du baptême ; voilà ce que nous avons reçu lorsque nous avons été baptisés, voilà ce que nos amis catéchumènes vont recevoir dans quelques jours.

Alors, en restant sur cette guérison qu’opère Jésus, nous voyons également que celui qui est guéri, le baptisé, doit combattre et affronter les attaques du démon. Tout d’abord en lui. Parce que toute personne qui se tourne vers Dieu, qui veut rejoindre Dieu, va rencontrer sur sa route le démon qui va venir perturber ce chemin vers Dieu. Les catéchumènes sont à cet égard des cibles de choix ; ils sont souvent attaqués et fortement éprouvés. Cela fait partie du combat spirituel. C’est la raison pour laquelle l’Eglise prie pour eux à travers des scrutins, qui sont des prières de délivrance et d’exorcisme, pour aider les catéchumènes à tenir bon dans leur ultime combat. C’est le sens aussi de cette dernière onction que recevront les catéchumènes quelques jours avant le baptême avec l’huile des catéchumènes. Nous comprenons aisément le sens de l’onction. Dans l’Antiquité, les lutteurs s’enduisaient le corps d’huile pour éviter qu’on ne les attrape et qu’on ne les jette à terre. L’onction avec l’huile des catéchumènes a conservé la même signification : elle empêche le démon de mettre la main sur nous et de nous faire tomber. A travers ces deux rites, les scrutins et l’onction avec l’huile des catéchumènes, l’Eglise vient au secours des catéchumènes. Une fois néophytes, ces nouveaux baptisés, devront continuer à se défendre des attaques. L’Aveugle de l’Evangile, une fois guéri, est exclu et rejeté. On s’en prend à sa famille ; on va jusqu’à mentir pour le tromper. Mais ce que l’Evangile nous apprend, c’est qu’une fois attaqués, Jésus nous rejoint comme il retrouve l’Aveuglé guéri et Il vient parachever notre adhésion à Lui : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » demandera-t-il à l’Aveugle. « Oui, Seigneur, je crois ! »


Frères et sœurs, reprenons conscience de ce que nous nous préparons à vivre et à recevoir à Pâques : la Vie Nouvelle du Ressuscité qui vient nous libérer du péché, de la mort. Prions pour les enfants du catéchisme qui ont reçu la protection de Dieu à travers l’onction d’huile, prions pour les catéchumènes, afin qu’ils persévèrent dans leur ultime combat et demandons la grâce au Seigneur que les baptisés redécouvrent tout ce qu’ils ont reçu dans le sacrement du baptême pour pouvoir vivre du don de la vie même de Dieu. Amen !

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