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Homélie du 31ème Dimanche du temps ordinaire


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31ème Dimanche du temps ordinaire


« Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. »


Frères et sœurs,


Nous connaissons tous ce passage d’Évangile…comment vous dire des choses nourrissantes quand on l’a déjà entendu beaucoup commenté ? Je voudrais concentrer ma méditation sur le désir de Dieu et les obstacles à la rencontre avec Dieu, puis sur la question de l’« aujourd’hui », présent dans le texte, et voir comment cette rencontre entre Jésus et Zachée peut renouveler notre pratique des sacrements de la communion et de la confession.


La rencontre entre Jésus et Zachée est la rencontre de deux désirs : le désir de Zachée de voir Jésus et le désir de Jésus d’aller demeurer chez Zachée. C’est à ce point vrai que l’on peut se demander si Jésus n’est pas venu à Jéricho justement pour trouver Zachée et aller chez lui, mettant en œuvre la parabole des 99 brebis abandonnées pour aller chercher la seule brebis qui s’est perdue. Si le désir de la rencontre existe des deux côtés, il y a un mais…il y a les obstacles à la rencontre. J’en vois au moins deux : un personnel, lié à Zachée, il est petit et ne peut pas voir Jésus de lui-même ; un autre qui ne dépend pas de lui : la foule qui fait écran et empêche d’accéder à Jésus. Ces deux obstacles sont importants car nous pouvons tous obstacles pour rencontrer Jésus ; des obstacles qui viennent de nous, des obstacles qui viennent des autres. Les obstacles qui viennent de nous, cela peut être, notre histoire, notre péché, nos compromissions, le fait de ne pas se sentir dignes, suffisamment bien, le fait de se comparer, inconsciemment, aux autres qui sont forcément mieux, le fait de ne pas s’aimer, ou tout du moins d’avoir du mal à s’aimer. En regardant en vérité, il faut reconnaitre que ce n’est pas toujours facile de s’aimer tel que l’on est. Justement, Zachée, trop petit, va monter sur un arbre pour voir Jésus. Il veut être autre qu’il n’est. Et Jésus lui demande de redescendre. Le message est clair : ne cherche pas à être autre que tu n’es. Sois tel que tu es, c’est comme cela que je t’aime et que je veux venir chez toi. Voyez-vous, Jésus n’aime pas notre péché, mais Il nous aime malgré notre péché. Et son amour est le seul moyen de guérir du péché. Il ne faut pas s’auto-exclure de son Amour par une fausse indignité : ce n’est qu’une manifestation de l’orgueil.


Les obstacles qui viennent des autres cela peut être l’image qui nous est renvoyée que nous ne supportons pas, les clichés, les stéréotypes qui nous sautent au visage. Il faut garder en tête que nous pouvons tous être des obstacles à la relation à Dieu pour les autres par ce que nous renvoyons. Mais, l’Évangile du jour nous apprend que Jésus passe par-dessus tous ces obstacles. Dit autrement, les obstacles rencontrés, qu’ils émanent de nous ou des autres, ne peuvent être de vrais empêchements à la rencontre avec Dieu. Dieu peut et sait les dépasser. La vraie question est plutôt de ne pas nous réfugier derrière des obstacles qui nous serviraient de prétexte pour ne pas nous convertir. Le désir de Jésus de rencontrer Zachée est plus grand que celui de Zachée de rencontrer Jésus et quand le désir est vrai, Dieu contourne et dépasse les obstacles.


Maintenant que les désirs des deux personnes sont mûrs pour la rencontre, il n’y a aucun intérêt à faire attendre l’un et l’autre. L’Évangile est marqué par un certain empressement : « ‘Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi.’ Vite il descendit et reçut Jésus avec joie. » Dans notre relation avec Dieu, il faut tenir deux choses ; la première, c’est que Dieu est maître du temps et qu’il n’est jamais trop tard. Dieu a cette capacité de dilater le temps, en quelque sorte de l’étirer, pour nous permettre de Le rencontrer ; et la deuxième, c’est qu’une fois que l’homme est ouvert et disponible, que le fruit est mûr, pourrait-on dire, il n’y a aucune raison d’attendre et de remettre à plus tard. Il faut faire. Nous le voyons avez Zachée : « Descends vite, aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi » ; nous le voyons dans l’épisode de la Visitation où une fois que Marie a répondu « oui » à l’Archange Gabriel, elle part avec empressement visiter sa cousine. Il n’y a jamais d’urgence avec Dieu, mais il ne faut pas remettre à demain ce qui est mûr. L’aujourd’hui de Dieu est éternel, Dieu étant en dehors du temps. On peut dire qu’en Dieu tout est toujours aujourd’hui. Mais pour nous, l’aujourd’hui devient le moment à saisir dans notre temps. L’aujourd’hui pour nous est l’ouverture de l’éternité divine dans notre temporalité humaine. Du point de vue de Dieu, il peut s’étendre à jamais; du nôtre, il est à saisir dans l’instant. Frères et sœurs, nous pouvons nous demander comment et où saisir cet aujourd’hui de Dieu qui entre en contact avec nous. Le lieu par excellence de l’aujourd’hui de Dieu est dans la prière et dans la liturgie. La prière et la liturgie sont les deux lieux où se rencontrent l’éternité divine et la temporalité humaine ; dit autrement, ce sont les deux lieux où notre temporalité s’ouvre à l’éternité divine à travers une porte qui est l’aujourd’hui. En priant, en entrant dans la liturgie, on sort de notre monde, on met un pied dans l’éternité, on entre en contact avec Dieu. Cette rencontre est reposante, apaisante : il ne faut pas chercher à la maîtriser, mais il faut accepter de se dé-saisir. En soignant notre prière, en vivant la liturgie de l’Église de manière plus profonde, nous entrons dans l’aujourd’hui de Dieu, nous L’accueillons, nous Le rencontrons, Il vient demeurer chez nous et nous transformer par sa présence.


La rencontre entre Jésus et Zachée, outre le fait d’être le point de rencontre entre l’éternité divine et notre temporalité, est aussi le prototype de deux sacrements que nous connaissons dans lesquels Jésus vient demeurer chez nous ; je pense ici particulièrement aux sacrements de la confession et de la communion à travers lesquels nous entrons dans l’éternité divine. Si nous lisons la rencontre de Jésus et de Zachée comme une image du sacrement de la confession, nous sommes saisis par le fait que la seule présence de Jésus chez Zachée, sans un mot, sans une parole, met Zachée en vérité par rapport à sa vie et obtient sa conversion. La seule présence de Celui qui est la Vérité convertit la vie du pécheur et l’amène à réparer ses péchés. Si nous lisons la rencontre de Jésus et de Zachée comme une image du sacrement de la Communion, nous sommes saisis par le désir que Jésus a de demeurer chez Zachée, pas seulement de le visiter. Le désir profond de Dieu est de vivre pleinement en sa créature, comme le désir profond l’homme est de vivre pleinement avec Dieu et en Dieu. Le sacrement de la Communion est une anticipation pour nous dans le temps de ce que nous vivrons dans l’éternité. Que nous pensions à l’un de ces deux sacrements ou aux deux, l’important réside dans la conscience de l’accueil de Jésus en personne, accueil qui transforme naturellement notre vie en la convertissant.


Que cette rencontre entre Jésus et Zachée nous aide à renouveler notre accueil de Jésus dans les sacrements de la confession et de la communion et qu’elle nous ouvre à l’éternité de Dieu que nous pouvons déjà goûter dans notre vie actuelle. Amen !

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