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Homélie du 2ème Dimanche du Temps ordinaire


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2ème Dimanche du Temps ordinaire

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »


Frères et sœurs,


En ce tout début du Temps ordinaire, la liturgie de ce dimanche nous refait partir du Baptême de Jésus par Jean-Baptiste. Lors de la fête de Noël, nous avons accueilli le Messie, Dieu qui prend la nature humaine, pour que « l’homme puisse devenir Dieu » comme dit St Irénée, ou tout du moins pour que l’homme puisse entrer en communion avec Dieu et vivre de la vie divine. Les effets de cette réconciliation entre l’homme et Dieu se transmettent à nous par le sacrement du baptême qui nous fait entrer dans la filiation divine offerte à Noël.

Le récit du baptême de Jésus par Jean-Baptiste que nous venons d’entendre nous présente deux rites distincts : celui de Jean, que lui-même qualifie de « baptême d’eau » et celui de Jésus, que Jean qualifie de baptême dans « l’Esprit-Saint ».

Le baptême administré par Jean est un rite qui signifie et appelle à la conversion. Le baptême de Jésus, lui, mettra en œuvre cette conversion comme un dynamisme fondamental qui marque tout baptisé. Ainsi dans l’épisode du baptême de Jésus, l’immersion dans l’eau symbolise la mort, quand la Parole du Père qui dit « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » symbolise la Résurrection.

Nous retrouvons l’anticipation du don de la vie nouvelle à travers l’expression que choisit Jean-Baptiste pour parler de Jésus : « l’Agneau de Dieu ». Cette expression renvoie au chant du Serviteur dans Isaïe (Is 53) qui compare le Serviteur souffrant à un Agneau que l’on traîne à l’abattoir. Or l’Agneau est le repas pascal par excellence, celui que l’on offrait et mangeait pour commémorer la libération d’Égypte. Appeler Jésus l’Agneau de Dieu, c’est déjà annoncer son holocauste et son sacrifice, et c’est déjà révéler que c’est en Lui que nous sera offerte la vraie libération. De plus le terme hébreu talja que l’on a traduit par Agneau signifie également enfant, serviteur. Jean-Baptiste nous dit ainsi que le Fils, devenu serviteur, sera l’Agneau de Dieu, celui dont le sang ne fera plus que protéger les Hébreux de la mort, mais leur offrira la libération définitive de la mort. À la lumière de ce que je viens de dire sur le baptême de Jésus, je vous propose de regarder plus en détail les dons que nous recevons à travers le sacrement du baptême.


La théologie de l’Église retient 4 dons du baptême. Deux sont exprimés explicitement dans le texte d’Évangile du jour.

« J’ai vu l’Esprit descendre du Ciel comme une colombe ». Cette parole toute simple nous dit que le baptême ouvre le Ciel ; non seulement pour en faire descendre les dons de Dieu, mais aussi pour nous y faire entrer. En ouvrant le Ciel, le baptême donne la vie divine. L’entrée au Ciel, quant à elle, pose la question de l’accès au salut par le sacrement du Baptême, qui est une question à laquelle l’Église catholique s’est confrontée à plusieurs reprises. En premier lieu à travers la controverse avec les Protestants au XVIème siècle. Luther redisait l’importance de la grâce de Dieu dans le baptême pour être sauvé, mettant au second plan la pratique des bonnes œuvres qui pouvait passer pour le fait d’acheter son salut. L’Église catholique a répondu en réaffirmant que le salut est tout d’abord un don que Dieu nous fait auquel l’homme est appelé à participer par la pratique des bonnes œuvres et de la charité. Plus tardivement, la question s’est trouvée posée de l’accès au salut des personnes non baptisées : peuvent-elles être sauvées ? Avec le Concile Vatican II, l’Église répond que toutes les personnes sont appelées au salut et, si elles n’ont pas eu la chance de connaître le Christ, cet accès au salut se jouera selon l’amour, la recherche et la pratique du bien et de la charité dans leur vie. Mais cette ligne ne peut mettre de côté les dons spécifiques au baptême qui, s’il n’a pas été donné, n’ont pas été reçus.

« J’ai vu l’Esprit descendre du Ciel comme une colombe et demeurer sur Lui. » Le baptême nous fait devenir fils et fille de Dieu ; il nous donne la filiation divine.

Le troisième effet est conséquent à celui de la filiation divine : le baptême fait entrer dans l’Église, en tant que famille, ce qui est matérialisé dans la célébration des baptêmes par l’entrée dans l’église en tant que bâtiment. Si nous devenons tous par le baptême des fils et des filles de Dieu, c’est bien que nous faisons partie de la même famille, recevant de Dieu la même filiation.

Le dernier effet du baptême, signifié par le rite d’eau que l’Église a conservé du baptême administré par Jean-Baptiste, est que nous sommes lavés du péché originel. La désobéissance originelle d’Adam et Ève qui a introduit la perte de l’état de grâce pour l’homme et la perte de la pleine communion avec Dieu en dévoyant la liberté de l’homme est restaurée par le baptême dans la mort et la Résurrection de Jésus. Nous traduisons cette restauration par le port d’un vêtement blanc qui signifie l’être immaculé de celui qui a été renové par le baptême.


Enfin, il reste à évoquer la question de la mission des baptisés, particulièrement esquissée dans la Première lecture dans les paroles que Dieu adresse au Prophète Isaïe : « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » Pour réfléchir à la question de la mission des baptisés, je voudrais partir d’un geste spécifique qui nous vient directement du Judaïsme, que nous avons conservé dans liturgie catholique, et même dans l’histoire de France et d’ailleurs : je parle de l’onction. Attention, normalement dans la liturgie du baptême, il y a 2 onctions : une avec l’huile des catéchumènes qui vise à fortifier celui qui va recevoir la grâce baptismale (dans l’ancien rite cette onction a lieu sur la poitrine et dans le dos entre les épaules ; dans le nouveau rite seulement sur la poitrine). Pour éviter une confusion entre cette onction et l’autre dont je vais parler qui est celle avec le Saint-Chrême, l’Église a proposé un autre geste qui est celui de l’imposition des mains. L’onction avec l’huile des catéchumènes est conservée telle quelle dans la préparation au baptême des catéchumènes. Et il y a une autre onction qui est celle avec le Saint-Chrême qui elle reprend à elle seule 3 onctions de l’Ancien Testament et qui donne la mission du baptisé. Lorsque cette onction est réalisée, le ministre dit : « N, tu es maintenant baptisé. Le Dieu tout-puissant, Père de Notre Seigneur Jésus-Christ t’a libéré de tout péché et t’a fait renaître de l’eau et de l’Esprit-Saint. Désormais tu fais partie de son peuple, tu es membre du Corps du Christ et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi. » Cette unique onction avec le Saint-Chrême reprend l’onction sacerdotale, celle qu’a reçue Aaron (Lv 8, 11), l’onction prophétique, celle qu’a reçue Élisée (1 R 19,16) et l’onction royale, celle reçue par Saül 1 R 10, 1 ou par David (1 R 16, 13). On comprend dès lors la triple mission des baptisés : sacerdotale, prophétique et royale. Prêtre au sens où le baptisé est appelé à offrir sa vie pour les autres, prophète au sens où le baptisé est appelé à annoncer Jésus, Roi au sens où il est appelé à participer à l’édification de la royauté du Christ ici-bas sur terre.


Frères et sœurs, voici de manière rapide le « contenu » du sacrement du baptême que Jésus a institué en se faisant lui-même baptiser par Jean. Profitons de la reprise du temps liturgique ordinaire pour approfondir les dons reçus lors de notre baptême et la mission que Jésus a confié à chacun de nous en recevant le baptême. Portons également dans notre prière tous ceux qui se préparent au baptême, enfants, catéchumènes, ainsi que tous ceux qui acceptent la mission de parrain ou de marraine afin qu’ils puissent aider leur filleul à grandir dans la foi. Amen !


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