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Homélie du 29ème Dimanche du Temps ordinaire


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29ème Dimanche du Temps ordinaire

« Cependant, le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »


Frères et sœurs,


La finalité de l’Évangile nous est donnée par St Luc au début du passage : « En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole, sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager. » Le message de Jésus est limpide : même si les intentions des hommes ne sont pas droites, Dieu se sert de tout et passe par tout pour exaucer nos prières. Je vais revenir sur la prière plus loin, mais je voudrais commencer cette méditation en réfléchissant avec vous sur ce qu’est la Providence divine, tant ce passage d’Évangile nous en montre une belle illustration. Vous connaissez tous cette citation de Paul Claudel qui vient d’un proverbe portugais : « Dieu écrit droit avec les lignes courbes. » C’est là précisément que se manifeste la toute-puissance de Dieu : non pas qu’Il écrive droit avec des lignes droites, mais qu’Il écrive droit avec des lignes courbes. Les lignes courbes, c’est nous, avec nos limites, nos imperfections, notre péché, notre histoire. C’est-à-dire que Dieu n’attend pas la perfection pour agir, mais Il agit au travers de notre péché, en le prenant en compte et Il compose avec. Le plan de Dieu est toujours supérieur à la multitude, à l’infinité des libertés de ses créatures. Il est toujours au-dessus de la mêlée, pourrait-on dire. C’est ainsi que l’on peut comprendre la Providence de Dieu et sa Toute-Puissance.


De plus, Dieu n’agit que très rarement de manière directe, immédiate (c’est-à-dire sans médiations), mais au contraire Il agit le plus communément possible en passant par les médiations des uns et des autres, fussent-elles déficientes ou marquées par le péché. Bien sûr, moins les médiateurs que nous sommes seront marqués par le péché, plus nous serons purs, plus notre médiation sera efficace et puissante. Elle le sera parfaitement au Ciel, lorsque nous serons en communion parfaite avec Jésus : c’est ce que nous appelons le mystère de la Communion des saints. Nous avons donc un bel exemple de la Providence et de la Toute-Puissance divine dans l’Évangile où la prière juste de cette veuve, peut-être casse-pied, va finalement être exaucée malgré la malhonnêteté du juge. Dieu est au-dessus de notre péché et de nos limites.


Mais cela pose la question de la « justice » de Dieu. Jésus dit bien dans l’Évangile : « Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers Lui jour et nuit ? » or, nous faisons dans notre vie l’expérience que nos prières ne sont pas toujours exaucées, ou tout du moins qu’elles tardent à être exaucées. Nous savons que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, que ses chemins ne sont pas nos chemins, mais comment vivre ces situations qui nous interrogent ? Tout d’abord, il faut nous redire que Dieu n'est pas à notre service, telle une machine qui exécuterait nos moindres demandes. Si nous envisagions la prière comme cela, notre relation ne serait pas juste. L’Évangile du Jour semble indiquer 3 moyens pour nous aider à vivre ce mystère de la réponse de Dieu à nos prières.

Le premier consiste en un regard surnaturel qu’il nous faut adopter. Trop souvent, nous envisageons et attendons la réponse de Dieu au même niveau que nous qui demandons. Mais nous oublions que Dieu est au-dessus de nous, que ses pensées ne sont pas les nôtres et qu’Il est souverainement libre de nous répondre comme Il le veut, sous la forme qu’Il veut, en passant par les personnes, les moyens qu’Il veut. Ne lisons pas et n’attendons pas sa réponse sur le même niveau que nous. N’enfermons pas la réponse de Dieu dans nos manières de voir.

Le deuxième moyen consiste en l’adoption d’une attitude de foi. Nous savons dans la foi que Dieu entend nos prières et qu’Il y répond. L’Évangile du jour nous le redit. Mais vivons cette attente dans la foi. Nous pouvons prendre exemple sur Marie, la Sainte Vierge, qui vit moment par moment la Passion de Jésus avec tous les évènements qui s’enchainent et qui garde une attitude de foi, certaine de la réponse et de la victoire de Dieu à venir. Marie nous aidera à vivre toutes ces situations où nous pouvons être déroutés par l’apparente absence de réponse de Dieu ou par le temps mis à nous répondre.

Enfin, le troisième moyen réside dans la vertu de persévérance que Jésus nous invite à cultiver. Persévérer dans la prière, même en dépit de réponses tardant à arriver est ce qui fait exercer notre foi et touche le cœur de Dieu. C’est aussi comme cela que Dieu nous fait grandir dans la foi et qu’Il nous solidifie.


La première et la deuxième lectures nous donnent également d’autres éléments pour que notre prière soit plus efficace et plus forte. Il faut tout d’abord reconnaître une place fondamentale dans la prière à l’Écriture Sainte. St Paul redit à son jeune disciple Timothée que l’Écriture est entièrement inspirée par Dieu et par conséquent que Dieu nous parle à travers elle. Puis St Paul ajoute que l’Écriture nous permet de nous construire, telle une colonne vertébrale autour de laquelle va s’édifier toute notre vie chrétienne : elle donne la sagesse, permet d’enseigner, de dénoncer le mal, de redresser, d’éduquer dans la justice, elle permet de faire le Bien. Il est toujours bon dans notre prière personnelle de prendre un temps pour méditer l’Écriture, par exemple l’Évangile du jour ou du dimanche qui vient.


La première lecture pour sa part rapporte la victoire des Israélites contre les Amalécites quand les mains de Moïse sont levées vers le Ciel ; mais pour tenir dans le temps, Moïse aura besoin d’aide pour maintenir ses mains levées : c’est ce que feront Aaron et Hour. Cet épisode nous apprend que notre prière est plus forte lorsque nous sommes plusieurs et elle nous apprend que nous avons besoin des autres pour prier. Jésus redira sensiblement la même chose lorsqu’il dira : « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. » D’où l’importance de prier à plusieurs, de nous appuyer sur la prière des autres et au plus haut point sur la prière de l’Église.


Cette prière à plusieurs sera encore plus forte si les personnes qui se retrouvent pour prier sont unies entre elles par une véritable estime et un véritable Amour. La charité est ce qui transforme la prière. Même dans la liturgie où nous avons différents acteurs : le prêtre, le diacre, les servants, les musiciens, l’animateur, les lecteurs etc…Toutes ces personnes peuvent être très compétentes ; s’il n’y a pas entre elles une vraie estime et un véritable amour, ce qui en ressortira pourra peut-être être de qualité du point de vue des compétences, cela n’aura jamais la même force et la même puissance que des personnes qui sont unies par un véritable amour chrétien, avec peut-être des compétences moindres.

Enfin, la beauté de la prière à plusieurs, unie par la charité des membres qui y participent, ne peut mettre de côté la prière d’une personne seule, isolée, qui ne peut pas bouger et qui n’a pas de visite, ou qui est clouée sur son lit d’hôpital. Cette prière a toute sa beauté, toute sa force, marquée par l’empêchement de pouvoir être avec d’autres. L’intention et le désir de la Communion spirituelle, la souffrance de l’isolement qui porte cette prière ont la même valeur que la charité qui unie les personnes qui prient ensemble.


Frères et sœurs, rendons grâce à Dieu qui par sa Providence répond à notre prière ; laissons la charité transformer notre prière pour qu’elle soit toujours plus forte et plus puissante selon le cœur de Dieu. Amen !


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