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Homélie du 27ème Dimanche du temps ordinaire


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27ème Dimanche du temps ordinaire


« Augmente en nous la foi ! »


Frères et sœurs,

« Augmente en nous la foi ! » c’est le cri du cœur des Apôtres qui se rendent compte, au contact de Jésus, de la petitesse et de la faiblesse de leur foi. Mais reconnaissons-le aussi ; c’est parfois aussi notre propre cri, notre propre prière devant la faiblesse de notre foi. La première lecture évoque ce cri du cœur de l’homme devant le spectacle du monde : « Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? Devant moi pillage et violence ; dispute et discorde se déchainent. » Nous pouvons reprendre plus de 2600 ans après les mêmes mots, la même interrogation. Je l’ai entendue il n’y a pas si longtemps sur la Paroisse au moment du déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. On m’a même dit : « Si Dieu existait, cela ne se passerait pas… » Comme si c’était Dieu qui déclarait la guerre et prenait les armes… Mais la première lecture nous donne à entendre un autre cri, une autre interrogation : « Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler sans que tu entendes ? » Oui, l’apparent silence de Dieu qui laisse faire, qui semble ne pas répondre. Tous ces évènements, ces questions, nous font sentir la fragilité et la faiblesse de notre foi, un peu comme les Apôtres dans la barque avec Jésus endormi qui ont peur de mourir alors que la tempête se lève et que Jésus dort. Pourtant Jésus est là et Il apaisera les flots et le vent en reprochant à ses Apôtres leur manque de foi.


En fait, Frères et sœurs, ces interrogations sont normales et même saines ; elles sont le signe que notre foi est vivante et qu’elle a besoin d’être nourrie et fortifiée. On ne parle pas beaucoup des crises de foi, mais pourtant elles existent et sont normales dans une vie de foi. Malheureusement, elles sont souvent mal comprises, mal diagnostiquées et mal traitées. Par exemple, une des premières manifestations des crises de foi, se situe souvent autour de l’adolescence ou de la pré-adolescence. Elle se manifeste par un doute sur ce qui a été transmis ou enseigné auparavant et par un désintérêt, voire quand elle est en place, par un abandon de la pratique religieuse. Bien sûr, l’Église peut se remettre en cause sur tel ou tel point, mais fondamentalement ce mouvement de crise de foi n’est pas inquiétant…sauf s’il est mal compris, mal lu et mal accompagné, mais là, ce sont plutôt les parents qui sont en cause.


Mais les crises de foi surgissent à d’autres moments de la vie. Par exemple quand la maladie frappe et vient perturber toutes les relations (relation à Dieu, relations aux autres, relation à soi-même). Quand une épreuve frappe la vie d’une personne : la perte d’un emploi, la trahison d’un ami, de son mari ou de sa femme, quand il y a des changements dans l’Église ou dans les paroisses qui modifient les habitudes ou les équilibres, que l’on croyait solides mais qui en fait se révèlent parfois plus précaires qu’on ne le croit. Aucune crise de foi n’est mauvaise en elle-même ; elles sont toutes des crises de croissance et des appels à grandir dans la foi. Tous les saints, tous ceux qui prennent au sérieux leur vie chrétienne, passeront par des crises de la foi ou par des nuits de la foi. Jésus aussi l’a vécu : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »


La réponse de Jésus à la demande de ses Apôtres est surprenante. Pour grandir dans la foi, Il les appelle à se mettre au service : « De même vous-aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : « Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir. » Le service auquel Jésus nous appelle est un service humble, qui s’acquitte de ce qui doit être accompli sans chercher la moindre considération, la moindre reconnaissance. La joie et la satisfaction de ce service est d’avoir fait ce qui devait être fait. C’est pour nous l’occasion de réfléchir sur le service que nous rendons à Dieu et à nos frères. En premier lieu, la première mission des chrétiens est d’être avec Dieu ; or c’est par la prière que nous sommes avec Dieu, que nous nous ouvrons à sa présence. Quelle fidélité gratuite à Dieu avons-nous par notre prière ? Et puis, il y a le travail à la Vigne, à la mission. Nous devrions être fondamentalement heureux de travailler à la Vigne du Seigneur, que cela soit par exemple en faisant du catéchisme, en recevant des familles en deuil, en accueillant des gens lors des permanences paroissiales…enfin, bref, en participant à tout ce qui fait la vie d’une paroisse. Nous devrions être heureux ; plus qu’un service que nous rendons qui nous coûte en terme de temps, parfois de soucis, d’efforts, ou encore de contrariétés, c’est avant tout un honneur qui nous est fait de pouvoir, à notre mesure, participer à ce travail de la Vigne…et nous devrions également être pleinement heureux de pouvoir donner à un autre la chance de pouvoir y participer en lui laissant ma propre place. Trop souvent, voyez-vous, nous tous qui sommes dans des services d’Église, nous voyons nos services comme des charges, mais pas comme des lieux d’action de grâce ou comme des lieux où Dieu nous permet de travailler à notre salut et à celui de nos frères et sœurs.


La réponse que Jésus fait à ses Apôtres est aussi un appel à imiter ce que Jésus a fait et vécu lui-même, à mettre nos pas dans ceux de Jésus lui-même. Effectivement, si nous sommes au service d’un maître, notre maître ne se mettra pas à nous servir, sauf si nous sommes sous la République ou l’empire romain et que nous fêtons les Saturnales. (Ces fêtes avaient lieu la semaine qui précédait le solstice d’hiver, c’est-à-dire du 17 au 23 décembre, où l’on commémorait l’entrée du soleil dans le Capricorne, considéré comme le lieu d’habitation du dieu Saturne. Au cours de ces fêtes, on inversait les rôles : les maîtres s’habillaient et devenaient des esclaves et les esclaves devenaient des maîtres ; en l’occurrence les maîtres se mettaient à servir leurs esclaves) Bref, mais Jésus inverse le sens des choses et nous montre que Lui, le Maître et Seigneur, se met à notre service. C’est ce qu’Il nous donnera comme exemple à travers le lavement des pieds. Pour grandir dans la foi, il faut donc nous mettre au service les uns des autres, à la suite de Jésus qui nous montre l’exemple.


Voilà l’enseignement de Jésus. Mais pourquoi nous invite-t-Il, pour grandir dans la foi, à nous mettre au service les uns des autres ? Quel est le lien entre le service et la croissance dans la foi ? Pour comprendre ce lien, il faut s’arrêter sur une autre Parole de Jésus dans l’Évangile : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’ et il vous aurait obéi. » Cette parole nous indique la force de la foi qui rend possible ce qui humainement, ne l’est pas. Nous connaissons tous cette expression : « Avoir la foi à déplacer les montagnes » Mais cette parole dit plus. Par l’arbre, elle symbolise ou prophétise la croix ; par la mer, les forces de mort. Dire que la foi conduit à planter un arbre dans la mer, c’est révéler que la foi conduit à mettre la croix dans nos lieux de morts, c’est-à-dire à faire jaillir la vie de nos lieux de morts. C’est non seulement une annonce prophétique de la puissance de la croix et du mystère pascal de Jésus, mais c’est aussi révéler le lien qui existe entre la foi et le mystère pascal de Jésus. La foi, sa force, son dynamisme de croissance, naît de la puissance de la Résurrection qui jaillit de la croix. La foi est issue du mystère pascal en même temps qu’elle conduit à vivre de la puissance de la croix dans notre vie.


Or la croix est le lieu du don radical, jusqu’au bout, par amour. La foi grandit par la croix, par le don aux autres, et en revenant à la réponse de Jésus dans l’Évangile, par le service. Voilà le lien qui unit la croissance dans la foi au service mis en avant par Jésus.


Dans toutes les nuits de la foi que nous vivons, toutes les épreuves, il est important d’engager sa foi ; c’est elle qui transformera nos nuits pour laisser Dieu les éclairer. Mais, Frères et sœurs, comme le rappelle St Paul à Timothée dans la deuxième lecture, il faut prendre soin de sa foi, il faut la garder, l’entretenir, la nourrir, la purifier. Par la prière, par les sacrements qui permettent à Dieu de la consolider, notamment par la Communion et la Confession et par l’enseignement. Une foi qui n’est pas structurée par l’enseignement de l’Église est une foi perméable à tous les virus et toutes les maladies spirituelles du monde qui circulent. Prenons soin de notre foi, grandissons dans le service gratuit et désintéressé, et le Seigneur fera augmenter en nous la foi. Amen !

 
 
 

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