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Actualités de la paroisse: Blog2

Homélie du 23 ème Dimanche après la Pentecôte


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23ème Dimanche après la Pentecôte


Frères et sœurs,

Devant la perplexité et parfois le désarroi d’un grand nombre de fidèles par rapport à l’actualité de l’Église de France, et devant le nombre important de commentaires, et aussi de stupidités que l’on entend, je souhaite aujourd’hui réfléchir avec vous sur le mystère de l’Église ainsi que sur notre mission, et je souhaite poser devant vous une parole, moi qui suis votre curé, à l’heure où la parole des pasteurs peut faire défaut et peut contribuer à un certain malaise chez les fidèles. Nous voyons aujourd’hui au grand jour que l’Église est malade, et tous les jours, toutes les semaines qui passent, ne cessent de nous révéler l’ampleur de la maladie. Et l’on peut se demander légitimement jusqu’où cela ira, et s’il y aura une fin. Il y a un an le rapport Sauvé, qui peut être discuté sur les chiffres, mettait au grand jour l’ampleur des abus perpétrés par des responsables de l’Église. Depuis, on va de révélations en révélations, en partant du prêtre devenu évêque qui instrumentalisait le sacrement de la confession, pour aller au Cardinal Ricard, en passant par ceux qui sont la tête de l’Église, eux-aussi mis en cause. Bref, ça commence à faire beaucoup ! Outre la souffrance des victimes, le caractère honteux de ces actes devient de manière plus générale scandaleux au sens évangélique du terme, c’est-à-dire que ces actes, perpétrés par des responsables de l’Église, abîment et détruisent la foi des petits, de ceux qui leur sont confiés, c’est-àdire des chrétiens de base, qui peuvent légitimement se demander s’ils peuvent encore faire confiance à l’Église. C’est leur salut qui est mis en cause par la faute des responsables. Assurément, ces révélations mettent au grand jour que l’Église est malade et qu’elle est infestée de l’intérieur. Peut-on pour autant parler d’un problème systémique ? comme on l’entend ou on le lit ici ou là, dans la bouche des associations de victimes, ou comme les évêques le disent, un peu trop facilement à mon sens ? Pour ma part, tout dépend de ce que l’on met derrière ce terme. Dire que le problème est systémique est facile parce que cela enlève la question de la responsabilité personnelle des évêques qui pourtant est engagée. Et cela ne me semble pas juste. Il y a des évêques qui doivent et devront rendre des comptes. Dire que c’est un problème systémique au sens où cela relève d’un mode de fonctionnement général à un moment donné, c’est malheureusement vrai. Dire que le problème est systémique parce qu’il est inhérent à l’Église, à sa structure, à son essence, comme le disent certaines associations de victimes, est faux. Et là, nous avons des éléments de réponse objectifs et théologiques. Je vous en présente au moins 3. Tout d’abord, l’Église, même si elle est composée d’hommes, n’est pas qu’humaine ; elle est aussi d’essence divine, voulue par Jésus, Fils de Dieu. Il ne faut pas oublier la nature divine de l’Église, tant dans son essence que dans son institution ou son gouvernement, même si l’on a parfois plus de mal à le voir. Si l’Église n’était qu’humaine, cela ferait longtemps qu’elle aurait disparu ! Ce n’est pas la première crise qu’elle vit. Je pense aux persécutions des premiers siècles, aux différentes hérésies qui l’ont frappée. Pensez donc, l’hérésie arienne a contaminé plus des 2/3 des évêques de l’époque. Et ceux qui étaient restés fidèles à la doctrine catholique étaient exilés, donc plus en poste et plus auprès du peuple. Et le tout a été renversé en quelques dizaines d’années. Il y a encore eux les différentes crises du clergé au Xème siècles et aux siècles suivants : simonie, vente des biens d’Église, problèmes de mœurs, concubinage, adultères etc…Et à chaque fois l’Église en est sortie en se réformant. Donc, l’Église a en elle-même ce principe divin du sanctification et purification. Comme on dit, elle en a vu d’autres, et elle en verra encore. Deuxième élément de réponse, les hommes que Jésus a appelés à sa suite pour fonder son Église, n’étaient pas des hommes parfaits ; ils étaient des pécheurs. St Pierre a renié le Christ ; St Paul tuait les chrétiens. On peut trouver mieux si l’on cherche la perfection. Mais ils ont converti leur vie en accueillant la miséricorde de Dieu d’abord dans leur vie. Certes le péché des ministres de l’Église est scandaleux ; mais, comme St Pierre et St Paul, ils sont aussi des hommes pécheurs. Mais, tout en redisant que l’Église est composée de pécheurs, que je me fasse bien comprendre, je ne cherche aucunement à excuser tel ou tel acte commis par les ministres de l’Église. Parce qu’il y a une différence fondamentale entre le péché que tout homme commet, et les crimes et les délits, qui sont les actes commis par les abuseurs en question. Tout crime ou délit est un péché, mais tout péché n’est heureusement pas un crime ou un délit. Or, si les fidèles de l’Église sont en droit d’attendre de leurs pasteurs des saints, on ne voit nulle part des fidèles accuser leurs pasteurs (prêtres, évêques) d’être des hommes pécheurs ; par contre, ce qui est saint, ce qui est de l’ordre d’une juste colère, c’est qu’on voit des fidèles dénoncer les crimes et les délits commis par leurs pasteurs, ce qu’ils sont en droit de faire et même ce qui est leur devoir. Troisième élément de réponse, en dehors de ces crises, l’Église a aussi produit de grands saints, de belles et saintes œuvres. On ne peut réduire son histoire au mal indiscutable que tout le monde peut voir. L’Église a fait l’Europe, St Vincent de Paul, les écoles et les hôpitaux, les orphelinats. De plus, un grand nombre de personnes ont été édifiées, au sens étymologique du terme, par de saints prêtres, religieux et religieuses qui les ont aidés à se construire, à traverser des épreuves, à vivre les grands moments de l’existence humaine. On ne peut donc pas dire que le problème est systémique. Ce n’est pas juste. Il reste cependant vrai que l’Église aujourd’hui est malade et infestée de l’intérieur. Ce à quoi nous assistons en ce moment n’est pas beau. Il s’agit ni plus ni moins d’un cancer que l’on découvre. Que les affaires qui sortent soient moches, certes, mais il ne pourra y avoir de guérison sans passer par cela. Sans nous autojustifier, il faut aussi reconnaître que l’Église est la seule institution qui aujourd’hui entreprend ce travail de mise à jour. Mais la mise à jour de ces faits est la première étape. Il va falloir après traiter la maladie, identifier les causes qui ont conduit à cela et soigner. Le travail de vérité et de guérison ne peut se limiter qu’à une mise à jour des affaires. Or il semble que sur la question des causes, il faille encore avancer en profondeur. Tout le monde donne son avis ; il y a des analyses très intéressantes et pertinentes qui sortent ; il y a aussi des imbécilités. Mais il ne faudra pas mettre de côté la question du monde et de ses modes de fonctionnement qui sont entrés dans l’Église. Et on ne sent pas une grande remise en question de ce côté-là. Je ne justifie pas ce type de comportement dans le monde : ils sont tout aussi scandaleux, mais ils le sont encore plus au sein de l’Église. La question est donc : comment ce type de comportement est-il entré dans l’Église ? On nous répondra : parce que les hommes dans l’Église viennent du monde, vivent dans le monde. Oui, mais l’Église a des règles, des règles morales, issues de la Loi naturelle mise par Dieu dans le cœur de l’homme, issues de l’Évangile. Le problème est que depuis des années dans l’Église, sous prétexte de tout comprendre, de tout accepter, les limites définissant le bien et le mal se sont estompées pour disparaître. On a confondu les actes et les personnes, et sous prétexte de ne pas juger les personnes, on en est venu à ne plus juger les actes. Tout doit être accepté. Ajoutons à cela que, dans un contexte de déchristianisation, l’Église croit séduire le monde et plaire aux gens, en se mettant au diapason du monde et à la remorque de ses évolutions. Alors elle suit le monde ; et lorsqu’apparaît un écart entre le monde et l’enseignement qu’elle doit dispenser, elle fait savoir à mi-voix, pour des gens qui ne l’écoutent plus du tout, qu’on peut envisager les choses différemment. Ça c’est pour le Magistère. Parce que c’est la même chose, si ce n’est pire, du côté des fidèles. Même sur la Paroisse. On voit bien que pour certains, il ne faut pas exprimer les divergences notamment sur les questions sociétales : le mariage pour tous, le droit ou la prolongation de l’avortement, l’euthanasie. Mais Frères et sœurs, comme je l’évoquais au début, régulièrement, l’Église doit se purifier de ce qui est du monde qui est entré en elle, pour retrouver la pureté évangélique dont elle est sensée vivre et dont elle doit témoigner. C’est une crise comme une autre ; mais il va falloir aller au bout si on veut en sortir, et aller jusqu’au bout des questions. Alors, que pouvons-nous faire ? « Cela vous amènera à rendre témoignage » dit Jésus à ses disciples. Oui, rendons témoignage, de notre foi, de notre attachement à Jésus et à son Église. Rendons témoignage par notre vie : demeurons fidèles aux principes de l’Évangile, faisons et cherchons le bien en toute chose et en toute circonstances ; refusons les compromissions avec l’esprit du monde. Rechoisissons de bâtir notre vie sur les principes de l’Évangile : oui au respect de la nature et de la planète, comme le dit notre monde, mais oui aussi au respect de la vie de la conception naturelle à la mort naturelle. Est-il juste de tuer une vie humaine par ce qu’elle n’a pas été désirée ? Est-il juste de mettre fin à une vie parce qu’elle souffre, alors qu’il y a d’autres moyens de gérer la souffrance, mais qui ne sont pas suffisamment mis en œuvre aujourd’hui ? « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie » dit encore Jésus. Nous sommes appelés à ne pas fuir, à ne pas déserter ou à tourner le dos à l’Église, mais à demeurer fidèles : c’est là que se joue notre sainteté. Dans toutes les crises qu’elle a vécues, l’Église s’en est toujours sortie, non pas en créant de nouvelles commissions, de nouvelles structures, mais par des figures de sainteté que Dieu a fait surgir, et qui ont redonné le goût de Dieu aux chrétiens dans ces périodes de décadence. C’est cet appel qui est adressé aujourd’hui à chacun de nous. On peut passer son temps à se lamenter, à critiquer, mais un jour Dieu nous demandera : « Et toi, qu’as-tu fait pour améliorer les choses ? » Amen

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