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Homélie du 15ème Dimanche du Temps ordinaire


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15ème Dimanche du Temps ordinaire


« Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »



Frères et sœurs,


Elle est étonnante cette question : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » La vie éternelle est vue comme un bien à acquérir, à acheter. Celui qui pose la question la voit comme un bien à obtenir, il s’agit pour lui « d’avoir ». Or, la vie éternelle repose sur une toute autre logique. Elle n’est pas l’objet d’un bien à acquérir, ou à acheter, elle est l’objet d’un don à accueillir. Pour obtenir la vie éternelle, il ne faut pas chercher à posséder, mais au contraire, il faut se déposséder de soi, de ses biens ; il faut se donner. La vie éternelle s’accueille non pas en accumulant, mais en se donnant.

C’est ce que répond Jésus au docteur de la Loi à travers la question de l’Amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »


Cette réponse de Jésus nous redit une première chose, c’est que la vie éternelle est tout d’abord une question d’amour. Il s’agit d’aimer. Et pour aimer, il s’agit de donner, de se donner, avant de recevoir.

Ensuite, cette réponse de Jésus, nous redit qu’il faut aimer Dieu en premier, parce qu’il est la source de tout Amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force. » Il s’agit d’aimer Dieu avec toutes ses facultés et pas seulement avec son affectivité. ‘De tout son cœur’, cela veut dire avec ses sentiments, son affectivité ; ‘de toute son âme’, cela veut dire de manière spirituelle. Cela concerne principalement la prière. La prière est le lieu de l’amour de Dieu, lieu où on se laisse aimer, lieu où on l’aime, lieu à l’épreuve de notre fidélité. ‘De toute son intelligence’, cela veut dire avec son esprit et ses facultés mentales. Nous sollicitons régulièrement notre intelligence pour toutes les choses de notre vie : pour organiser une journée, préparer une rencontre, lire un livre. Est-ce que nous l’utilisons dans notre relation à Dieu pour Le comprendre, mieux comprendre son mystère, ce qu’Il nous dit, ce qu’Il nous montre ? ‘de toute sa force’, c’est-à-dire en mobilisant nos énergies physiques. Nous aimons avec nos forces physiques. Est-ce que nous les sollicitons pour aimer Dieu ?

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » est la conséquence de l’amour que nous tirons de Dieu. Cette parole de la Loi que reprend Jésus nous révèle qu’aimer l’autre s’enracine dans l’Amour de Dieu et que la mesure de l’amour du prochain est l’amour que nous nous portons à nous-mêmes. Jésus a dans l’Évangile une formule très simple qui illustre cette parole : « Ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faîtes-le vous-aussi pour eux. » Voilà la norme qui équilibre l’amour du prochain et de soi-même.


Les textes de ce dimanche nous apportent une information importante quant à la question de l’amour, notamment le Livre du Deutéronome : c’est que cette Loi est inscrite dans notre cœur. « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. » Cette parole du Deutéronome est le fondement de ce que l’on appelle dans l’Église la Loi naturelle qui est la Loi que Dieu a déposée au fond du cœur de chaque être humain qui permet naturellement de vivre selon le Bien et de manière orientée vers Dieu. La question de la Loi naturelle est très importante parce qu’elle permet l’accès au Salut de personnes qui ne connaissent pas Jésus. Le concile Vatican II dit que tous les hommes sont appelés au Salut, même ceux qui ne sont pas chrétiens, et qu’ils y sont associés de manière mystérieuse, par Dieu. Cela est possible notamment lorsque les hommes vivent en cherchant le Bien et à faire le Bien, selon les dynamismes mis au fond du cœur de l’homme. Aujourd’hui, nos législations post-chrétiennes, modernes, se construisent en opposition à la Loi Naturelle. Ce qui est grave, ce n’est pas seulement que cela est contraire au dessein du Créateur, ça oui, mais c’est aussi que cela obscurcit et complique l’accès au salut des personnes qui ne connaissent pas Jésus. On rend illisible et on conteste l’existence de la Loi naturelle. À l’heure du retour à l’écologie, on devrait revenir à ce qui fonde la nature humaine sans chercher sans arrêt à modifier par la Loi ce qu’est la nature.


Pour revenir à la question de la vie éternelle : elle se reçoit comme un don en aimant et en se donnant.


La suite de l’Évangile aborde la question du « prochain ». Qui est mon prochain ? Au-delà des cercles de proximité qui existent, la famille, les liens du sang, le voisinage, la patrie, les cercles d’affinité, la parabole du bon Samaritain déplace un peu la question. Il ne s’agit pas seulement d’être le prochain de quelqu’un, mais de se rendre, de se faire le prochain de quelqu’un. Le Samaritain s’est rendu proche de l’homme agressé.

Sur la question de l’amour du prochain, j’attire votre attention sur trois points, tant aujourd’hui on a tendance à nous dire, voire à nous désigner, qui est notre prochain. S’il est vrai que tout être humain, en raison de son humanité, est notre prochain, il y a plusieurs cercles à ne pas oublier.

Tout d’abord, la question de l’amour du prochain ne doit pas s’exercer au détriment de notre devoir d’état. Si un chrétien se doit d’aider toute personne en situation de détresse, il doit aussi honorer ceux avec qui il a des liens, à commencer par sa famille et son entourage. Il peut être parfois plus facile d’aider des personnes qui sont loin plutôt que des membres de sa famille ou de son entourage.


D’autre part, on a souvent ces dernières décennies décrié l’amour de la patrie, on a souvent réduit l’amour d’un peuple, d’une histoire, d’une culture à des réflexes de repli identitaire ou à des comportements racistes. Il est légitime et sain de pouvoir aimer son pays, sa patrie, son peuple, sa région, sans se faire dénigrer ou sans devenir l’ennemi d’autres peuples ou d’autres cultures. Et il n’est pas anormal ou malsain d’avoir des intentions de charité de compassion envers les personnes de son peuple qui ont besoin d’être aidées.


Enfin, Jésus nous invite à dépasser les liens du sang pour découvrir une autre réalité ‘familiale’ qui réside dans ceux qui font la volonté de Dieu. À une personne qui Lui disait que sa Mère et sa parenté cherchaient à Le voir, Jésus répondait : « Qui sont ma Mère, qui sont frères ? Tous ceux qui cherchent à faire la volonté de Dieu sont mes frères, ma Mère. » Il y a aussi une vraie charité à redécouvrir chez tous ceux qui partagent la même foi, qui cherchent à vivre selon Dieu. Notre adhésion à Jésus créé une famille nouvelle dont il nous faut redécouvrir et réinvestir les liens de charité.


Pour terminer, je voudrais reprendre le lien qui existe entre l’exercice de la charité et l’Église. On peut voir dans la Parabole du Bon Samaritain la présence de l’Église. L’huile et le vin mis sur l’homme agressé peut représenter la grâce des sacrements et de l’Eucharistie ; l’auberge qui prend soin du malade peut être l’image de l’Église qui soigne ses enfants. Cette parabole nous redit que l’Église est le lieu par excellence d’exercice et du déploiement de la charité. Parce qu’elle donne les sacrements qui font grandir la vie divine, parce qu’elle donne accès à Jésus, source de la Charité, parce qu’elle guérit les hommes du péché et du mal. Bien sûr, la charité ne doit pas se limiter à l’intérieur de l’Église, mais elle a sa source au sein même de l’Église.


La vie en Église, Corps du Christ, est la source de l’unité entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Soignons notre vie en Église, notre vie en paroisse pour grandir dans l’amour et dans le don de nous-mêmes pour nous disposer à accueillir la vie éternelle. Amen !


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