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Homélie du 15ème Dimanche après la Pentecôte


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15ème Dimanche après la Pentecôte


« Et accessit, et tetigit loculum »


Frères et sœurs,


L’Évangile que nous entendons ce dimanche nous montre la divinité de Jésus à l’œuvre, divinité qui redonne vie non seulement au fils mort, mais aussi à sa mère, veuve. Je vous propose de relire ce miracle de Jésus dans le prolongement de la fête de la Croix glorieuse commémorée la semaine passée.


Ce que nous dit d’abord St Luc, c’est que Jésus rend la vie aux morts, et ce, avant même sa Résurrection. Il s’agit donc de préparer ses disciples et ses contemporains à sa propre Résurrection. Dans l’Évangile, nous voyons Jésus accomplir un grand nombre de miracles ; mais il ne ressuscite que deux fois un mort : le fils de la veuve de Naïm et son ami Lazare. Comme les deux multiplications des pains préparent les disciples au don de Jésus dans l’Eucharistie, les deux résurrections des morts préparent les disciples à la Résurrection de Jésus. Nous-aussi, nous sommes appelés à un acte de foi non seulement en la Résurrection de Jésus d’entre les morts, mais aussi dans le fait que tous nos défunts sont appelés à vivre en Jésus.


Mais l’Évangile nous dit aussi que Jésus nous rejoint dans notre deuil. Nous voyons Jésus arrêter le cortège funèbre et toucher le cercueil. Dans chacun des deuils que nous vivons, Jésus nous rejoint aussi ; Il vient en quelque sorte nous toucher. Mais sommes-nous disponibles à sa venue ? La traduction française parle de cercueil ; le terme latin est loculum. Mais le mot originel grec est le mot sorosqui signifie à la fois le cercueil, l’urne funéraire, mais aussi la vieille femme décrépite. St Luc nous dit donc que Jésus touche à la fois le cercueil et la veuve et, par ce contact, rend la vie aux deux.


Frères et sœurs, si nous-mêmes sommes concernés directement par un deuil ou si nous le sommes indirectement pour quelqu’un qui nous est proche, cherchons à reconnaître la venue de Jésus qui nous rejoint dans le deuil. J’évoquais plus haut la fête de la Croix glorieuse. La croix est un condensé du mystère pascal de Jésus, de sa Passion et de sa Résurrection. Dieu seul peut faire jaillir la Vie au cœur de la mort. Au cœur même de nos épreuves, de nos deuils, de nos lieux de mort, Dieu peut faire jaillir la Vie.


L’Évangile de la Résurrection du fils de la veuve de Naïm nous montre aussi une image de l’Église. Cette femme veuve qui pleure la mort de son fils peut être une image de l’Église qui pleure le péché et la mort de ses enfants. Jésus se laisse toucher par le chagrin de cette femme : « En la voyant, Jésus fut touché de compassion envers elle. » Le cœur de Dieu n’est jamais insensible aux misères, aux souffrances, aux péchés de son peuple. Jésus aussi se laisse toucher la prière, la supplication de son Église pour la conversion de ses enfants, un peu comme Sainte Hélène a touché le cœur de Dieu pour la conversion de son Fils Constantin ou comme Sainte Monique l’a fait pour la conversion de son fils Augustin. L’Église est une Mère qui prie pour ses enfants. Et dans l’Évangile, alors que nous voyons Jésus toucher le cercueil et la vieille femme et dire cette parole : « Jeune homme, je te le dis, lève-toi. », nous retrouvons dans l’Église le même toucher de Jésus assorti d’une parole de Vie dans les sacrements. Les sacrements sont des rites institués par Jésus et confiés à l’Église par lesquels Jésus vient nous toucher pour nous transmettre la puissance de sa vie divine. Depuis que Jésus est remonté au Ciel, l’Église continue en son Nom, à faire descendre sur nous au moyen des sacrements la grâce divine qui nous rend la Vie. Si nous reprenons réellement conscience de ce qui se passe dans les sacrements, si notre cœur et notre âme sont en état de grâce, alors il se passe exactement la même réalité que celle décrite dans ce miracle évangélique.


Toute cette page d’Évangile est orientée vers la Vie. Et pourtant, il y a dans le texte, quelque chose qui bloque le plein épanouissement de la Vie. Voici le texte : « Le mort se mit sur son séant à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. » Dans le texte, nous voyons que le fils est l’objet, la propriété de sa mère. Il est vu comme une chose. On peut se demander s’il avait vraiment son existence personnelle. La mort du fils était une épreuve terrible pour la mère, on seulement parce qu’elle était veuve, mais aussi parce que ni l’un ni l’autre n’avaient accédé à une liberté personnelle. Or la vie grandit par la liberté qui s’acquière par des séparations. Pour qu’un enfant vive, il faut qu’il sorte du ventre de sa mère ; sinon, il ne vivra pas. La séparation est toujours bibliquement source et signe de vie. Dieu créée en séparant les éléments les uns des autres ; c’est au premier chapitre de la Bible. L’homme fonde son foyer en quittant son père et sa mère (chapitre 2 de la Bible). L’Église prendra pleinement sa mission, une fois que Jésus sera remonté au Ciel. La séparation est toujours source de vie. Pour vivre, il faut sans arrêt sortir de la fusion, au risque d’être dans une confusion. La vie chrétienne, la création continue que Dieu ne cesse de réaliser en nous et dans notre monde, passent par des séparations sources de liberté plus grande et de vie.


Frères et sœurs, puissent ces quelques réflexions nous aider à relire les séparations que nous avons vécues, ou que nous avons à vivre, ou que nous avons du mal à vivre. Vécues en Dieu, elles seront toujours source de vie et de liberté plus grande de part et d’autre. En outre, elles nous prépareront à la grande et définitive séparation d’avec ce monde qui sera pour nous l’entrée dans la Vie avec Dieu. Amen !

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