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Homélie du 14ème Dimanche Temps ordinaire


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14ème Dimanche Temps ordinaire


« Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. »


Frères et Sœurs,


L’occasion est peu fréquente dans l’Évangile : nous entrons avec cette page d’Évangile dans le cœur de la prière de Jésus. Nous avons quelques passages comme cela où nous entrons dans l’intimité de Jésus pourrait-on dire : la Transfiguration, la prière sacerdotale (Jn 17), l’Agonie de Jésus, et il y a ce passage d’Évangile. Je reviendrais sur le contexte de cette prière plus loin. Toujours est-il que nous entrons dans la prière de Jésus et nous voyons les sentiments qui habitent son cœur : l’humilité et l’action de grâce, la paix et le repos.

« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Jésus loue l’amour de prédilection de son Père pour les humbles, nous redisant que l’humilité est la qualité première du disciple de Dieu. Et qui d’autre que Jésus est le mieux placé pour cette remarque, Lui qui est le modèle et la source même de l’humilité ? Effectivement, en Jésus, Dieu s’est abaissé, l’Éternel entre dans le temps, le divin, illimité et parfait, s’enferme dans l’humain limité, l’infiniment grand et saint devient petit, touchable et vulnérable. L’Incarnation de Dieu et la personne de Jésus sont les signes les plus manifestes de l’humilité de Dieu, auxquels il fait ajouter évidemment la Passion et la mort sur la croix.


Au-delà de la personne de Jésus, tous ceux qui ont approché Dieu en vérité ont fait l’expérience d’une véritable humilité. Je pense à la Vierge Marie qui a accueilli en son sein le Fils de Dieu ; je pense également à Saint Jean-Baptiste dont Jésus dira de lui qu’il n’a pas existé sur terre d’homme plus grand que lui et que, pourtant, le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui. Jésus lui rend cet hommage parce que Jean-Baptiste est l’un de ceux qui a le plus approché Dieu, en la personne de Jésus, et qu’il a vraiment senti et reconnu sa petitesse devant la grandeur de Dieu. L’humilité, dont la source est en Jésus, est le signe de ceux qui sont proches de Dieu.


Il est important, Frères et sœurs, de demander à Dieu dans notre prière la grâce d’avoir un cœur humble. Car l’orgueil, bien souvent déguisé, est source de désordre. C’est l’orgueil qui est à l’origine du péché originel et du désordre par rapport à Dieu. C’est l’orgueil qui fait que l’homme recherche à occuper une place et qui pousse l’homme à sortir de sa place. Or, quand l’homme n’est pas à sa juste place, le désordre arrive. Cela est vrai dans notre monde, dans la société, le monde politique, mais aussi dans les familles et dans l’Église. Sans arrêt, il nous faut revenir à l’exemple de Jésus qui s’est humilié. Un des plus beaux fruits d’une véritable humilité, outre le fait d’être proche de Dieu, c’est que l’humilité apporte la paix et le repos quand l’orgueil apporte et attise les frustrations et les jalousies.


Justement, je souhaiterais passer à la question de la paix et, pour reprendre les termes exacts de l’Évangile, au repos de l’âme : « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous procurerai le repos. (…) Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos pour votre âme. » Il est bien que nous puissions réfléchir un peu sur la question du repos alors que s’ouvre la période des vacances d’été et que tous nos rythmes de vie vont se trouver modifiés, quand bien même tel ou tel ne partirait pas en vacances. Comment vraiment se reposer ?


Le vrai repos, Jésus le désigne dans l’Évangile : il consiste à se reposer en Dieu. Le repos, ce n’est pas rien faire : on peut se fatiguer à ne rien faire ; on peut n’a

voir rien à faire et être préoccupé et donc, ne pas être en repos. Le vrai repos n’

est pas réductible au fait de ne pas avoir d’activités. Il consiste à être avec Jésus.


L’image du joug que Jésus emploie est très intéressante. Le joug est cette pièce de bois qui attèle l’un à l’autre deux bœufs pour canaliser leur force. Le joug permet deux choses : regarder dans la même direction et marcher au rythme l’un de l’autre. De la sorte, avec cette sorte de communion, la charge est répartie sur les deux bœufs et l’effort est allégé. Il est beau de penser que Jésus nous propose son joug, c’est-à-dire qu’Il vient nous aider à regarder avec Lui dans la bonne direction (c’est-à-dire que nous n'éparpillons pas nos forces) et qu’Il vient marcher à notre rythme. Jésus nous propose de nous rejoindre en se mettant au même niveau que nous et en nous offrant ses forces. Telle est la source du vrai repos, qui n’implique pas de ne rien faire, mais qui résulte d’une communion dans laquelle nous acceptons que Dieu nous rejoigne. Alors nos forces, limitées, fatiguées, sans ressources deviennent ses forces, nous sommes ressourcés et régénérés.


Frères et sœurs, alors que pour beaucoup nos rythmes de vie vont se modifier, profitons de ce temps peut-être plus souple, moins chargé en activités, pour soigner notre communion avec Jésus, qui sera différente de celle que nous pouvons nourrir tout au long de l’année. Prenons le temps de la prière, de l’oraison, de l’Adoration si nous trouvons des lieux où le Saint-Sacrement est exposé. Si nous en avons l’opportunité, prenons quelque temps de retraite ou de récollection pour souffler, seul ou en famille, dans une communauté religieuse ou dans un monastère. Ne vivons pas ce temps de repos en laissant Dieu de côté. Le ressourcement spirituel contribue à refaire nos forces et nos énergies.


Dans cette ligne-là, je souhaiterais terminer en évoquant quelques aspects de ce que St Paul appelle la vie sous la mouvance de l’Esprit. La grâce de la communion avec Jésus qui nous partage ses forces et nous procure le repos est de nous ouvrir à Lui et son action en nous et dans nos vies. De ce fait, la prière d’action de grâce pour l’œuvre de Dieu devient la prière logique de celui qui porte son joug. La prière d’action de grâce a la particularité de nous décentrer de nous pour nous transporter vers l’acteur principal qui est Dieu et elle nous ouvre en profondeur à Dieu. La prière d’action de grâce est un véritable exercice à travailler, qui nous fera grandir dans la relation à Dieu. Notre ancien évêque, Mgr Jacques David, disait : « Je ne vous demande de ne pas vous coucher avant d’avoir trouver 3 raisons de rendre grâce à Dieu pour ce qui s’est passé dans votre journée. » Au-delà de l’aspect sympathique et paternel de cette invitation, il y avait une véritable pédagogie spirituelle derrière.


Parce que, si nous nous ouvrons davantage à Dieu et à son action en nous, alors nous nous appuierons davantage sur Lui dans notre vie et nous nous convertirons davantage. La conversion, outre le fait de changer, de modifier des choses en nous, consiste en premier à se tourner vers Dieu, comme le dit le mot dans son étymologie convertere : se tourner vers. Avant de se détourner du péché, de ses mauvaises habitudes, la conversion consiste d’abord à se tourner vers Dieu ; et c’est le fait de se tourner vers Dieu qui nous fera naturellement nous détourner du péché et du mal. C’est ce que l’on appelle la vie sous la mouvance de l’Esprit comme l’évoque St Paul aux Romains dans la lecture que nous avons entendue : « Frères, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. »


La vie sous la mouvance de l’Esprit nous permet alors de vivre de manière différente et nouvelles les épreuves que nous supportons. Regardons Jésus. La prière qu’Il fait monter au Père trouve sa place dans une situation d’échec. Sa prédication n’est ni entendue ni reçue. Les élites du peuple d’Israël, pourtant mieux dotées pour accueillir son message par la connaissance des Écritures et de l’Histoire Sainte, refusent d’accueillir le message de Jésus. Devant cet échec, ce refus, Jésus rend grâce car Il a compris le dessein du Père qui est que les petits et les humbles sont les destinataires privilégiés de l’Évangile. Et alors qu’il pourrait être triste, déçu, Jésus rend grâce à son Père et Le loue. Voici un bel exemple de ce que permet la vie sous la conduite de l’Esprit.


Frères et sœurs, profitons de ce temps d’été pour refaire nos forces auprès de Dieu. Travaillons notre prière d’action de grâce pour nous ouvrir toujours plus à Dieu et à son œuvre en nous. Amen !

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