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Homélie du 12ème Dimanche du Temps ordinaire


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12ème Dimanche du Temps ordinaire


« Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux Cieux. »


Frères et sœurs,


L’Évangile que nous venons d’entendre aborde la question de la mission des disciples de Jésus dans leur rapport au monde. Cette mission s’enracine dans un appel que Jésus lance à tous ses disciples : « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dîtes-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. » Je tire plusieurs remarques de cette Parole. Tout d’abord, Jésus nous redit que la foi n’est pas que du domaine privé, même si elle s’adresse à chacun de nous personnellement. Il y a une dimension publique et collective de la foi. La foi est faite pour être annoncée et transmise : « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. » Nous ne pouvons nous satisfaire, et encore moins aujourd’hui qu’hier alors que les chrétiens sont maintenant devenus minoritaires dans notre société, d’un fonctionnement de l’Église comme un prestataire de services ou de rites, fûssent-ils sacramentels ! Si l’Église ne renoue pas avec une annonce explicite de la foi et de Jésus, elle disparaîtra. À ce propos, comme je l’avais évoqué lors de l’homélie de Pentecôte, il n’y a qu’à regarder la jeunesse de notre Église : cette génération déjà a intégré l’annonce explicite de la foi ainsi que la dimension d’évangélisation qui va avec. D’autre part, on a souvent opposé le témoignage dans les actes aux paroles, soulignant ou bien le risque de contre-témoignage lorsque les paroles ne correspondent pas aux actes posés ou bien mettant en avant la primauté des actes sur les paroles. Il n’en demeure pas moins que Jésus évoque bien ici une annonce explicite de la Foi ; cela veut dire qu’il ne peut pas y avoir d’évangélisation véritable sans une annonce verbale explicite de Jésus. On a trop souvent réduit l’annonce de Jésus au prosélytisme ; l’annonce explicite de Jésus, et l’enseignement qui en découle, font partie de l’évangélisation. Comme je le disais il y a peu dans une autre homélie, l’annonce de la foi pouvait être au second plan dans une société chrétienne où le terreau était encore chrétien ; elle ne le peut plus aujourd’hui dans société qui ne l’est plus. L’annonce doit redevenir première.


La mission des disciples de Jésus rencontre également une dimension de combat, dimension évoquée dans la première lecture et dans l’Évangile. Ce combat est présent dans la vie chrétienne. Jésus l’a expérimenté dans son être, sa chair, intérieurement (je pense aux tentations au désert), mais aussi extérieurement au plus haut point avec la crucifixion. Et Il prépare ses disciples à cette réalité : « Le serviteur n’est pas plus grand que son Maître ». Autrement dit, j’ai combattu, il vous appartiendra vous-aussi de mener le même combat que moi. Ceci-dit, cette dimension du combat amène quelques remarques. Premièrement, Jésus nous invite à ne pas avoir peur : « Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon père qui es aux cieux. » Ne pas avoir peur parce que le combat fait partie de la mission du chrétien et parce que la Providence de Dieu s’exerce par rapport à nous : Dieu est bon et veille sur chacun de nous. Rien ne lui échappe.


Ceci-dit, ne nous trompons pas de combat : il est facile de dénoncer un danger, un ennemi extérieur pour ne pas forcément voir celui qui est en nous. Le premier combat à mener est d’ordre spirituel, il est intérieur, en nous : il s’agit de notre propre péché, de l’acceptation de nos limites. Je voudrais insister sur ce dernier point qui passe plus aujourd’hui sous silence. Tout le monde a des limites, ceci est tout à fait normal et humain. Par contre, il y a une tendance aujourd’hui dans l’Église, comme dans le monde, à considérer nos limites personnelles comme la norme de ce qui est acceptable ou non. Par exemple, ce que je ne parviens pas à accepter devient une limite valable pour tous ou que je cherche à imposer aux autres. Alors qu’il suffirait tout simplement d’avoir l’humilité d’accepter ses propres limites. Cette humilité-là est le lieu d’un vrai combat en même temps qu’une piste de croissance sérieuse pour l’unité au sein de l’Église et au sein des paroisses.

Après ce combat intérieur qui est toujours premier, il y a effectivement des combats extérieurs à mener : des combats pour défendre la foi, la doctrine juste, l’Église. Au summun de ces combats se trouve le martyr, qui est le témoignage le plus complet et le plus parfait du disciple de Jésus. Ce qu’il ne faut pas perdre de vue dans ce combat, c’est qu’il ne doit pas seulement être une défense, une réponse ou encore une protection, mais il doit avant toute chose être investi de l’amour de Dieu, comme Jésus qui, dans son sacrifice, investit sa propre offrande de l’Amour de Dieu. C’est cet Amour de Dieu qui au final triomphe du Mal et de la Mort, comme nous le révèle la Résurrection. Mener un combat pour la foi contre le Mal et ses manifestations ne rimera à rien si nous ne l’investissons pas de l’Amour de Dieu ; et même s’il nous semble que nous gagnions ce combat de manière naturelle, si nous ne l’investissons pas de l’Amour de Dieu, il n’y aura aucune fécondité surnaturelle. Tandis que nous pouvons perdre, en apparence, un combat contre le Mal, et, si ce combat a été empli par l’Amour de Dieu, la victoire définitive nous est acquise. Je pense à toutes sortes de combats, mais aussi par exemple au combat contre la maladie que nous pouvons perdre sur un plan humain. Mais nous pouvons expérimenter combien une maladie vécue avec Amour peut devenir source de grâce et de vie pour les autres. Une nouvelle fois, les disciples que nous sommes, doivent regarder Jésus et Le suivre dans son modèle d’offrande.


Frères et sœurs, il est difficile de vivre les choses avec amour lorsque nous sommes dans la souffrance ou lorsque nous sommes dans l’épreuve ou le combat. C’est là que le sacrement de la Communion est important. En communiant, nous ne recevons pas seulement Jésus qui renouvelle nos forces, mais nous recevons le principe actif qui fait jaillir la vie au cœur de la mort et de l’épreuve. Et ce principe actif ne vient pas de nous, mais de Jésus lui-même, donc de Dieu. L’Eucharistie c’est Jésus sous l’apparence du pain, c’est Dieu sous l’apparence d’un signe mangeable. Lorsque Jésus institue l’Eucharistie au soir du Jeudi Saint, Il anticipe déjà sa victoire dans la Résurrection alors que les évènements n’ont pas encore eu lieu dans le temps. La Sainte Communion nous apporte donc déjà la victoire de Dieu, alors que nous sommes encore dans l’épreuve. Voilà pourquoi, communier, recevoir Jésus, dans nos combats, nos épreuves ou nos souffrances est extrêmement important : c’est non seulement recevoir des forces pour combattre, amis c’est aussi déjà construire et vivre notre victoire avec et par Jésus. Quand on comprend cela, on comprend aussi pourquoi le démon cherche, lorsque nous sommes éprouvés, à nous faire sentir indignes de recevoir Jésus, ou alors fait disparaître toute envie de Le recevoir. C’est une manière pour lui de nous éloigner de Dieu, alors que précisément nous avons encore plus besoin de Le recevoir.


Frères et sœurs, c’est dans notre union à Jésus, dans le sacrement de la Communion, que nous trouverons les forces nécessaires pour L’annoncer, pour témoigner de Lui, pour tenir dans nos combats et pour gagner nos combats. Demeurons fidèles à Jésus pour que, selon sa promesse, Il nous demeure fidèles : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux Cieux. » Amen !

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