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Homélie de la Fête de la Saint Patrick


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Fête de la Saint Patrick



Chers frères et sœurs,


Nous nous retrouvons, comme maintenant quelques années, pour fêter St Patrick, grand évangélisateur de l’Irlande et un des trois patrons de l’Irlande, avec Ste Brigitte de Kildare et St Colombkille (Colomban). Je vous propose de redécouvrir la figure du missionnaire à travers sa vie pour en dégager quelques pistes actuelles pour notre pays, notre société, à ré-évangéliser.


Patrick, de son nom gallois Cothrige, naît dans une famille chrétienne romanisée. Son Père Calpornius est un décurion devenu diacre (pour échapper à l’armée ?) ; sa mère Concessa est d’origine franque. Son grand-père Potius était prêtre. Il n’est pas particulièrement brillant dans ses études : il a bénéficié du 1er degré d’instruction, dispensé par le magister ludi ; celui du 2ème sous l’autorité d’un grammaticus, mais il sera enlevé par des pirates irlandais, ce qui fait qu’il ne pourra pas bénéficier du 3ème degré, dispensé par un rhetor. De ce fait, son latin demeurera bien précaire, ce qui empêche parfois une compréhension plus précise de ses écrits.

Il est donc fait prisonnier par des pirates irlandais qui faisaient des razzias sur les côtes et vendaient les personnes capturées aux Irlandais. Il va rester 6 ans captif en Irlande à garder les troupeaux et cette déportation va être pour lui l’occasion de réfléchir sur sa vie et sur le sens de sa vie. C’est à ce moment que sa foi chrétienne s’approfondit. Cette déportation lui permettra d’apprendre à connaître la société irlandaise ainsi que ses modes de fonctionnement. Il va parvenir à s’échapper et après avoir pris le bateau au sud de l’Irlande va arriver en Bretagne. Ici, le texte de sa vie n’est pas clair et les interprétations divergent ; ce que l’on sait, c’est qu’il navigue pendant 3 jours. L’une d’entre elles dit que Patrick serait revenu dans sa famille, donc au Pays de Galles où il retrouve ses parents. Une autre dit qu’il aurait débarqué en Armorique. La suite du texte de sa Confession évoque 28 jours de marche et la découverte d’un pays complètement vidé de ses habitants. C’est cette dernière mention qui laisse à penser qu’il aurait en fait débarqué en Gaule. Nous savons, quelle que soit la version que nous prenons, qu’il a séjourné en Gaule où il va se préparer aux ordres sacrés (diaconat et presbytérat) au contact de St Germain d’Auxerre et où il va s’initier à la vie religieuse, certainement au contact de monastères fondés par St Martin et des moines de Lérins.

Pendant ses années de formation religieuse, il voit en songe un certain Victorius qui l’invite à venir évangéliser les Irlandais, un peu comme Paul vit un Macédonien l’appeler à venir porter l’Évangile en Grèce. Il recevra l’épiscopat avant d’être envoyé officiellement en Irlande pour continuer l’évangélisation de ce peuple qu’il connaît bien. Il revient donc sur l’île vers les années 432 après la mort du premier évêque d’Irlande Palladius qui avait été envoyé en Grande-Bretagne pour combattre l’hérésie pélagienne. Palladius poussa certainement son évangélisation en Irlande, principalement du sud, mais mourut sur le chemin du retour. Rome va donc vouloir envoyer un autre missionnaire pour achever l’évangélisation de l’île. Patrick prend donc la suite et va fonder son évêché à Armagh (aujourd’hui en Irlande du nord). Il va concentrer son œuvre d’évangélisation surtout dans le nord et l’ouest de l’île. Sa connaissance assez précise de la société irlandaise et de la langue va lui permettre de concentrer son action d’évangélisation sur les Rois à la tête des tuath (clans). En obtenant la conversion de la tête, Patrick obtiendra la conversion du clan. Il aura donc une grande activité missionnaire auprès des chefs de tribus ; il instituera d’ailleurs chez un certain nombre d’entre eux des vierges consacrées qui épouseront la vie religieuse. Il baptise, ordonne, consacre un grand nombre de personnes et met en place une structure ecclésiale romaine, c’est-à-dire avec des évêques et des paroisses.

Il rencontrera bien des oppositions, notamment avec les druides, seuls gardiens de l’Écriture, qui voudront sa mort et l’emprisonneront. Lorsqu’il meurt en 465, l’Église est répandue sur toute l’île devenue chrétienne. Chose curieuse, mais qui s’explique très bien, moins d’un siècle après sa mort, il ne restera plus rien de l’organisation romaine de l’Église en Irlande ; une autre organisation, celte, aura pris la place, remplaçant les évêchés par des monastères et les évêques par des Pères Abbés. Pourquoi ? le système religieux d’un Père Abbé avec ses moines épouse presque totalement le système d’organisation du peuple irlandais qui repose sur les tuath avec un Roi à leur tête. Par ailleurs, les druides vont se convertir au christianisme ; le collège druidique devient en conséquence le collège monastique.


Que retenir de son apostolat, lui qui se heurta au paganisme ? Deux choses. Tout d’abord, la connaissance très précise de la société irlandaise et de ses modes de fonctionnement. L’Église dans sa réflexion sur l’évangélisation a toujours mis en avant la valeur d’inculturation de l’Évangile : le fait de rentrer dans une culture. Pour entrer dans une culture, il faut la connaître jusqu’à la faire sienne pour que la foi la pénètre. La deuxième chose que je relève est le combat sans merci que livra Patrick contre le paganisme. Cette réalité devient malheureusement aujourd’hui actuelle avec la déchristianisation de notre pays. Le recul de la foi laisse un vide énorme chez les gens, dans les âmes, que l’homme trouve à combler naturellement. St Patrick a pu apporter Dieu aux Irlandais parce qu’il avait vécu lui-même une expérience de Dieu. Nous avons tous les ingrédients pour devenir de bons missionnaires : vivre une expérience de Dieu, se former consciencieusement, apprendre à aimer et à connaître une culture, des modes de vie et combattre toutes les négations de Dieu. Que St Patrick intercède pour le peuple irlandais pour lequel il a donné sa vie et qu’il soutienne tous les missionnaires et les évangélisateurs d’aujourd’hui, ainsi que tous ceux qui portent son nom. Amen !

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