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Photo du rédacteurParoisse Saint Louis

Homélie du 4ème Dimanche de Carême ( Messe tridentine)


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4ème Dimanche de Carême


« Est puer unus hic, qui habet quinque panes hordeaceos et duos pisces. »




Frères et sœurs,


L’Introït de la messe de ce jour nous invite à la joie parce que la Fête de Pâques approche et avec, notre libération et notre victoire en Jésus sur le mal et sur la mort. Il est intéressant de voir comment l’Évangile de ce jour vient préciser la joie dont il est question à l’approche de Pâques.


Nous savons que l’évangéliste St Jean ne rapporte pas l’Institution de l’Eucharistie dans son Évangile, mais rapporte le lavement des pieds qui est une autre expression du même mystère eucharistique. Pour autant, St Jean donne tout un enseignement sur l’Eucharistie, le Pain de Vie, au chapitre 6 de son Évangile (c’est ce que nous méditons aujourd’hui) en commençant son instruction par le récit de la multiplication des pains. Je vous propose une première lecture de ce récit en regardant Jésus qui vient combler la faim de l’homme en lui donnant à manger. Quelles que soient les lectures spirituelles ou eucharistiques que nous faisons de ce passage, on ne peut mettre de côté que Jésus vient nourrir les foules en contentant leur faim. Ce point est important car nous savons bien que la pointe du récit ne réside pas seulement dans le contentement de la faim naturelle, même si contentement met en lumière la divinité de Jésus qui le rend capable d’accomplir ce miracle. Le miracle de la multiplication des pains est une préparation au mystère de l’Eucharistie dans lequel Jésus se donnera Lui-même comme nourriture. Ce que St Jean nous redit, c’est que Jésus est Celui qui comble la faim de l’homme, la faim naturelle comme la faim surnaturelle, c’est-à-dire la faim de Dieu. Et Jésus nous tire vers les réalités spirituelles et surnaturelles en honorant les réalités humaines et naturelles. Jésus nous attire vers le Pain du Ciel en nous donnant de la terre. C’est en comblant la faim naturelle de Dieu en l’homme que Jésus vient nous ouvrir à la faim de Dieu en se donnant Lui-même en nourriture. Le premier dimanche de Carême s’ouvrait sur les tentations de Jésus au désert et notamment sur la première tentation qui concernait la question de la faim. Le diable s’adressait à Jésus qui avait faim au bout des 40 jours et 40 nuits passés au désert : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à ces pierres qu’elles deviennent des pains. » Réponse de Jésus : « L’homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Jésus réaffirmait la faim de Dieu qui est dans le cœur de l’homme et qui est à honorer, cette faim que le démon cherche à occulter et à combler de manière naturelle et humaine.

Frères et sœurs, ne mettons pas de côté la faim de Dieu qui est en nous : sachons l’assumer et sachons y répondre. Sachons aussi débusquer toutes nos compensations, nos fuites, nos compromissions qui prennent la place et étouffent la faim de Dieu.


J’en viens maintenant à une lecture plus spirituelle de ce récit. Les Pères de l’Église ont vu dans la multiplication des pains et des poissons les signes des sacrements de l’Eucharistie et du baptême qui, tous deux, donnent la vie divine, la vie du Ressuscité. Le lien des pains à l’Eucharistie est évident, parce que Jésus choisira des pains pour donner son Corps. Le lien entre la multiplication des pains et l’Institution de l’Eucharistie est évident : il n’y a qu’à regarder les verbes utilisés par St Jean dans le récit ; Jésus prend les pains, Il les bénit et les distribue. Peut-être y a-t-il à préciser le lien entre les poissons et le baptême. Le poisson est un symbole de Jésus par son nom en grec Ictus dont les initiales I K T U S signifient Jésus Christ Fils du Dieu Sauveur. Les poissons vivent dans l’eau, de même que les chrétiens sont régénérés dans l’eau baptismale par Jésus lui-même.

Mais pour arriver à la tonalité de la joie donnée par les textes de ce dimanche, au sujet des sacrements du baptême et de l’Eucharistie, il nous faut revenir au début du passage d’Évangile. St Jean place le miracle de la multiplication des pains à l’approche de la fête de Pâques. Effectivement, c’est à Pâques que Jésus va s’offrir Lui-même pour nous, c’est à Pâques qu’Il va offrir son Corps et son Sang pour nous libérer définitivement du mal et de la mort en nous offrant une vie nouvelle. Ce que St Jean nous dit ici, c’est que les sacrements du baptême et de l’Eucharistie nous donnent le fruit de ce qui sera vécu et fêté à Pâques. Autrement dit, la victoire de Jésus sur la mort que nous allons bientôt fêter à Pâques, nous est donnée d’une autre manière à travers les sacrements. Et là réside la cause de la joie de ce dimanche : nous avons accès à ce que Jésus nous a acquis et nous offre à travers les sacrements. Les sacrements, et en particulier le baptême et l’Eucharistie, s’ils tirent leur force et leur efficacité du mystère pascal, actualisent la fête de Pâques, en nous en donnant les fruits. Voilà comment les textes de la messe de ce jour nous invitent à vivre de la joie de Pâques qui approche.


Pour terminer, je voudrais attirer votre attention sur une autre réalité qui peut être cause de joie pour nous aussi. C’est que Jésus nous invite à participer à notre salut en nous offrant la possibilité de collaborer à l’œuvre qu’Il accomplit. Cette collaboration est esquissée à travers l’offrande de ce petit garçon qui présente à Jésus les 5 pains et les deux poissons. Jésus part du peu que nous lui apportons pour le transformer par sa divinité. Il aurait pu faire différemment ; Il choisit de nous faire participer. Cette volonté de Jésus de nous rendre participants de son oeuvre de salut est source de joie pour nous. Nous ne sommes pas que des assistés, mais des personnes qui avons la dignité de participer à l’œuvre de Dieu. Se pose alors à nous la question : est-ce que je participe réellement à l’œuvre de Dieu ? Est-ce que je suis un collaborateur de son action et pas seulement un consommateur ? Participer à l’œuvre de Dieu, que cela soit à travers un engagement en paroisse, en Église, même si cela est parfois, fatigant, lourd, c’est d’abord une grâce que Dieu nous offre. Profitons de ce temps de Carême pour faire la lumière sur nos collaborations avec Dieu, sur nos engagements. La pauvreté de nos ressources humaines, ressources de temps, de moyens ne doit pas être une excuse. Qu’est-ce que 5 pains et 2 poissons pour des milliers de personnes ? C’est Jésus qui agit. Amen !


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