Commémoration des fidèles défunts
Samedi 2 Novembre 2024
Collégiale Notre-Dame
Chers frères et sœurs,
Vous avez, au cours de l’année écoulée, perdu un ou plusieurs êtres chers. Hier, dans la solennité de la Toussaint, l’Eglise nous rappelait que nous sommes tous appelés, au terme de notre vie, à rejoindre le Seigneur, dans cette vie divine, qui n’a ni début ni fin, cette vie que l’on appelle la vie éternelle. Au lendemain donc de la fête de la Toussaint, l’Eglise prie plus particulièrement pour ceux qui nous ont quittés afin qu’ils entrent dans la paix et la lumière de Dieu, comme nous le signifions au début de la célébration d’obsèques lorsque nous rallumons autour du corps du défunt la lumière prise au Cierge Pascal, le signe du Christ Ressuscité.
Ce matin, alors que nous allons confier au Seigneur nominativement chaque défunt de l’année écoulée, je voudrais méditer avec vous sur la question du deuil. Le deuil est toujours une réalité compliquée et difficile, parce que lorsque nous vivons un deuil, l’amour que nous avons pour celui ou celle qui nous quitte, le chagrin que nous avons, ont pour conséquence logique de nous replier sur nous-mêmes. C’est tout à fait normal et naturel. Nous nous rappelons des souvenirs, des moments joyeux et importants passés avec ceux qui nous ont quittés, parfois aussi des moments plus compliqués. Bref, il y a un mouvement de recentrement sur soi normal.
Il arrive aussi, surtout lorsque les circonstances du décès sont difficiles, et c’est arrivé à plusieurs reprises dans l’année pour un certain nombre de personnes, il arrive aussi que l’amertume ou le sentiment de révolte que nous avons, se reporte sur Dieu qui, s’il n’est pas responsable du décès, du moins est responsable de ne pas l’avoir empêché. Par conséquent, avec cette attitude normale du deuil de repli sur soi, avec parfois ce regard négatif que nous pouvons projeter sur Dieu, nous avons du mal à penser que Dieu pose un regard tout autre sur notre situation de souffrance. Il est compatissant.
Mais regardez l’Evangile que nous venons d’entendre. Alors qu’une pauvre veuve conduit son fils unique en terre, Jésus qui approche de ce village, s’arrête devant le cortège funéraire, et « est saisi de pitié » devant la détresse de cette femme. Voilà le regard de Dieu sur toutes nos souffrances, et plus particulièrement sur tous les deuils que nous vivons. Dieu jette un regard de pitié et de compassion au sens où il souffre avec nous.
Le fait d’entrer dans le regard de Dieu nous conduit alors à reconnaître que Dieu a lui aussi accepté de souffrir pour rejoindre l’homme dans sa souffrance. C’est ce qu’a vécu Jésus sur la Croix. Entrer dans le regard de Dieu nous conduit à regarder différemment Dieu. Dieu n’est plus le responsable de la mort, mais celui qui l’a vécue pour nous.
Cet Evangile nous apprend en outre une autre chose, difficilement perceptible aussi, dans ces moments de deuil où notre réflexe est plutôt un repli sur soi : c’est que Jésus nous rejoint dans notre deuil. Mais si nous sommes centrés sur nous-mêmes, sur nos souvenirs, sur notre peine et notre chagrin, nous aurons du mal à voir Jésus nous rejoindre dans cette épreuve. Et pourtant, c’est ce qui se passe. Dans l’Evangile que nous venons d’entendre, Jésus rejoint la pauvre maman et tout le cortège funéraire au moment où l’on conduit le corps en terre. Jésus se rend présent dans notre deuil ; il entre dans le cortège. Et, si dans l’Evangile, il rend le mort à la maman en lui rendant la vie humaine, miracle qui annonce sa propre Résurrection d’entre les morts, pour chacun de ceux que Jésus rejoint, Il ouvre un nouveau chemin de vie, une nouvelle relation. Oh, évidemment ce ne sera plus une relation humaine, puisque la vie humaine est terminée, mais une autre relation de vie, de communion, d’Amour, autre que le simple souvenir que nous pouvons avoir de celui ou de celle qui nous a quittés.
Mais, simplement, cette nouvelle relation que Jésus vient ouvrir n’est accessible que par la foi.
C’est là, frères et sœurs, que nous entrons dans ce que nous fêtons aujourd’hui au lendemain de la fête de la Toussaint. Par la foi en la Résurrection de Jésus d’entre les morts, par la foi dans le fait qu’il pose sur toutes nos situations un regard de compassion, par la foi dans le fait qu’il nous rejoint dans nos deuils et qu’Il vient ouvrir un nouveau chemin de Vie qui passe par Lui, nous entrons dans le mystère de la Communion des saints. La Communion des saints, c’est le fait que nous sommes tous en communion les uns avec les autres, ici-bas sur terre comme là-haut au ciel, grâce à la Communion que nous avons avec Jésus. La source de la Communion des saints réside dans notre Communion personnelle avec Jésus.
Cette communion avec Jésus passe aujourd’hui par l’Eglise qui est, depuis l’Ascension de Jésus, le corps du Christ Ressuscité. Il ne peut y avoir de véritable communion des saints, il ne peut y avoir de nouvelle relation de vie avec ceux qui nous ont quittés sans la médiation de l’Eglise. Sinon, c’est de l’ordre du simple souvenir, comme nous le faisons les 11 novembre et 8 mai. Mais, ce que Jésus permet, c’est autre chose : c’est une nouvelle communion réelle et vivante, une nouvelle relation. C’est pourquoi, frères et sœurs, l’Eglise célèbre des messes pour les défunts. Et, sur la paroisse, vous avez la chance de pouvoir faire célébrer les messes pour vos défunts aussi bien en semaine que lors des messes dominicales. L’important est que nous prions pour vos défunts qui ont besoin de la prière de l’Eglise. Et comme la nouvelle relation que Jésus permet est une relation de communion, nous pouvons nous aussi nous confier à leur prière.
Au cours de cette messe, nous allons demander au Seigneur, avec l’intercession de la Vierge Marie, qu’Il conduise chacun de ceux qui nous ont quittés vers la pleine lumière, vers le repos éternel et demandons à Marie de nous aider à entrer avec chacun de nos défunts dans une relation de Vie, eux qui nous entrainent nous aussi vers la Vie. Amen.
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