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Homélie du 5ème Dimanche de Pâques


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5ème Dimanche de Pâques

 « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. » « Moi, je suis la vigne et vous, les sarments. »


Frères et sœurs,

 

            Voici deux paroles de Jésus qui nous situent les uns par rapport aux autres : le Père est le vigneron ; Jésus, la vigne ; nous, les sarments. La question principale abordée par l’Evangile est celle du fruit que nous portons, c’est la question de notre fécondité : « Tout sarment qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, Il le nettoie pour qu’Il en donne davantage. » Nous pouvons réfléchir à la question de notre propre fécondité selon trois questions. La première serait : quelles morts consentons-nous à vivre ? La deuxième : quel enracinement dans l’Eglise avons-nous ? la troisième : quelle fécondité portons-nous ?


            Quelles morts consentons-nous à vivre ? Vous connaissez tous cette autre parole de Jésus : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il ne peut pas porter de fruit ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. » Il s’agit ici du mystère pascal qui marque profondément notre être grâce au sacrement du baptême. Notre fécondité est liée aux morts que nous consentons. La mort est évoquée dans les Paroles de Jésus : le Père va jeter au feu les sarments qui ne portent pas de fruits ; elle est encore présente dans le fait que le Père va « nettoyer » dit la traduction française, mauvaise traduction, en fait le verbe grec dit que le Père va « émonder », « couper », ce qui implique de manière plus explicite une certaine mort.


            Nous pouvons alors nous demander de quelles morts il s’agit. En premier lieu, de la mort à nous-mêmes : c’est un des dons du sacrement du baptême. Jésus le dit dans l’Evangile : «  de même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même. » C’est-à-dire : ce n’est pas le sarment qui porte du fruit, mais Dieu à travers le sarment. Il peut s’agir de mourir à ses prétentions, à ses illusions, à notre orgueil, notre suffisance. Il y a matière à réfléchir ici à la manière dont on construit la pastorale de l’Eglise de demain : sur la création de nouvelles structures ? sur nos propres visions, déductions idéologiques ? Ceci-dit, l’Evangile est très lucide : il ne dit pas non plus que Dieu fait tout et nous rien. Il dit que Dieu fait, mais à travers moi. Se pose aussi à nous la question de consentir à être émondé. Parce que personne n’aime mourir à soi. Comment est-ce que nous acceptons que les choses ne se passent pas comme on l’aurait souhaité, comme on l’aurait voulu ? Ces changements, et les consentements qu’ils impliquent, nous amènent à ajuster notre volonté à celle de Dieu, à unir notre volonté à celle de Dieu. Il s’agit d’une mort à nous même qui découle de la croix, pour nous faire vivre comme Dieu veut, selon Dieu.

 

            La question de la fécondité que nous portons est également liée à celle de notre enracinement dans l’Eglise. « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » dit Jésus. La vigne dans l’Écriture est à la fois l’image du Peuple de Dieu, puis l’image de Jésus selon la parole du jour, par extension, elle devient aussi l’image de l’Église, Corps du Christ. Plus nous sommes en communion avec l’Eglise, plus nous sommes incorporés dans l’Eglise, plus notre fécondité baptismale sera forte. Dit autrement : est-ce que j’ai les deux pieds dans l’Eglise ? Ne m’arrive-t-il pas d’en avoir un dedans et en-dehors ? L’enracinement dans l’Eglise implique un enracinement dans l’Eglise réelle, actuelle, telle qu’elle est, et non telle que je la souhaiterais, telle que je la rêverais. On peut tous rêver l’Église, la souhaiter différente, mais attention…alors, il ne s’agit plus d’un enracinement dans l’Eglise réelle…il s’agit d’une fuite dans une Eglise utopique. Combien d’âmes ont été perdue, ou tout du moins égarées, à la suite du Concile Vatican II, lorsqu’on a dessiné, et parfois imposé, une Église qui serait de telle ou telle manière…et 40 ans, 50 ans après…l’Église qui se dessine n’est pas celle qu’on nous a programmée…les pasteurs qui nous sont donnés ne correspondent pas à ceux qu’on nous avait décris ! Bien sûr l’Eglise sur un plan humain n’est pas parfaite, bien qu’appelée à la perfection. Il en va de même dans un couple. Les époux ne sont pas parfaits ; mais appelés à s’aimer malgré leurs imperfections. Et là se vérifiera précisément l’authenticité de l’amour : suis-je capable d’aimer l’autre tel qu’il est, avec ses qualités, ses limites,  ses défauts ? La même question vaut pour l’Eglise : suis-je capable de l’aimer telle qu’elle est, avec ses qualités, ses défauts ? ses beautés et ses limites ?


            La question de l’enracinement dans l’Eglise pose aussi celle de la communion avec l’Eglise et en Eglise.  La communion avec l’Eglise et en Eglise peut aussi être altérée lorsque l’on se met à régler des problèmes personnels avec l’Eglise elle-même. Dans la deuxième lecture, St Jean nous indique le chemin d’une vraie communion : « Or, voici son commandement, nous aimer les uns les autres. » La véritable communion passe par l’amour les uns des autres.

 

            La dernière question à se poser pour réfléchir sur notre fécondité chrétienne est celle de notre fécondité. De manière générale, la fécondité de l’Eglise dans notre Europe occidentale est assez faible. L’une des principales causes réside dans les multiples  ruptures de transmission qui ont eu lieu suite à et dans l’application du Concile Vatican II. Ces ruptures de tradition que l’on retrouve dans la liturgie, dans la catéchèse et dans les familles. On a confondu le fait de laisser les enfants libres de leur choix avec une véritable éducation à la liberté. Or, notre liberté ne peut se construire que sur Dieu et non en-dehors ou à côté de Dieu. C’est Dieu qui nous a créées libres et qui nous rend libres, pas le monde !  Il est important pour retrouver une fécondité et une vitalité normales dans l’Eglise européenne de travailler à réparer ces ruptures de transmission, de tradition, dont on paye le prix aujourd’hui.


            Puisse l’Eglise, dans ses ministres qui la gouvernent, ses pasteurs, le peuple des baptisés, toujours plus se mettre à l’écoute l’Esprit-Saint qui est le Vrai protagoniste de la croissance de l’Église, comme nous le montre la première lecture. Que la Vierge Marie, que nous prierons plus intensément au cours de ce mois de Mai, veille sur l’Eglise de son Fils et sur sa fécondité. Amen !

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