Homélie du 4ème Dimanche de Pâques
- Paroisse Saint Louis
- il y a 29 minutes
- 6 min de lecture

+
4ème Dimanche de Pâques
« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. »
Frères et Sœurs,
Comme chaque année, nous méditons l’Évangile du bon Pasteur en ce quatrième dimanche de Pâques dans un contexte bien particulier, contexte de changement dans l’Église à tous niveaux, puisque, dans quelques semaines vous allez changer de curé ; il y a peu de temps nous avons accueilli un nouvel évêque, et nous recevons un nouveau Pape. Avec ces changements à 3 niveaux, nous touchons un des points fondamentaux du mode de fonctionnement de l’Église qui garantit et sa catholicité et son gouvernement divin.
Le premier point que je souhaiterais aborder avec vous est que le bon Pasteur, le vrai Pasteur, c’est le Christ Jésus. Ce n’est pas le Pape, ce n’est pas l’évêque, ce n’est pas le curé ou le prêtre. Le vrai Pasteur, le bon Pasteur, c’est Jésus. Tous les autres ministres, prêtre, évêque, Pape, ne sont pasteur qu’en dépendance et en lien de l’unique Pasteur qu’est Jésus. Ceci est important, parce que vous pouvez attendre et vous êtes en droit d’attendre que vos pasteurs soient saints, mais vous ne pouvez pas attendre des pasteurs qu’ils soient parfaits et qu’ils accomplissent de manière parfaite tous les aspects de la mission. Le Seul qui est Saint, parfait et sans péché, c’est Jésus. Bien comprendre cela, nous amènera, vous amènera à relativiser la personne du pasteur, c’est-à-dire à ne pas le mettre sur un piédestal ou à le canoniser, ou encore à le critiquer ou à le descendre parce qu’il ne correspond pas à ce que vous aimez, attendez ou parfois exigez. L’Église est gouvernée et conduite par des pasteurs différents que Dieu appelle et envoie à son Église, et qui répondent avec ce qu’ils sont et ce qu’ils ont, qui vont faire grandir l’Église dans tel ou tel sens, conduire le troupeau dans tel ou tel pâturage. Il faut fondamentalement se réjouir de la diversité des pasteurs qui sont envoyés à l’Église plutôt que de les comparer, et parfois les opposer. Il y a ici un critère important de maturité chrétienne et ecclésiale. Il faut plutôt être ouvert à ce que Dieu veut donner à son peuple à travers chaque pasteur et se garder des attitudes pharisiennes qui consistent à exiger du pasteur ce qui correspond à son goût personnel. Avec une telle attitude spirituelle, qui existe dans l’église catholique malheureusement et dans la paroisse, nous passons, vous passez à côté de ce que les pasteurs sont appelés à vous donner.
Si le Seul Unique et Bon Pasteur est le Christ, cela veut dire également que les pasteurs de l’Église qui exercent leur sacerdoce en dépendance et en union avec le seul et unique sacerdoce du Christ, peuvent être considérés eux-aussi comme des brebis. Le point commun que nous retrouvons chez les brebis du troupeau, chez les pasteurs qui conduisent le troupeau, comme chez Jésus, Bon Pasteur, est que tous sont appelés à écouter la voix de Dieu : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais et elles me suivent. » dit Jésus. Les pasteurs que Dieu a donnés à son Église sont appelés à écouter Jésus. De la même manière que Jésus a passé son ministère à écouter son Père, les brebis du peuple de Dieu sont appelées à écouter leur pasteur. Nous voyons bien que, à un moment donné, si l’écoute n’a pas lieu ou si elle est faussée, nous voyons les dérives qui peuvent en résulter et que Saint-Jean évoque dans son Évangile plus loin en parlant des faux pasteurs, des pasteurs mercenaires. Les pasteurs sont tous et demeurent tous en premier lieu des brebis.
Je voudrais relever quelques aspects de la mission des pasteurs à partir des textes qui nous sont proposés ce dimanche. Ce n’est évidemment pas quelque chose qui se veut exhaustif et complet, puisque je ne vais partir que de ce que les textes évoquent. Ceci dit, cela peut nourrir cette année notre réflexion dans trois directions. La deuxième lecture est à cet égard instructive. Elle nous montre une vision eschatologique au cœur de laquelle le visionnaire voit une foule immense, signe du peuple de Dieu, rendre un culte devant le Trône de Dieu sur lequel est assis l’Agneau : « Ils n’auront plus faim, ils n'auront plus soif, ni le soleil ni la chaleur les accablera, puisque l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur Pasteur. » Si besoin était, nous trouvons ici confirmation que le Seul et Unique Pasteur est l’Agneau. Ce que je relève, c’est que le texte nous donne une des missions du pasteur : rendre un culte à Dieu. C’est d’ailleurs une des premières finalités de la liturgie, comme le rappelle le Concile Vatican II dans sa constitution sur la liturgie, liturgie qui, au-delà d’établir et de nourrir la relation entre Dieu et l’homme, doit en premier lieu contribuer à rendre un culte à Dieu. Le pasteur est celui qui aide le peuple à rendre un culte à Dieu, comme Moïse le faisait dans l’Ancien Testament, comme Jésus le fait Lui-même en s’offrant sur la croix et sous les Saintes Espèces que sont le pain et le vin.
Je relève une deuxième mission du pasteur ; elle consiste à apprendre aux brebis à se laisser habiter par Dieu. Le texte de l’Apocalypse dit : « Celui qui siège sur le trône établira sa demeure chez eux. » L’union avec Dieu, la communion que nous construisons avec Dieu tout au long de notre vie terrestre avant qu’elle ne soit totale et définitive dans l’éternité, consiste à se laisser habiter par Dieu.
Enfin comme je le disais plus haut, le pasteur a pour mission en premier lieu d’écouter Dieu et l’Esprit-Saint qui conduit l’Église et de faire entrer les brebis qui lui sont confiées dans cette écoute.
La première lecture tirée des Actes des Apôtres est une très bonne illustration de cette écoute à laquelle est appelée l’Église. Paul et Barnabé prêchent l’Évangile aux Juifs dans la synagogue. Mais ils sont contredits par les autorités religieuses qui sont jalouses du succès de la conversion des Juifs à la foi chrétienne. Devant le refus d’accueillir l’Évangile et les menaces, Paul et Barnabé vont affirmer clairement leur intention de se tourner vers les nations païennes afin que ces dernières accueillent la foi. Nous voyons ici que l’écoute de l’Esprit-Saint qui se donne à voir dans les réalités missionnaires, c’est-à-dire le désir de recevoir l’Esprit de Dieu et de se convertir et les obstacles et les fermetures, permet à l’Église de développer sa mission. L’écoute de l’Esprit-Saint prend en compte les ouvertures et les fermetures de cœur que l’Église rencontre dans le monde. Le bon Pasteur est celui qui écoute Dieu et qui, ainsi, trouve un chemin pour que l’évangélisation puisse se développer malgré les difficultés du terrain.
Frères et sœurs, il reste juste un petit point à évoquer qui me semble important et qui n’est pas dans l’Évangile du jour, mais qui est dans la suite de l’Évangile selon saint Jean que nous méditons les autres années liturgiques. Il s’agit de la question des loups qui attaquent le troupeau. Le Bon Berger est celui qui protège son troupeau du loup et qui garde son troupeau dans l’unité, puisque vous savez que les loups attaquent leur proie en isolant progressivement une brebis du reste du troupeau. L’image est très saisissante ; elle nous dit comment le démon se débrouille pour isoler des brebis et les éloigner de l’unité du troupeau. Mais comme le disait Benoit XVI lors de sa première homélie en tant que Pape, les loups sont dans l’Église. Non pas tellement qu’il y ait des infiltrations dans l’Église de gens qui veulent la détruire, cela peut peut-être exister, mais surtout dans le fait que des brebis, qui sortent de l’écoute de Dieu et de leur pasteur, deviennent elles-mêmes des loups. Et c’est un danger qui peut tous nous concerner lorsque notre moi, notre ego prend le dessus sur l’écoute du Bon Pasteur. Prenons garde au mauvais esprit qui cherche à faire passer les brebis du troupeau en loup dans le troupeau.
En ce dimanche du Bon Pasteur, prions pour les nouveaux pasteurs que nous allons, vous allez recevoir. Prions pour notre nouveau Pape, qu’il soit fidèle à la mission que Dieu lui confie de prendre soin de son Église, de la garder dans l’unité et de la faire avancer. Prions pour les vocations sacerdotales et religieuses dont notre Église a besoin pour continuer sa mission. Amen !
Commentaires