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Photo du rédacteurParoisse Saint Louis

Homélie du 25ème Dimanche du Temps ordinaire


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25ème Dimanche du Temps ordinaire

« Prenant alors un enfant, Il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa , et leur dit : ‘Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est Moi qu’il accueille.’ »

 


Frères et Sœurs,

 

            Dimanche dernier nous méditions sur la première annonce de la Passion tirée de l’Évangile selon Saint-Marc et Pierre qui confessait l’identité profonde de Jésus était celui qui refusait la perspective de la croix. Aujourd’hui nous entendons la deuxième annonce de la Passion; les disciples ont peur de comprendre, ils n’osent pas interroger Jésus, et ils vont se détourner de ce qu’Il leur dit pour se disputer entre eux concernant la place et l’importance que chacun a. Cette situation peut faire sourire, même grincer des dents. Jésus annonce le cœur profond de sa mission : sa mort et sa résurrection pour nous, et les disciples ne reçoivent même pas ce qu’Il dit et se disputent entre eux pour savoir qui est le plus important. On peut penser au proverbe d’origine chinoise qui dit : « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ». Mais cette situation nous arrive nous-aussi assez régulièrement. Souvent après coup, nous nous rendons compte que nous sommes passés à côté de quelque chose de profond qui nous a été dit parce que nous n’étions pas disponibles ou alors repliés sur nos propres préoccupations et nous avons loupé quelque chose. Nous rencontrons également cette situation dans l’Église où parfois, enfermés dans un entre-soi ou dans nos habitudes et nos jargons, nous nous coupons d’une réalité qui ne cesse d'évoluer et parfois même de se dégrader. Ainsi pouvons-nous parfois sourire lorsque nous voyons le nombre de baptêmes chuter, le nombre d’enfants catéchisés diminuer partout (même si sur la paroisse c’est stable depuis 4-5 ans), d’autres religions prendre le pas sur la pratique catholique dans notre pays, et voir les fidèles se disputer sur la langue utilisée dans telle ou telle messe…

            Mais il y a plus dans l’attitude des disciples. Il y a aussi le fait qu’ils cherchent leur propre intérêt, qu’ils sont préoccupés de nourrir et de satisfaire leur propre égo, et qu’ils ne sont pas disponibles à ce que Jésus leur dit. Nous retrouvons encore une fois ce péché des origines, l’orgueil, l’égoïsme, qui fait qu’on cherche d’abord à tout prix à s’occuper de soi plutôt que de rechercher Dieu en premier. Dans l’Église aussi il y a des appétits de pouvoirs, ou bien des prêtres qui cherchent sans arrêt à se placer pour se faire remarquer, grandir dans la hiérarchie ou avoir des postes, ou bien des fidèles qui parfois cherchent à se mettre en valeur pour occuper les premières places. Bref vous voyez ça autant que moi, et cela fait sourire.

            La conséquence de ces attitudes, outre le fait qu’on ne reçoit pas ce que Dieu a à nous dire, c’est qu’en ne regardant pas Dieu en premier, nous allons en arriver à nous regarder les uns les autres, à nous comparer, à nous juger, et de là naissent les soifs de reconnaissance, les frustrations, les jalousies qui détruisent la charité au sein des communautés et qui abîment les relations. Saint-Jacques le dit mieux que moi dans la deuxième lecture : « Bien-aimés, la jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes. (…) D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous, n’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-même ? Vous êtes plein de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre ». Quel tableau, et c’est parfois vrai !

 

            Alors, Jésus nous invite à purifier nos appétits. Vous remarquerez d’ailleurs qu’Il ne les condamne pas, mais les réoriente. Jésus ne condamne pas l’ambition, mais Il la purifie : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » La purification intérieure à laquelle nous sommes appelés n’est autre que ce que l’on appelle la conversion. Convertere en latin qui veut dire se tourner vers, consiste à se détourner de soi pour se tourner vers Dieu. Rien que ce simple mouvement est déjà une conversion. Comme je le disais plus haut, si nous regardions davantage Dieu et non nous-mêmes, il y aurait moins de comparaison, moins de frustrations, moins de jalousies, moins de rivalité et les cœurs seraient plus en paix. C’est Dieu qui nous donne notre profondeur d’être, pas les autres. Ensuite, la conversion consiste à combattre le péché qui nous fait nous occuper de nous d’abord, qui nous replie sur nous, qui vient nous empêcher d’aimer Dieu et l’autre comme nous le devrions. Ces orientations égoïstes, d’orgueil, de satisfaction sont dans notre nature depuis le péché originel ; mais le sacrement du baptême nous a donné la possibilité de les combattre et d’en être libérés. Enfin, Jésus nous donne une dernière aide pour nous convertir qui consiste à nous mettre au service des autres : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Peut-être pourrions-nous regarder avec profit cette question au sujet de tout ce que nous faisons, que cela soit en Église ou bien en dehors : au travers de mes activités, engagements, responsabilités, est-ce que je rends service ? Et pour tous ceux qui occupent des postes à responsabilité, demandons-nous si nous sommes dans une attitude intérieure de service de ceux qui sont nos subordonnés. Voici concrètement comment purifier nos appétits intérieurs.

 

            Pour terminer, Jésus met devant ses disciples et leurs appétits de pouvoir un enfant qu’Il montre en exemple. Pourquoi cela ? Pas seulement parce que les enfants ont moins péché que les adultes, ayant vécu moins longtemps…mais avant tout parce que les enfants sont nos modèles. L’enfant est en effet celui qui ne sait pas parler ; infans en latin signifie celui qui ne parle pas, qui ne sait pas encore parler. Il doit apprendre. Et au-delà du langage, l’enfant est celui qui apprend tout des autres ; un enfant ne peut rien par lui-même ; il reçoit tout des autres pour devenir lui-même, pour pouvoir vivre. L’enfant a besoin des autres. C’est en ce sens que les enfants sont nos modèles ; ils nous invitent à recevoir des autres, et en premier lieu de Dieu. On peut dire que l’homme a deux chemins de vie qui semblent contradictoires  mais qui dans le fond ne le sont pas: il a un mouvement de vie qui le pousse vers l’autonomie, le fait de devenir adulte, responsable de lui-même, de sa vie, de ceux qui lui sont confiés ; et en même temps ce mouvement qui le conduit à l’autonomie ne doit pas l’empêcher de demeurer ouvert à Dieu, aux autres, à recevoir des autres et à fonder son existence dans une relation fondamentale et existentielle avec Dieu. D’ailleurs, la fin de vie de l’homme qui le conduit généralement à une certaine dépossession de ses moyens, de ses forces, devrait être un appui pour vivre un abandon et une remise de sa vie, totale, entre les mains de Dieu : voilà ce que devrait être la mort. En fait, notre chemin de progression de vie chrétienne doit être une marche vers l’enfance spirituelle : avec le maximum de nos moyens humains, de ce que nous sommes devenus, de ce que nous avons fait, nous sommes appelés à grandir dans l’enfance spirituelle pour nous préparer à rencontrer notre Père au terme de notre vie. En ce sens, les enfants sont nos modèles.

 

            Frères et sœurs, acceptons de travailler à la conversion de notre cœur, à la purification de nos intentions, de nos appétits. Grandissons dans le service désintéressé qui nous fera grandir dans la charité et donc dans la relation avec Dieu pour devenir des enfants qui marchent à la rencontre de leur Père. Amen !

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