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Homélie du 4ème Dimanche de l’Avent


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4ème Dimanche de l’Avent


« Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’Enfant tressaillit en elle. »


Frères et sœurs,


Nous entendons en ce dimanche une des plus belles pages de l’histoire du Salut, l’épisode de la Visitation. Cet épisode met au centre la personne de Marie, servante du Seigneur et servante de sa cousine Élisabeth. Les deux femmes que l’Évangile nous montre sont en quelque sorte la porte, le passage entre l’Avent et Noël. Elles sont celles qui vont faire entrer dans la Vie les principaux protagonistes de la Nouvelle Alliance, apparaissant ainsi comme des figures de la Vie et de l’Avenir.


Justement, le passage d’Évangile de la Visitation, nous dit bien ceci : nous entrons pleinement dans la Nouvelle Alliance. Deux éléments nous montrent cela. Premièrement, l’action divine va désormais passer des mamans aux Enfants dans le ventre de leur mère. On peut lire cette scène à deux niveaux : d’une part, on voit la rencontre de deux femmes qui se parlent et rendent grâce à Dieu pour son œuvre dans leur vie ; d’autre part, on voit l’action des Enfants dans le ventre de leur maman qui non seulement se saluent l’un et l’autre, mais en plus font prophétiser Élisabeth (dans le passage d’Évangile du jour), puis Marie dans le passage qui suit. On passe bien de l’Ancien au Nouveau testament : les principaux protagonistes sont les bébés, signes de la vie naissante et future.


Deuxièmement, les figures d’Élisabeth et de Marie sont éloquentes. Élisabeth est la figure de l’Ancien Testament : tout d’abord, par la naissance de Jean-Baptiste, elle va clôturer en quelque sorte le prophétisme en mettant au monde le dernier prophète. Désormais, le prophétisme n’aura plus de raison d’être puisque le Messie est présent. Elle est la figure de l’Ancien Testament encore par son mari Zacharie, prêtre de l’Ancienne Alliance, et donc de l’Ancien culte. Marie, au contraire, apparait comme la figure du Nouveau Testament : elle est jeune, vierge ; elle va mettre au monde Celui qui va inaugurer l’Alliance Nouvelle en s’offrant lui-même. La deuxième lecture nous traduit cette réalité en termes théologiques : « Ainsi Jésus supprime le premier état de choses (les sacrifices de l’Ancienne Alliance) pour établir le second (Il va s’offrir lui-même) ». Avec la visitation, nous entrons pleinement dans l’Alliance Nouvelle et nous y entrons avec Marie.

Avant de m’arrêter à la personne de Marie, je profite de ce passage, pour vous faire remarquer ceci : l’Écriture Sainte, la Bible, nous dit toute la valeur de l’Enfant à naître dans le ventre de sa Mère. Jean-Baptiste et Jésus sont déjà pleinement des personnes qui vivent, qui bougent et qui agissent. Vous voyez, lorsqu’on s’interroge sur le degré de personne de l’Enfant dans le ventre de sa Mère, lorsqu’on se demande s’ils sont vraiment des personnes à part entière, que l’on a d’un côté les tenants du « oui », d’un autre, les tenants du « non », l’Écriture elle, inspirée par Dieu, répond à la question : le bébé dans le ventre de sa Mère est déjà une personne entière, complète et agissante.


Maintenant, si le cœur de la scène se révèle être tenu par les enfants, regardons Marie, car c’est par elle que Jésus arrive chez Élisabeth et Zacharie. Jésus vient à nous par Marie. Il ne s’agit pas de mettre Marie à la place de Jésus dans l’œuvre du Salut ; le Sauveur c’est bien Jésus ; mais Dieu a choisi que son Fils arrive par Marie et par une femme. Dieu n’exclut pas les médiations pour faire advenir le Salut ; au contraire Il les permet et même les suscite. Il aurait pu faire arriver Jésus comme cela, d’un seul coup ; et pourtant, Il choisit de passer par une femme, qu’Il fait coopérer d’une manière particulière à son œuvre de salut. C’est grâce au Fiat de Marie que Jésus devient l’un de nous, qu’Il prend la nature humaine et qu’Il entre dans le monde. Si nous avons pu voir Dieu, Le toucher, Lui parler, c’est grâce à Marie. Ce que nous dit cette scène de l’Évangile, c’est que lorsque Marie entre quelque part, elle amène toujours Jésus et elle passe au second plan, pour laisser son Fils agir, même bébé dans le ventre de sa maman. Même si vous priez Marie pour Marie, elle vous renverra vers Jésus : « Faîtes tout ce qu’il vous dira » vous répondra-t-elle. Alors, frères et sœurs, n’ayez pas peur de prier Marie. Vous savez, si Dieu a choisi de passer par Elle pour nous donner son Fils, on ne peut pas beaucoup se tromper en passant par Elle pour aller à Dieu. L’œuvre de Dieu est d’autant plus belle et d’autant plus forte, qu’elle permet toutes sortes de médiations qui ne diminuent en rien la Médiation de l’Unique Médiateur, mais qui, au contraire, la mettent en valeur. En priant Marie, nous apprendrons à faire de la place à Jésus ; nous apprendrons à L’attendre, à L’accueillir, à Le laisser agir en nous. Si Abraham est le Père de notre foi, Marie apparaît dans cette scène comme la Mère de notre Foi. En ces jours qui nous séparent encore de Noël, unissons-nous davantage à Marie qui prie pour que son Fils naisse en nous, dans nos cœurs, dans nos relations, dans notre Église. Retrouvons le goût de la prière du chapelet, retrouvons le goût de la dévotion à la Sainte Vierge à travers la messe du samedi. Prier Marie, c’est faire advenir Jésus.


L’épisode de la Visitation que nous méditons ce dimanche fait suite, nous le savons, à celui de l’Annonciation. Marie accueille Jésus en son sein et elle le porte à sa cousine Elisabeth. Accueil et don, voici les deux mouvements qui caractérisent la vie de Marie et qui caractérisent également la vie de l’Église. L’Église aussi accueille Jésus en elle et le redonne autour d’elle. Marie apparaît comme la figure de l’Église, ou plus justement, comme la première Église ; dit autrement, cela veut dire que l’Église est par nature profondément mariale. Marie apprend à l’Église, et à chacun de nous, à porter Jésus aux autres. On a souvent lu l’épisode de la Visitation comme un acte de charité de Marie qui ne garde pas pour elle le Trésor, la Bonne Nouvelle, qu’elle a reçu, mais qui le porte immédiatement au monde. Marie nous révèle que la mission et l’évangélisation sont des actes profonds de charité. À nouveau se pose à nous en ce dimanche la question de notre annonce de la Bonne Nouvelle : est-ce que nous conduisons Jésus aux autres ? à nos proches ? à nos enfants ? dans notre lieu de travail. On me répondra : la laïcité ! Certes, l’État est laïc ; mais pas la société. La déchristianisation de notre société pousse l’Église à sortir de sa réserve, pousse les chrétiens à évangéliser au risque sinon d’être condamnée à se replier sur elle-même et à se scléroser. C’est d’ailleurs ce qui se passe. Les jeunes générations des 18-30 ans sont beaucoup plus à l’aise pour s’afficher comme catholiques et être missionnaires dans le monde plutôt que les générations des 40 ans et plus qui sont plus réservés et sont encore dans la problématique : est-ce que j’évangélise par mes actes ou par la parole ? Aujourd’hui, pour les générations plus jeunes, venues au monde chrétiennement dans un autre contexte de société et d’Église, il est évident qu’il faut les deux. Cette génération plus jeune qui s’engage est le signe que Dieu et l’Esprit continuent de guider et de faire vivre l’Église dans le monde d’aujourd’hui. L’annonce explicite de la Bonne Nouvelle, par les paroles, par les actes, est une nécessité et une urgence pour l’Église et pour tous les fidèles baptisés. Si, en dehors d’actions prévues ou organisées par la paroisse, en dehors de ce que chacun peut faire et peut trouver pour être missionnaire, si vous êtes un peu perdus et ne savez pas trop quoi faire ou comment vous y prendre, déjà priez Marie. Elle sait comment amener Jésus, comment Le faire entrer dans une maison, dans un cœur, dans une vie.



La dernière chose que je voudrais vous dire en lien avec Marie et l’Église, c’est qu’en Marie, le démon n’a pas réussi à empêcher l’Incarnation du Fils de Dieu. Par son « oui », Marie déjoue les plans du démon. D’ailleurs, l’Écriture nous annonce dès le début de la Bible que Marie écrasera la tête du serpent. Nous voyons aujourd’hui notre Église malmenée, de l’extérieur, de l’intérieur, attaquée par ceux qui veulent la salir, la discréditer, nous la voyons attaquée aussi en son sein par elle-même. L’Église a aussi sa part de responsabilité dans les tempêtes qu’elle affronte. En tout cas, regardons Marie, figure de l’Église. Marie nous annonce déjà la victoire de Dieu. Que Marie, choisie par Dieu pour nous donner le Sauveur, veille sur l’Église de pécheurs de son Fils, qu’elle accompagne l’Église dans sa mission, pour qu’elle puisse annoncer la Bonne Nouvelle du Salut à tous ceux qui en ont besoin et qui l’attendent. Amen !

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