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Homélie du 8ème Dimanche du Temps ordinaire

Photo du rédacteur: Paroisse Saint LouisParoisse Saint Louis

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8ème Dimanche du Temps ordinaire

 

« Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

 

Frères et sœurs,

 

            Je souhaiterais méditer ce matin avec vous les textes que nous entendons en prenant en compte la proximité du Carême dans lequel nous allons entrer, l’appel à la sainteté que notre Église, ministres comme fidèles, ressent aujourd’hui comme urgent, le tout en marchant avec Ste Catherine de Sienne qui a reçu de précieux conseils sur la correction fraternelle, Ste Catherine de Sienne, soit dit en passant, qui a vécu à une période où l’Église était invitée à une profonde purification et réforme.

 

            Et je voudrais partir d’un fait simple, d’une réalité qui nous est tous familière : nous voyons assez facilement ce qui ne va pas chez l’autre, et j’étends même ceci à l’Église. Et chacun aura sa vision, son diagnostic. L’enseignement de l’Église est simple : avant de vouloir changer les choses chez les autres, dans l’Église, commence par changer ton cœur. Le premier lieu de conversion est notre cœur : « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques même pas ? » L’image que prend Jésus est intéressante parce qu’elle nous révèle que le péché nous empêche de voir, en quelque sorte il nous aveugle. Et non seulement, il nous empêche de voir, mais en plus il fausse notre vision. Toute vision de l’autre dépend du regard de celui qui regarde, mais aussi du péché qui habite celui qui regarde. Le Seigneur met justement en garde Ste Catherine de Sienne sur ce danger : « Le démon pourrait, sous le manteau de l’amour du prochain, nourrir en ton âme la racine de la présomption, pour te faire tomber dans les faux jugements que je t’ai défendus. Tu croirais juger vrai et tu jugerais de travers, en suivant ton propre avis, et souvent le démon te ferait voir beaucoup de vérités, pour t’induire dans le mensonge. » L’Évangile, pas forcément celui du jour mais l’Évangile en général, nous montre également combien le péché est aussi ce qui nous empêche d’aimer l’autre. Ainsi, frères et sœurs, pour ajuster notre relation à Dieu, aux autres, nous sommes appelés à faire la vérité sur notre vie ; et plus nous voyons de choses qui nous ne vont pas chez les autres, plus nous devons nous examiner en vérité pour nous convertir, avant de vouloir la conversion de l’autre.

 

            La première lecture évoque un révélateur effrayant de notre péché, de notre coeur, qui est notre parole : « Ainsi la parole fait connaître les sentiments. Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé, c’est alors qu’on pourra le juger » exhorte le Sage Ben Sirac. Nous avons ici la raison pour laquelle St Benoît impose le silence aux moines dans sa règle. Comme bon nombre de péchés viennent de l’usage de la Parole, en limitant cette dernière au strict nécessaire, nous limitons les occasions de péchés. Voici une piste qui peut être retenue comme effort paroissial pour le Carême qui approche.

            Ceci-dit, il faut nous garder d’une attitude simpliste et avoir à cœur d’exercer un certain discernement. Nous connaissons tous des personnes qui peuvent avoir des paroles brutes, directes, mais qui ont bon cœur ; et nous connaissons tous des personnes qui ont des paroles douces, mais dont le sens est acerbe et parfois vénimeux. Ce principe de discernement est à appliquer de la même manière à l’arbre et au fruit. Jésus donne comme règle générale : « Chaque arbre se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. » Ce principe fondamental de discernement, nous l’avons vu, a été abîmé ces dernières années par le péché de l’homme. Je pense ici concrètement à certaines communautés nouvelles qui ont vu le jour ces dernières décennies, qui ont eu de véritables bons fruits d’évangélisation,  de conversion, de sainteté (la Communauté St Jean, l’Arche de Jean Vannier, les Légionnaires du Christ, les Béatitudes et encore bien d’autres), mais au sujet desquelles on a pu découvrir, après coup, la fausseté, le péché, voire les scandales des fondateurs. Comment expliquer que ce soient à ce point mélangé le mal et le bien, le mal dans le cœur et l’âme des fondateurs et le bien dans les fruits ? On pourra toujours répondre que la grâce de Dieu est supérieure au mal commis par les hommes ; oui, c’est vrai. On pourra toujours répondre que le démon attaque l’œuvre de Dieu, justement là où l’œuvre est belle et porte du fruit, oui c’est vrai. Mais cette triste réalité nous amène aussi à être prudents dans le jugement que nous porter sur telle ou telle œuvre par rapport aux fruits que nous pouvons en voir. Il semble qu’il faille ajouter dans les critères de discernement le temps, comme l’élément qui éprouve la sainteté des œuvres ou des personnes.

 

            En revenant aux paroles de Jésus dans l’Évangile qui nous appellent à la conversion, nous sommes invités à réfléchir à la question de la correction fraternelle. Le premier élément auquel nous renvoie Jésus, lorsque l’on voit quelque chose qui ne va pas dans la vie de l’autre, c’est de nous examiner et de travailler en premier lieu à notre conversion. Le deuxième élément que nous pouvons retenir, qui est conforme à l’enseignement évangélique, est d’aller trouver la personne en question, seule à seule, et de lui parler en vérité. S’il y a réellement quelque chose qui ne va pas chez l’autre, c’est un authentique acte de charité que d’aller le trouver pour qu’il se corrige. Il ne s’agit nullement d’un règlement de compte ni de l’affichage d’une divergence, mais la préoccupation doit être le souci du salut de l’autre. Cette démarche de vérité coûte et on voit qu’il est malheureusement plus répandu d’aller ragoter aux autres ce que l’on trouve qui ne va pas, bien sûr sous les apparences d’une authentique démarche de vérité, ou bien de dénoncer à l’autorité plutôt que d’aller trouver la personne et d’aller lui parler en vérité. Sainte Catherine de Sienne donne ici de précieux conseils. Voici ce qu’elle reçoit du Seigneur : « Tu ne dois jamais reprendre particulièrement celui en qui il te semble voir ce défaut. Tu dois te contenter de corriger en général les vices de celui qui vient te visiter, et de l’exhorter à la vertu, avec charité et douceur. » En suivant Ste Catherine de Sienne, nous pouvons mettre à jour un troisième élément : l’humilité profonde qui fait que celui qui fait la démarche ne se situe pas de manière supérieure à l’autre, mais se met au même niveau que celui qu’il vient visiter. À nouveau, je cite ce que le Seigneur lui enseigne : « S’il est un vice que tu crois connaître dans le prochain, attribue-le à toi-même en même temps qu’à lui, par une constante et véritable humilité. Et si réellement il se trouve en cette personne, elle s’en corrigera mieux, en se voyant comprise si doucement. »

            En somme, l’enseignement de Ste Catherine se résume en ceci : « La correction doit toujours demeurer générale. Elle doit être accompagnée d’humilité et observer la méthode que je t’ai indiquée qui consiste à te réprimander toi-même en même temps que les autres. Je te l’ai dit ensuite et je le répète, qu’il n’est permis d’aucune manière de juger les créatures en général ni mes serviteurs en particulier. Le jugement m’appartient. Ce que vous devez au prochain toi et les autres c'est la compassion. Le jugement doit m’être réservé. »

 

            Frères et sœurs, à quelques jours de l’entrée en Carême, voici de quoi nourrir notre réflexion et notre prière sur nos relations les uns envers les autres. La correction fraternelle est un réel acte de charité qui fait grandir aussi bien celui qui l’entreprend que celui qui la reçoit. Profitons du Carême dans lequel nous allons entrer pour travailler à notre conversion pour renaître en hommes nouveaux, renouvelés par Jésus-Christ. Amen !

 
 

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