Homélie du 6ème Dimanche de Pâques
- Paroisse Saint Louis
- 27 mai
- 6 min de lecture

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6ème Dimanche de Pâques
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. »
Frères et sœurs,
Cette parole de Jésus est très claire. Elle nous dit deux choses : tout d’abord, si nous aimons Jésus, nous garderons sa Parole; l’amour implique la fidélité. Puis, si nous aimons Jésus, le Père et Jésus viendront habiter en nous. Je voudrais en premier lieu m’arrêter sur cette parole : Dieu veut habiter en nous. Dieu veut être pleinement présent dans sa créature ; il est pleinement présent en Jésus, Fils de Dieu, en qui Dieu non seulement habite mais est ; et Jésus veut habiter en nous. C’est la raison profonde et première de l’Incarnation, c’est la raison pour laquelle Dieu, en Jésus, a pris la nature humaine.
Mais pour comprendre cela, il faut bien remettre les choses dans l’ordre. L’homme est créé à l’image de Dieu c’est-à-dire qu’il demeure au fond de notre être la trace, le vestige de notre Créateur. C’est ce manque qui est inscrit au cœur de la nature de l’homme, signifié de manière imagée dans le récit de la Genèse par le fait que Dieu enlève une côte en l’homme créant ainsi un vide, un manque, au cœur de ce dernier. Il y a donc au plus profond de l’homme, en vertu de sa création, une trace de la Trinité, ce qui se vérifie par son ouverture à l’amour, à l’altérité, et à la transmission de la vie.
Une première étape dans la volonté que Dieu a d’habiter en l’homme a lieu par le sacrement du baptême. Lorsque nous sommes baptisés ‘Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit’, Dieu trinitaire vient habiter réellement sa créature.
Cette habitation de Dieu se trouve confirmée et renforcée par le sacrement de la Communion où Jésus, Fils de Dieu, vient particulièrement habiter tout notre être. En plus de l’habitation divine que renforce le sacrement de la communion, la communion viendra également nourrir et dynamiser la vie divine reçue au jour de notre baptême. (Chers Pierre et Iris, c’est ce que vous vous apprêtez à vivre à travers votre première communion en ce jour.)
Enfin, l’habitation de Dieu en nous se trouve achevée et conduite par le don de l’Esprit Saint qui vient nous donner d’agir selon les mouvements et les motions de l’Esprit de Dieu. Ce don de l’Esprit-Saint que nous fêterons particulièrement à la Pentecôte nous est donné par le sacrement de la Confirmation.
Frères et sœurs, vous remarquerez que les sacrements de l’initiation chrétienne que sont le baptême, la confirmation et la communion, sont les sacrements qui nous font devenir chrétiens mais qui, plus exactement, font que Dieu vient pleinement habiter en nous. Le baptême fait habiter en nous la Sainte Trinité, la Communion Jésus, la Confirmation l’Esprit-Saint.
Arrêtons-nous maintenant sur le rôle de l’Esprit-Saint, en partant notamment des paroles de Jésus dans l’Évangile : « Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » Les textes que nous entendons en ce jour mettent en avant 4 effets de l’Esprit-Saint.
Tout d’abord, Il est celui qui assistera les Apôtres et l’Église. Jésus l’appelle le « Défenseur ». De même que Jésus en accomplissant sa mission a été confronté à l’hostilité et au refus des hommes, de même les Apôtres et l’Église, qui ne sont pas au-dessus de leur Maître, connaîtront ces difficultés. L’Esprit-Saint est Celui qui les assistera et qui les défendra. Il est par conséquent Celui qui nous secourt lorsque nous sommes en difficulté dans notre mission de chrétien.
Il est également celui qui enseigne. L’Anglican John Henry Newman, converti au catholicisme en 1845, fondateur du Mouvement d’Oxford, créé cardinal par le Pape Léon XIII en 1879, développe de manière très juste la réalité suivante : il enseigne que tout est donné en germe dans les paroles et les actes de Jésus, mais que tout doit se développer, à l’image d’une graine qui va pousser et qui, dans le temps, va grandir et donner ses fruits. Cette croissance, ce développement au contact du monde, a lieu par l’Esprit-Saint. L’Esprit-Saint est celui qui développe et conduit l’enseignement de l’Église à partir des paroles de Jésus, à partir du donné révélé de la foi et à partir de l’Écriture Sainte. C’est ce que nous appelons dans l’Église le Magistère. Lorsque l’Église enseigne, lorsque le Pape enseigne, lorsque les évêques, docteurs de la foi dans leur diocèse, enseignent, lorsque les prêtres et les diacres prêchent et enseignent, ils sont mûs par l’Esprit-Saint, qu’il faut bien sûr écouter, pour développer et actualiser l’enseignement de l’Église.
L’Esprit-Saint est aussi celui qui actualise, il est la mémoire vivante qui présente les réalités et les faits passés dans lesquels Dieu a agi. L’Esprit-Saint, qui est en dehors du temps, ne connait pas la succession temporelle ; étant dans l’éternité, Il fait descendre les actions de Dieu dans notre temporalité, les rendant ainsi présentes. C’est notamment Lui qui, avec la présence de Jésus, actualise la liturgie et fait que cette dernière rend présentes les actions de Jésus et de Dieu dans notre aujourd’hui.
Enfin, Il est celui qui construit l’unité de l’Église et qui édifie cette dernière. La première lecture que nous avons entendue nous relate le premier conflit qui a concerné l’Église des premiers chrétiens : pour que les Païens soient baptisés, devaient-ils forcément passer par la circoncision et toutes les prescriptions de la Loi mosaïque, ou pouvaient-ils simplement recevoir le baptême ? En clair, devaient-ils passer par le Judaïsme pour devenir chrétiens, ou pouvaient-ils devenir chrétiens immédiatement sans passer par le Judaïsme ? L’Église, composée des Apôtres et des Anciens, se réunit dans ce que l’on peut considérer comme le premier concile, et va se mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint ; elle va trancher la question en n’obligeant pas les futurs chrétiens à passer par le Judaïsme et toutes les prescriptions qui lui sont liées. L’histoire nous montre donc que l’Esprit-Saint agit pleinement dans l’Église et, dans les situations de conflits, d’oppositions, Il est Celui qui trouve le chemin pour garantir l’unité de l’Église, son ouverture et sa croissance.
Voici, frères et sœurs, quelques aspects que nous pouvons méditer en ces jours qui précèdent la fête de la Pentecôte. Je voudrais terminer cette méditation sur le retour à son Père que Jésus évoque dans l’Évangile : « Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le père est plus grand que moi. » Nous nous souvenons que Saint Jean nous dit dans l’Évangile que Jésus est « le Chemin, la Vérité et la Vie. » Il est le Chemin parce que par sa nature divine et sa nature humaine, Il est Celui qui conduit notre humanité, qu’Il porte en lui, à Dieu son Père. Jésus est donc Celui qui nous conduit vers le Père. Mais l’Esprit-Saint n’est pas en reste. L’Esprit-Saint est Celui qui, au jour le jour, nous apprend à devenir fils de Dieu par la filiation divine que nous a donnée le sacrement du baptême. Au jour le jour, l’Esprit-Saint nous configure à Jésus, Fils de Dieu, qui Lui nous conduit vers le Père.
La deuxième lecture que nous avons entendue nous montre cette vision au Ciel où nous rejoindrons la Jérusalem céleste c’est-à-dire le paradis où Dieu habitera en plénitude. En nous donnant le sens ultime de notre vie qui est de rejoindre Dieu le Père, Jésus nous prépare à son départ et, par de là, nous apprend à vivre chrétiennement le mystère de la mort. Jésus nous rappelle que nous devrions nous réjouir que les personnes que nous avons connues et aimées retournent vers Dieu qui est plus grand que nous. Cela veut dire que les personnes qui quittent notre monde pour aller vers Dieu entrent dans un amour plus grand, plus parfait, qui est éternel et qui nous rendra parfaitement heureux. Peut-être parmi nous, certains ont-ils eu la grâce par moment dans leur vie de goûter quelque chose de cette éternité d’amour que Dieu, dans laquelle Dieu nous attend ? Ce qui nous attend au-delà de la mort est plus grand, plus beau et plus parfait que le meilleur de ce que nous pouvons vivre expérimenter ici-bas sur terre. Là se situe la cause de notre espérance.
Frères et sœurs, à quelques jours de la solennité de l’Ascension, puisse le Seigneur Jésus Ressuscité affermir notre foi en la vie éternelle et faire grandir en nous le désir de vivre de la vie divine et de vivre unis à l’amour de Dieu dans l’éternité. Amen !
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