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6ème Dimanche de Pâques
«Le Défenseur, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera vous souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Frères et sœurs,
Les paroles que Jésus prononce sont dites aux Apôtres avant sa Passion ; c’est-à-dire que Jésus les prépare à son départ et par-delà, à vivre en son absence. Si la liturgie nous replace ces paroles de Jésus avant l’Ascension, c’est bien pour nous préparer nous-aussi à vivre l’absence de Jésus, une fois qu’il sera remonté au Ciel. On imagine bien l’état d’esprit des Apôtres en entendant ces paroles : certainement, ne comprenant pas très bien la portée des paroles de Jésus, mais aussi habités d’une certaine tristesse dans le cœur. Et c’est la première chose que je reprends, c’est que Jésus les invite à se réjouir de son départ. Je transpose pour que nous comprenions tous bien la portée de cette invitation à la joie. Imaginons qu’une personne que nous aimons est en train de mourir et que cette personne nous invite à nous réjouir de son départ imminent…Nous serions certainement quelque peu interdits et en tout cas, nous nous interrogerions. « Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père ». Jésus, Fils de Dieu, retourne à Dieu. Il retourne d’où Il est venu et cela doit être cause de joie pour nous. Sa finalité est de vivre de Dieu et avec Dieu. C’est-à-dire qu’il ne faut pas voir dans le départ de Jésus d’abord ce qui va nous manquer dans une sorte de réaction égocentrée, mais il faut d’abord penser au bien de la personne que l’on aime. Aimer, c’est toujours faire passer le bien de l’autre avant le nôtre. Or le bien de Jésus, et de toute personne, est en Dieu et donc est d’aller vers Dieu. Nous pouvons tous réfléchir aux décès de nos proches déjà vécus ou aux décès qui approchent.
On comprend également à travers ces paroles que Jésus rassure ses Apôtres en leur promettant l’assistance et le secours de l’Esprit-Saint tout en leur donnant le moyen de Lui rester fidèle : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui, et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » L’Esprit-Saint est précisément Celui qui aidera les Apôtres, et nous-mêmes, à vivre cette absence humaine de Jésus. Il nous aidera à nous ouvrir aux nouveaux modes de présence du Ressuscité dans notre vie et à construire cette relation dans le temps avec Jésus. On parle alors de la Vie dans l’Esprit. La Vie dans l’Esprit, c’est la vie sous la mouvance de l’Esprit-Saint qui construit en nous et actualise notre relation avec Jésus, absent physiquement, mais présent sous d’autres modalités.
Qu’est-ce que Jésus nous dit de l’Esprit-Saint dans l’Évangile du Jour ? Il est d’abord celui qui nous aidera à aimer Jésus : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » L’esprit de piété, un des 7 dons de l’Esprit-Saint, est précisément celui qui nous aide à prier, à entrer en relation avec Dieu, à L’écouter et à Lui parler. Profondément, il est celui qui nous aide à l’aimer.
L’Esprit-Saint est aussi Celui qui nous aidera, une fois que nous aimons Jésus, à Lui rester fidèle dans le temps. Nous pouvons tous avoir des moments où notre volonté s’exprime, où elle manifeste de belles attitudes, de belles réactions. Mais c’est une autre chose que de durer dans le temps. Notre volonté de fidélité fera l’expérience de notre être de pécheur, de nos limites, de nos faiblesses. L’Esprit-Saint est Celui qui enracine notre fidélité à Dieu non pas dans notre volonté, mais dans l’œuvre et l’action de Dieu en nous.
Il est aussi Celui qui nous défend : « Mais le Défenseur, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom… » dit Jésus. Il est Défenseur face aux attaques du démon qui est celui qui accuse, qui divise. Il défend aussi notre fidélité attaquée par le démon. Sans aller jusqu’à des choses trop compliquées, je prends un exemple simple que nous expérimentons tous dans notre vie dans l’Esprit ; je pense à notre vie de prière. Qui n’a jamais fait l’expérience au moment où nous nous mettons à prier de subites distractions d’esprit qui nous emmènent ailleurs et nous détournent de Dieu ? et bien souvent avec les meilleures apparences ? Ceci est de l’ordre du combat spirituel, des attaques normales du démon pour nous empêcher de nous donner à Dieu. Dans ces cas-là, il convient de le démasquer, de le reconnaître et de prier l’Esprit-Saint pour Lui confier notre temps de prière. Parfois, lors d’attaques plus violentes, Il est Celui qui nous donnera les secours intérieurs nécessaires (et parfois extérieurs).
Enfin, à partir de l’Évangile du jour, Il est aussi Celui qui nous enseigne et nous affermit dans la Foi : « Mais le Défenseur, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » Il peut s’agir ici de motions ou de paroles intérieures qui nous sont données, comme aussi de l’action de l’Esprit-Saint dans l’Église qu’Il vivifie et qu’Il sanctifie. Il est notamment Celui qui conduit l’Église dans sa mission d’enseignement en éclairant le Magistère et en l’accompagnant dans sa charge. Si l’Église continue aujourd’hui à enseigner au Nom de Jésus, c’est parce que c’est l’Esprit-Saint qui s’en charge. Il est Celui qui nourrit notre foi, notre croissance, notre relation à Dieu.
Il y a un autre attribut qu’évoque Jésus au sujet de l’Esprit-Saint et qui caractérise la vie de ceux qui vivent sous la conduite de l’Esprit ; c’est le don de la paix : « Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » La paix, qui n’est pas à la manière du monde, est une paix qui ne correspond pas à une absence de conflits, synonyme d’un calme ou d’un statu quo ; non, la paix qui n'est pas à la manière du monde est une paix qui résulte de la présence de Dieu en nous, dans notre cœur, et qui peut exister dans des périodes de troubles, de conflits, d’attaques. La paix est aussi un don de l’Esprit-Saint. Justement, j’aborde ici une des caractéristiques de la vie dans l’Esprit, à savoir le fait de se confronter à des obstacles, des incompréhensions dans notre vie de foi, parfois des attaques, des conflits, dans l’Église, et de pouvoir rester en paix et rétablir, ou tout du moins, contribuer à ramener la paix. La première lecture entendue est à ce titre édifiante. Tout d’abord, les obstacles dans la vie de foi, les conflits dans l’Église, sont des signes saints. C’est le signe que notre foi, que l’Église est vivante et qu’elle est au contact du monde ou bien qu’elle est dans le monde. Une foi, une Église qui ne connaitrait ni obstacle, ni épreuve, ni conflits serait signe de mort.
Après la question porte sur la manière de vivre ces obstacles ou ces conflits et sur la manière de les résoudre. Les Actes des Apôtres nous montrent qu’il faut que chacun reste à sa place. Dans l’Église, les ¾ des problèmes naissent lorsque les uns les autres ne restent pas à leur place et se mettent à la place des autres. D’autre part, la résolution des conflits se fait bien souvent en regardant ce que l’Esprit-Saint, ce que Dieu, a fait dans la vie de tel ou tel. On voit ainsi l’œuvre de Dieu et on se range à ce que Dieu nous montre. Il faut quitter sa subjectivité, son point de vue, son avis, pour objectiver son regard et regardant ce que Dieu fait. Les Actes des Apôtres nous montrent de quelle manière l’Esprit-Saint a agi dans la vie des différents acteurs, de sorte que c’est Lui en personne, qui ouvre les chemins de paix.
Frères et sœurs, rechoisissons de vivre sous la mouvance de l’Esprit-Saint. Il est Celui qui reconstruit notre relation avec Jésus, Celui qui nous aide à L’aimer, à Lui rester fidèle, Celui qui nourrit notre foi par l’enseignement nécessaire ; enfin, Il est Celui qui nous donne la paix et nous permet de vivre dans le monde et dans la paix, ce dont notre monde a besoin aujourd’hui. Comme les Apôtres qui se préparent au départ de Jésus, préparons nos cœurs à l’attente de l’Esprit-Saint, renouvelé lors de la Fête de la Pentecôte. Amen !
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