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4ème Dimanche de l’Avent
« Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. »
Frères et sœurs,
Nous achevons ce temps de l’Avent en mettant nos regards et nos pas à la suite de St Joseph qui nous est montré comme un exemple. Dans l’Évangile de ce jour, St Joseph nous est montré comme celui qui non seulement se prépare à l’accueil du Messie, mais aussi comme celui qui participe activement au plan de Dieu, dépassant un simple accueil personnel.
Le premier élément que je reprends le concernant est le fait qu’il doit s’ajuster à Dieu en se repositionnant par rapport à Lui. Il connaît Dieu, il Le prie, Le sert. St Matthieu nous dit qu’il est un homme juste, c’est-à-dire chez les Juifs un homme pieux, humble, qui fait et recherche le Bien, qui demeure fidèle à Dieu. Son ajustement à Dieu ne l’empêche pas de se ré-ajuster à Dieu. Il accepte de renoncer à sa paternité biologique pour laisser la place à la paternité divine ; il se met au second plan, laissant la première place à Dieu. Outre l’aspect surnaturel de cette conception, on conçoit facilement le sacrifice auquel Joseph doit consentir. Il assumera une paternité protectrice, sociale envers Jésus et non une paternité originelle. St Joseph nous apprend que dans notre vie chrétienne, nous avons à nous ré-ajuster à Dieu : rien n’est jamais définitif et défini. Aussi, à son école, nous pouvons nous demander si nous acceptons nous-aussi de nous dessaisir de nos projets, de nos désirs, pour nous conformer en premier lieu à ce que Dieu nous demande. Il y a clairement une part de renoncement à soi à honorer. Je pose également une question aux papas qui exercent une paternité par rapport à leurs enfants (cette question peut aussi être envisagée d’une certaine manière du côté des mamans dans le cadre de l’exercice de leur maternité) : dans quelle mesure, à travers l’exercice de votre paternité, laissez-vous la paternité de Dieu s’exercer ? J’entends par-là trois questions distinctes : 1) quelle conscience avez-vous que la paternité divine s’exerce à travers l’exercice de votre paternité ? 2) pensez-vous l’exercice de votre paternité comme étant une paternité complète ? 3) êtes-vous ouvert à l’exercice d’autres types de paternité auprès de vos enfants ?
La paternité est un exemple éloquent du réajustement auquel consent St Joseph par rapport à Dieu. Préparer la Venue du Messie, c’est aussi accepter de se repositionner par rapport à Dieu, de chercher à ne pas faire sa propre volonté non pas pour se meurtrir, mais pour chercher à faire d’abord celle de Dieu.
Mais on ne peut réduire la contribution de St Joseph à l’œuvre du salut à un simple renoncement. St Joseph a quelque chose de propre à apporter au Fils de Dieu et il trouve sa place au milieu d’autres apports, contributions ô combien importantes. On peut distinguer trois apports déterminants. Il y a en premier lieu celui de l’Esprit-Saint qui apporte à l’Enfant la nature divine. Si Jésus est de nature divine, s’Il est Fils de Dieu, c’est par l’action de l’Esprit-Saint. Il y a en deuxième lieu Marie qui va apporter au Fils de Dieu la nature humaine. Si Jésus est aussi Fils de l’Homme, c’est par l’humanité que lui apporte Marie. Et cette contribution est essentielle au salut : le principe de l’Incarnation fait que Jésus, Fils de Dieu, vient sauver ce qu’Il assume, c’est-à-dire la nature humaine. S’Il n’assumait pas la nature humaine, Il ne pourrait pas la sauver. Et puis, il y a en troisième lieu Joseph. Comme le souligne St Matthieu, Joseph est celui qui permet l’inscription de Jésus dans la lignée de David. Et à travers cette incorporation, il fait entrer le Fils de Dieu dans un peuple, une histoire, une culture. Il permet aussi l’accomplissement des Écritures puisque les prophètes avaient annoncé que le Messie serait issu de la tribu de Juda qui est la tribu des Rois d’Israël. St Matthieu souligne cette contribution au salut concernant Joseph lorsqu’il nous rapporte que l’Ange du Seigneur donne mission à Joseph de donner le prénom de Jésus à l’Enfant. Donner un prénom dans le Judaïsme, c’est à la fois donner une identité et une mission. St Joseph a donc un rôle important à jouer dans l’œuvre du Salut et une contribution particulière et indispensable à apporter à Jésus.
Frères et sœurs, si St Joseph a une place particulière par rapport à Jésus et par rapport au plan du salut voulu par Dieu, il nous apprend que nous aussi nous avons une place dans cette œuvre de Salut et quelque chose de personnel et d’unique à apporter à Jésus. Bien sûr, Dieu n’a pas besoin de nous, mais Il permet que nous apportions notre petite pierre à l’œuvre du Salut qu’Il accomplit. Ainsi, à la suite de St Joseph, nous pouvons nous demander comment nous faisons entrer Jésus dans tel ou tel groupe, dans tel ou tel milieu, dans telle portion de l’humanité ; cela peut être notre famille, nos amis, nos relations, nos collègues de travail. On accède au salut offert en Jésus pas seulement en le recevant de manière passive, mais en y participant de manière active. Puisse St Joseph nous apprendre à voir ce que nous pouvons apporter au Fils de Dieu.
Mais la contribution unique de Joseph à l’œuvre de Dieu suppose un état de sainteté et de profondes qualités humaines et religieuses, comme la disponibilité à Dieu et l’obéissance à Dieu. Ces deux qualités s’enracinent dans une attitude de silence qui caractérise si bien St Joseph. Joseph n’est pas rempli de lui, mais de Dieu. Son silence n’est pas le silence d’un homme qui ne pense rien ou qui serait timide, il est le silence de celui qui vit en présence de Dieu et qui vit du mystère de Dieu. Son silence ne manifeste pas un vide intérieur, mais au contraire il manifeste la plénitude de foi qu’il porte en son cœur et qui guide chacune de ses pensées et de ses actions. Mettre nos pas dans ceux de St Joseph revient aussi à adopter ce silence qui est présence de Dieu, qui permet l’union et la communion avec Dieu. C’est une invitation à cultiver le recueillement intérieur tout d’abord dans notre vie de prière, mais aussi dans notre vie de tous les jours, en extériorité pourrions-nous dire. Il ne nous est pas possible d’entendre et d’accueillir le Verbe sans une attitude profonde de silence. Notre société est une société du bruit, de la parole ; on entend tout et n’importe quoi sans arrêt, des médias aux réseaux sociaux, en passant par une espèce de dérive actuelle où chacun se croit légitime et autorisé à donner son point de vue sur tout, et même au sein de l’Église et des paroisses.
Que St Joseph nous aide à cultiver et à habiter le silence dans lequel nous trouverons Dieu. Alors, nous Lui serons profondément disponibles et libres pour Lui obéir et faire Sa volonté. Alors nous pourrons participer au Salut que Dieu nous offre en coopérant selon ce que Dieu nous invite à offrir et nous quitterons les frustrations, les revendications qui parfois habitent trop le cœur des fidèles pour entrer dans la paix de Dieu. Amen !
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