Homélie du 4ème Dimanche de Carême
- Paroisse Saint Louis
- 30 mars
- 5 min de lecture

4ème Dimanche de Carême
« Mais c’était pour que les œuvres de Dieuse manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour. »
Frères et Sœurs,
Chers catéchumènes,
Tout comme dans l’Évangile de la Samaritaine la semaine dernière, la rencontre de l’Aveugle-Né avec Jésus va être décisive, elle va transformer sa vie, et faire de lui un disciple du Christ. Tout comme l’Évangile de la Samaritaine la semaine dernière, la rencontre avec Jésus peut se lire à de niveaux : un niveau naturel, autrement dit humain, et un niveau surnaturel, divin. D’un point de vue naturel, à quoi assiste-t-on ? À un miracle de Jésus qui va rendre la vue à un aveugle de naissance. D’un point de vue surnaturel, à quoi assiste-t-on ? Au fait que la vue que va recouvrer l’aveugle n’est pas seulement un sens déficient qui va refonctionner, mais il s’agit d’une vue qui va permettre de voir Dieu à l’œuvre, qui conduit à la foi, qui va permettre de reconnaître le Messie et de Le suivre.
La rencontre avec Jésus va transformer la vie de l’aveugle, puisque en raison de sa cécité, il était bloqué dans une situation de mendicité et de dépendance par rapport aux autres. Le fait qu’il recouvre la vue lui rend la possibilité de s’assumer, d’être autonome et d’être libre par rapport aux autres. C’est à ce point vrai que certains prétendront qu’il ne s’agit pas du même homme après la guérison qu’avant. La liberté que l’aveugle a recouvrée constitue les prémisses d’une liberté plus grande qui est donnée par la rencontre avec Jésus dans le sacrement du baptême. La liberté qui nous est donnée par le baptême est celle qui nous fait devenir enfant de Dieu; elle est une liberté totale sur le mal, sur le péché et sur la mort. Notre baptême restaure notre liberté initiale abîmée par le péché. Chers Catéchumènes, Frères et Sœurs nous qui sommes déjà baptisés, le sacrement du baptême nous a donné, vous Catéchumènes vous donnera, une liberté vraie, celle qui vient de Dieu, celle qui a déjà triomphé de la mort et nous fait entrer pour l’éternité dans la vie. Les uns des autres, n’ayons pas peur d’être pleinement libre dans notre relation à Dieu. Ne mettons pas de contraintes ou d’obstacles à ce que Dieu nous donne ; n’auto-limitons pas le don de Dieu. Ce n’est pas parce que nos capacités sont limitées que le don de Dieu l’est. Dieu peut tout faire dès l’instant que les cœurs Lui sont ouverts.
Mais le fait de devenir disciple de Jésus nous amène à rencontrer des obstacles : comme l’Aveugle-guéri, il nous faudra affronter les cœurs fermés à Dieu, l’incompréhension, la dérision, la moquerie, la méchanceté, le mal. Le disciple de Jésus se trouve confronté à ces combats. Certes, l’anticléricalisme, l’opposition farouche à Dieu sont moins marqués ouvertement aujourd’hui dans nos sociétés qu’ils ne l’étaient il y a quelques décennies ou quelques siècles. C’est tout simplement parce que l’Église est bien moins forte et la foi chrétienne également. Notre société est plutôt depuis quelques décennies dans une sorte d’indifférentisme religieux, avec une mentalité laïcisée, matérialisée qui rend les gens indifférents à la question de Dieu. Mais ce tableau est partial et incomplet, car depuis plusieurs années, nous voyons surgir et grandir de nouvelles pousses chrétiennes, heureuses promesses d’un renouveau et d’un rajeunissement pour l’Église. Ici à Vernon nous sommes certainement privilégiés, mais cela s’observe partout en France et de manière assez récente. C’est la Frères et Sœurs, que nous ne pouvons qu’admirer la force de notre pays qui a des racines profondément chrétiennes. Les mentalités passent, les idéologies se succèdent, la pratique religieuse varie, décline, mais les racines sont toujours là et permettent une renaissance profonde. Bien sûr, il y aura toujours des disciples de Jésus qui rencontreront une profonde hostilité parce qu’ils sont devenus chrétiens, parce qu’ils choisissent de ne pas vivre comme le monde ou de vivre différemment. Mais aujourd’hui nous observons une majorité de nouveaux disciples du Christ qui, dans ce climat d’indifférence religieuse prononcée, suscitent un questionnement bienveillant et amènent beaucoup de leurs proches à rejoindre le peuple de Dieu et l’Église. Nous le voyons à travers les enfants au catéchisme qui ramènent leurs parents à l’Église ; nous le voyons à travers les catéchumènes qui, par bouche-à-oreille, font venir leurs amis. Et ce mouvement est assez fort au point que l’on s’étonne, moi en premier, que la publicité faite à l’Église dans l’opinion, les médias, suite à la question des abus (et pour une part, reconnaissons-le, à cause de l’Église elle-même), ne semble pas freiner ou gêner ce retour à Dieu. Profitons-en ! Ceci dit, le disciple de Jésus, à la suite de Jésus au désert, devra se confronter au mal, à l’hostilité et à l’opposition de ceux qui ne veulent pas Dieu et qui combattent Dieu. C’est ici que, comme dans l’Évangile, Jésus viendra rejoindre chacun d’entre nous et nous inviter à un acte de foi dans le fait qu’il est le Messie. Alors notre foi s’en trouvera affermie et renforcée.
Mais ne nous trompons pas d’objectif. La mission première du chrétien n’est pas de combattre le mal mais de faire le bien. Et ce n’est pas tout à fait la même chose. Il s’agit de faire le bien, et en faisant le bien, de combattre le mal. Mais l’objectif premier est de contribuer au Bien que Dieu veut pour les hommes, pour notre monde. Écoutons Saint-Paul dans la deuxième lecture du jour : « Mais quand ces choses-là sont démasquées, la réalité apparaît grâce à la lumière, et tout ce qui apparaît ainsi devient lumière. » C’est la lumière qui éclaire les ténèbres et permet de les discerner. La recherche du Bien doit objectiver et orienter toute notre vie. Je vous donne comme exemple la réponse de Jésus à la question du mal que supporte l’Aveugle-Né, lorsqu’on lui demande si sa cécité est la conséquence de son péché ou celle de ses parents. Réponse de Jésus : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé tant qu’il fait jour. » Jésus va effectivement combattre le mal, mais en faisant en premier lieu le bien. Notre vocation est d’être des êtres de lumière. Je vous relis l’exhortation de St Paul aux Éphésiens : « Frères, autrefois vous n’étiez que ténèbres ; maintenant dans le Seigneur vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière, or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité. (…) Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon ; démasquez-les plutôt. »
Que l’approche de la fête de Pâques et du renouvellement de notre baptême nous encourage à remettre notre vie sous le regard de Dieu pour pouvoir nous libérer en vérité des compromissions avec les ténèbres et pour rechoisir de faire le bien. Amen !
Comentários