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4ème Dimanche de Carême
« Va te laver à la piscine de Siloé. »
Frères et sœurs,
Chers catéchumènes,
Chers enfants qui faîtes votre dernière étape de baptême,
L’Évangile de l’Aveugle-né que nous venons d’entendre rapporte une guérison de Jésus ; mais cet évangile pose aussi la question que nous nous posons tous, qui est celle du mal, du désordre qui existe dans notre monde, dans notre vie mais également dans notre cœur. Cette existence du mal est liée à celle du péché originel qui nous marque tous. Dans le Judaïsme prévalait la doctrine de la rétribution qui consistait à ce que je paye pour les péchés que j’ai commis. Cette rétribution pouvait être directe : j’ai péché, je paye mon péché en étant puni ; ou bien elle pouvait être indirecte : j’ai péché donc un de mes descendants payera pour moi ou alors je paye moi-même pour un de mes ascendants. Jésus balaye définitivement cette doctrine lorsque ses disciples lui demandent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Réponse de Jésus : « Ni lui ni ses parents n’ont péché. » Cette réponse est bien à graver dans notre cœur car cette doctrine continue d’exister en nous. Qui parmi nous n’a jamais entendu cette question : « Qu’est-ce-que j’ai fait au Bon Dieu pour mériter cela ? » Bref, nous faisons tous l’expérience du mal injuste dans notre vie qui n’est pas forcément imputable à notre responsabilité personnelle, mais à l’existence du péché originel qui a introduit un désordre dans la création et les créatures.
Alors, il est intéressant de regarder comment Jésus va guérir l’Aveugle de naissance. Il crache à terre, et avec sa salive, prend de la terre, fait de la boue et l’applique sur les yeux de l’Aveugle. Puis Il l’envoie se nettoyer dans la piscine de Siloé. Il ne vous échappera pas que Jésus qui prend de la terre, fait de la boue et l’applique sur les yeux de l’Aveugle est un geste de création. Jésus retouche la création, en quelque sorte, Il la corrige. Non pas qu’elle ait été mal faite, mais parce qu’elle a été abîmée par le péché originel. Puis Il envoie l’Aveugle se nettoyer dans l’eau de la piscine de Siloé. Cette plongée dans l’eau de la piscine est une image du baptême qui vient restaurer notre création réparée par Jésus. Cela veut dire, Frères et sœurs, que le baptême restaure et renouvelle notre création abîmée par le péché, en nous en délivrant. Il arrive que dans notre vie, nous ayons le désir profond de devenir une personne nouvelle, ou tout du moins libérée de telle ou telle réalité, lourdeur, péché. Mais le baptême fait de nous des êtres nouveaux, libérés du péché qui est la cause de tout mal. Lors de notre entrée en Carême, le Mercredi des Cendres, j’avais abordé la question de ceux qui souhaitaient revivre leur baptême. Je disais que chacun de nous avait cette possibilité notamment lors de la Vigile pascale, de redire « oui » à son baptême en en reprenant les engagements. C’est à cela que nous nous préparons pendant ce temps de Carême : être renouvelés dans notre création profonde en laissant Jésus toucher notre corps et notre âme à travers l’eau bénite avec laquelle nous serons aspergés.
Ce que je dis là de manière un peu théologique nous est illustré lors d’une des apparitions de la Sainte Vierge à Bernadette à Lourdes. La Sainte Vierge demande à Bernadette de se mettre de la boue sur le visage puis d’aller se laver à la fontaine. La boue sur le visage de Bernadette n’est pas là un geste de recréation ; elle est le signe de la laideur du péché qui défigure la beauté de la créature. Mais le lavage du visage avec l’eau de la fontaine est l’image du sacrement du baptême qui lave du péché et redonne toute sa beauté à la créature. Voilà, chers amis catéchumènes et chers enfants qui allez être baptisés, ce que va vous donner le sacrement du baptême.
Je terminerai par un autre aspect du baptême, présent dans l’Évangile du jour. Le fait d’être baptisé vous appellera à rendre compte de votre foi en Dieu et en Jésus. Avant sa guérison, l’Aveugle-né n’est pas embêté ; après, il doit rendre des comptes ; il doit se justifier ; il sera même exclu. Le chemin du baptême est un chemin qui nous appelle à rendre compte de notre foi, à affronter l’indifférence par rapport à Jésus, parfois l’incompréhension mais aussi l’opposition à Jésus. Rappelons-nous que Jésus baptisé part au désert et que là, Il va devoir affronter le démon. Le chemin du baptême est aussi un chemin de combat. Jésus le dit ailleurs dans l’Évangile lorsqu’Il annonce que désormais les familles seront désunies à cause de Lui. C’est-à-dire que le fait de se prononcer pour Jésus, de croire en Lui, ne transforme pas seulement notre manière de voir, comme l’Aveugle-né de l’Évangile, mais cela transforme aussi nos relations les uns envers les autres. Certaines relations s’arrêteront ; d’autres seront abîmées, d’autres naîtront. Il y aura un renouveau dans nos relations. Mais lorsque nous serons confrontés à ces difficultés au Nom de Jésus, si nous sommes mis de côté, peut-être rejetés ou exclus, regardons l’Évangile : Jésus vient rejoindre l’Aveugle-né guéri et le fortifie dans sa foi. Jésus nous rejoindra, Il nous fortifiera et Il fera de nous des êtres missionnaires qui témoigneront de Lui.
Chers amis catéchumènes, chers enfants qui vous préparez au baptême, vous n’imaginez pas combien votre témoignage fait bouger les gens autour de vous. Combien d’enfants qui demandent le baptême aujourd’hui conduisent leurs parents à se rapprocher de Dieu ! Combien de catéchumènes par leur démarche donnent envie à leur entourage de franchir le pas qu’eux-mêmes ont franchi ! C’est Jésus qui au fond des uns et des autres donne attire à Lui. Prions pour tous ceux qui se préparent au baptême : que la Sainte Vierge les aide à rencontrer Jésus en vérité, en profondeur et qu’elle les aide à vivre sereinement et dans la paix la part de combat spirituel propre à tout chrétien. Amen !
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