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33ème Dimanche Temps ordinaire
« De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. »
Frères et sœurs,
À l’approche de la fin d’année liturgique, nous entendons des textes qui nous parlent de la fin des temps et qui nous préparent en même temps au temps de l’Avent qui va arriver prochainement, temps de l’Avent qui a la particularité de nous ouvrir à la Venue du Seigneur. La liturgie nous dit à sa manière que la fin des temps et la venue du Seigneur sont liées.
« En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées. » Nous sommes dans un scénario catastrophe, type fin du monde. Et pourtant frères et sœurs, c’est, par bien des aspects, ce que nous vivons. Nous aussi, nous voyons les puissances célestes ébranlées : les inondations, les tempêtes qui ravagent tout, les volcans qui se réveillent, la dégradation de la nature (ça vous en entendez parler tout le temps), mais ajoutons encore les fléaux, les épidémies, notamment le Coronavirus dont on se demande s’il finira par avoir une fin… En fait, nous vivons ce qui est décrit. J’attire votre attention sur un point. Oui, pour une part nous vivons des aspects qui caractérisent la fin de monde, parce que nous sommes depuis la Résurrection de Jésus dans ce que l’on appelle la fin des temps, je reviendrai sur ce point plus loin. Mais prenons garde à toute la littérature pseudo-religieuse qui se développe et se répand un peu partout, surtout sur internet et les réseaux sociaux, qui nous enferme dans des scénarios catastrophes, apocalyptiques. Et ces derniers sont renforcés à coup de révélations privées, c’est-à-dire non reconnues par l’Église. Il y a une différence fondamentale entre reconnaître que nous sommes dans la fin des temps, avec des éléments de type catastrophe, et enfermer les gens dans des scénarios pessimistes de fin du monde.
L’élément important qui concerne notre temporalité, et qui est le propre des chrétiens, est le suivant : c’est qu’un chrétien sait lire et décoder ce que nous vivons. Et il y a plusieurs lectures, au moins 3, que je voudrais vous proposer.
La première lecture de ces évènements est qu’il y a derrière un appel à la conversion, à revenir à Dieu, à vivre de manière harmonieuse avec la nature, les uns avec les autres. Toute l’histoire sainte est remplie de cela. Il n’y a pas que les Israélites (ou les Bretons) qui ont la tête dure, la nuque raide comme dit la Bible, mais tout homme, qui n’écoute pas Dieu, qui veut décider de lui-même ce qui est bien ou ce qui ne l’est pas. Et comment dans notre histoire Dieu s’y prend-il pour faire revenir l’homme à sa condition de créature, limitée, faillible ? Il permet que nous soyons ébranlés par tous les évènements décrits. Donc, un chrétien qui connait un peu son histoire sainte et qui prie, sait lire notre temporalité. Il était remarquable, qu’au début de l’épidémie du COVID, notre monde a eu peur. Et on a senti une remise en cause assez profonde et générale…mais très vite passée, le but étant, pour notre monde, de revenir « à la vie d’avant ». On peut se réjouir du souci de sauvegarde de la planète et de la nature dont on entend parler sans arrêt…mais, comment notre monde peut-il bien aller, quand le plus petit n’est pas respecté dans le ventre de sa mère ? lorsque l’on décide par soi-même de ce qui est bien ou mal, mettant de côté ce que Dieu nous a révélé ? quand nos modes de vie se construisent en opposition à ce que Dieu nous demande ? bref, il y a derrière tout cela un appel à la conversion qu’il nous appartient à nous, chrétiens, d’entendre et d’y répondre. Tout d’abord, personnellement, puis ensuite en essayant de relayer ces appels et de rendre possible les conversions nécessaires, ce qui passe par l’engagement associatif et politique.
La deuxième lecture qu’un chrétien peut faire est que derrière tous ces évènements est toujours cachée la venue du Seigneur. C’est sur ce point que nous différons totalement des scénarios pessimistes et catastrophiques : ces évènements, si brutaux et si violents soient-ils, ne sont plus seulement des appels à la conversion, mais deviennent des évènements permettant la Venue du Seigneur. Plus précisément, ils ne font pas que permettre la venue du Seigneur, mais ils sont de manière voilée la venue du Seigneur. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Jésus : « De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. » « À votre porte », c’est-à-dire qu’il revient à chacun de nous d’ouvrir la porte et d’accueillir le Seigneur.
Dans tous les évènements que nous vivons, ceux évoqués plus haut, mais aussi ceux de notre vie quotidienne, dans tout ce qui a l’apparence d’un échec, d’un bouleversement à travers un problème de santé, de travail, de famille, à travers une trahison, une déception profonde, est-ce que nous cherchons la présence de Dieu ? Car, intellectuellement, nous savons qu’Il est partout présent. Mais est-ce que nous el cherchons avec l’intelligence du cœur ? La foi nous dit qu’Il se rend présent dans toutes ces situations. En Le cherchant, nous allons forcément nous décentrer de nous-mêmes et par la force des choses, nous allons regarder différemment la situation que nous vivons. Encore une fois, c’est une réalité importante pour nous et pour notre monde : un chrétien ne regarde pas la réalité du monde de la même manière que ceux qui n’ont pas la foi. Un chrétien, par la foi qui l’habite, voit au-delà de la nature, il voit de manière surnaturelle la présence voilée de Dieu, et je dirais même, qu’un chrétien a le devoir de révéler cette présence mystérieuse et voilée de Dieu à ceux qui ne le voient pas.
La troisième lecture que fait un chrétien de cette situation de fin de temps, c’est que le chrétien sait que nous sommes dans la fin des temps depuis la Résurrection de Jésus et il sait que la fin de l’homme est en Dieu. Il faut se défaire de l’idée selon laquelle la fin des temps correspond seulement à un moment précis. La fin des temps est aussi une temporalité qui dure dans le temps. Mais la fin de notre monde, la fin de l’homme est ultimement en Dieu. L’homme est mortel, oui. Pourtant sa fin, au-delà de la mort, est en Dieu. Notre monde est périssable, oui. Pourtant la parole de Dieu donnée à l’homme est impérissable. Notre fin, notre éternité se construit dans notre rapport à la Parole de Dieu, dans la prière, par l’Écriture, par l’accueil du Verbe de Dieu dans nos vies qu’est Jésus. Voilà comment l’homme doit construire sa fin. L’éternité avec Dieu et en Dieu, qui est notre finalité, s’épanouira dans la Résurrection à la fin des temps, résurrection entrevue dans la prophétie de Daniel entendue dans la première lecture. Pour un chrétien, la fin des temps est indissociable de la perspective de la Résurrection qui est la puissance de Vie de Dieu. La fin des temps, c’est la Vie et non la destruction et la mort.
Frères et sœurs, profitons de ces textes pour méditer sur les évènements de notre vie, pour les relire à la lumière de la présence et de la venue du Seigneur. Préparons ainsi notre rencontre décisive avec Dieu et puissions-nous apporter à notre monde, à notre mesure, la lumière de Dieu qui lui manque. Amen !
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