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31ème Dimanche du temps ordinaire
Frères et sœurs,
Vous connaissez tous très bien ce récit de Zachée qui cherche à voir Jésus, qui va l’accueillir chez lui et convertir sa vie. Je vous propose de relire ce récit en ses trois temps (désir de voir Jésus- accueil-conversion) dans une perspective eucharistique et missionnaire.
Zachée cherchait à voir qui était Jésus. Les foules cherchent à voir Jésus, à l’approcher, à le toucher. Hérode aussi, celui qui fera décapiter Jean-Baptiste, cherche à voir qui était Jésus. En tout homme, il y a le désir de voir Dieu. Mais ce désir rencontre des obstacles. Zachée est contraint de monter sur un sycomore pour voir Jésus. Sa petite taille l’en empêche, la foule aussi. Le paralysé couché sur une civière ne pourra accéder à Jésus en raison de la foule. L’Evangile nous apprend que si tout homme a au fond de lui le désir de rencontrer Dieu, tout homme connaît aussi des obstacles ou bien personnels ou bien liés aux autres, qui contrarient le rencontre de Jésus. Comment gérons-nous ces obstacles ? Est-ce que nous nous en servons pour nous décourager, pour ne plus chercher à rencontrer Jésus ? ce qui peut être une facilité. Est-ce qu’au contraire, nous cherchons à les surmonter ? Quoi qu’il en soit, la réponse vient de Jésus qui connaît notre désir et nos difficultés et qui vient de lui-même à nous. « Jésus leva les yeux et dit : ‘Zachée descend vite : Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison.’ » L’Evangile nous enseigne à passer du désir de voir Jésus, désir contrarié par toutes sortes d’obstacles, au fait de le découvrir chez nous, en nous. Premier enseignement de l’Evangile : arrêtons de chercher Jésus à l’extérieur de nous ; mais cherchons Le d’abord en nous ; descendons en nous comme le demande Jésus à Zachée. Il est Emmanuel, Dieu avec nous. Il est en nous. C’est la première conséquence de l’Incarnation du Fils de Dieu.
« Aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Jésus entre dans nos vies de la manière la plus simple qui soit : Il nous demande un service. Comme il demanda aux pêcheurs André et Pierre, Jacques et Jean de mettre à sa disposition une barque. Le service qu’Il demande est en quelque sorte imprévu. C’est « aujourd’hui ». Frères et sœurs, prenons garde à ne pas remettre sans arrêt à demain les invitations, les sollicitations qui nous sont faites. Souvent Dieu se cache derrière. L’invitation faite à Zachée de descendre de son arbre est aussi une invitation faite à descendre en Lui, à s’humilier. Pour trouver Dieu, il faut s’appauvrir, se dépouiller, s’abaisser.
Enfin, la conséquence de l’accueil de Jésus dans sa maison est que Zachée convertit sa vie. Il se détache de ses biens, les donne aux pauvres. Sa conversion est le signe d’une véritable rencontre avec Jésus : détachement et don.
Alors, je vous propose maintenant ce récit dans une perspective eucharistique, dans une perspective de Communion physique ou bien spirituelle. Quel désir avons-nous d’accueillir Jésus en nous ? et quels fruits de conversion révèlent notre communion au Corps du Christ ?
Nous savons que Dieu ne fait rien sans nous ; Il recherche et suscite notre coopération. Plus nous sommes ouverts à Lui et plus Il nous habite. Prenons garde à ce que nos communions ne soient pas machinales, habituelles. Ces dernières décennies, la communion eucharistique est devenue comme quelque chose d’automatique, parfois comme un droit. Ce ne sont pas de bonnes dispositions pour recevoir le Corps du Christ. Une communion ne doit jamais être automatique. Il y a tout d’abord la question du péché. Suis-je en état de communier ? N’ai-je pas de péchés graves sur la conscience ? Et puis, interrogeons-nous sur notre désir de communier. Plus notre désir sera grand de recevoir Jésus, plus notre cœur Lui sera ouvert, plus Il pourra faire de grandes choses. Mais l’absence de désir éteint notre ouverture et notre coopération. La communion faite avec des péchés graves non confessés est une offense à Dieu ; la communion faite sans désir n’est ni respectueuse, ni digne de Dieu.
Quant aux fruits de notre communion, quels sont-ils ? Saint Jean-Paul II disait qu’on évaluera l’authenticité de nos eucharisties (sur un plan personnel et communautaire) aux fruits d’unité, d’amour et de pardon que nous pouvons vivre dans nos vies tant personnelles qu’en Eglise. Les contre-témoignages sont ici redoutables ! Demandons-nous si nous portons de tels fruits de conversion dans notre vie chrétienne.
Nous pouvons aussi faire une lecture missionnaire de cette rencontre entre Zachée et Jésus en nous arrêtant plus particulièrement sur le désir de Dieu chez l’autre et sur l’appel à la conversion. Dans les rencontres que Jésus vit avec des personnes, l’Evangile nous montre comment Jésus parvient à faire surgir du fond même de la personne le désir de Dieu. Réussir à faire surgir du cœur d’une personne le désir enfoui de Dieu permet à cette personne d’engager sa propre liberté pour rencontrer Dieu. C’est ainsi que nous devons évangéliser et être missionnaire. Travaillons à mettre à jour le désir de Dieu dans le cœur des enfants que, vous parents, vous avez ; travaillons à mettre à jour le désir de Dieu dans le cœur des enfants qui nous sont confiés à travers le catéchisme, l’aumônerie. Sachons mettre à jour ce désir dans le cœur des personnes que nous rencontrons ou que nous côtoyons. Là réside une des clés de la mission d’évangélisation.
Quant aux fruits de conversion, sachons les attendre d’une rencontre avec Jésus, mais prenons garde à ne pas les exiger préalablement, avant la rencontre avec Jésus. A être parfois trop exigeants dans ce que l’on exige des gens se rapprochant de l’Eglise, on risque parfois de contrarier une rencontre ou une conversion. L’exigence évangélique naît de la rencontre avec le Christ; mais elle ne peut être attendue de manière effective auparavant, même si elle peut s’exprimer dans le désir. Si Jésus n’avait été que chez des justes, Il n’aurait pas converti grand monde !
Puisse cette rencontre de Jésus et de Zachée nous amener à approfondir notre désir de Dieu, puisse-t-elle nous amener à approfondir notre Communion avec Jésus et faire de nous des missionnaires plus ajustés et plus ardents pour nos frères et sœurs. Amen !
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