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Homélie du 3ème Dimanche de Pâques


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3ème Dimanche de Pâques,

« C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples. »

 

Frères et Sœurs,

 

            Le passage d’Évangile que nous entendons ce dimanche se situe à la fin de l’Évangile selon saint Jean. Il en constitue une sorte de synthèse. Du reste, en l’écoutant, vous aurez certainement reconnu vous-même trois allusions à des évènements déjà vécus entre Jésus et ses disciples. Premièrement la pêche miraculeuse, qui est le contexte de l’appel des 4 premiers disciples. Souvenez-vous, Jésus s’approchait de deux couples de frères, Simon-Pierre et André, Jacques et Jean et, après leur avoir demandé s’ils avaient pris des poissons pendant la nuit, Il les invitait à jeter les filets à droite. Ils prirent énormément de poissons et, devant ce miracle, Pierre se prosternait devant Jésus et confessait déjà sa divinité.

Nous trouvons également une allusion à l'épisode de la multiplication des pains et des poissons où Jésus donnait Lui-même à manger aux foules. Une fois revenu sur le rivage dans l’Évangile du jour, Jésus donne à ses disciples des pains et des poissons.

Enfin la troisième réminiscence est qu’à nouveau, Jean reconnaît tout de suite de Jésus Ressuscité, et à nouveau, Pierre, bien plus lent, arrive plus tardivement à Jésus Ressuscité, comme au matin de Pâques où Jean arrive le premier et affirme en premier la Résurrection de Jésus.

            Que signifie cette sorte de synthèse ?

Tout d’abord, elle signifie que le Ressuscité se fait reconnaître à travers des évènements ou des situations que les Apôtres ont déjà vécus. Cela aide à la reconnaissance du Ressuscité.

            D’autre part, notamment au sujet de la pêche miraculeuse, cela signifie que la fécondité, la réussite de la mission, dépend de l’écoute, de l’obéissance et de la confiance à ce que Jésus dit. Dans le premier récit de la pêche miraculeuse, lorsque Jésus appelle ses 4 premiers disciples, le message était clair : en écoutant cet homme Jésus qui parle, en Lui faisant confiance, nous réussirons notre entreprise. Dans le récit de la pêche miraculeuse que nous entendons dans l’Évangile de ce jour, le message est tout aussi clair : en écoutant cet homme Ressuscité qui nous parle, l’entreprise réussira. Dans les deux cas, la fécondité de l’entreprise, symbole de la mission, dépend de l’écoute et de l’obéissance à ce que Jésus dit, que Jésus soit dans sa corporéité, nous allons dire ‘naturelle’ au début de son ministère, ou que Jésus soit dans sa corporéité ‘ressuscitée’ comme nous l’avons dans l’Évangile de ce jour. Nous voyons que Jésus prépare ses disciples et ses Apôtres à assumer et à conduire la mission de l’Église, quel que soit son mode de présence, que Jésus soit dans sa corporéité ‘naturelle’ ou dans sa corporéité ‘ressuscitée’. Dans quelques jours, quelques semaines, les disciples et les Apôtres devont continuer à écouter Jésus Ressuscité et à Lui obéir alors qu’Il ne sera plus présent dans son humanité ressuscitée et qu’Il sera remonté au Ciel.

 

            Cette troisième apparition du Ressuscité aux Apôtres nous apprend également une vérité importante, liée à la réalité de la Résurrection : il s’agit de la résurrection de la chair. Croire que Jésus est ressuscité ne se limite pas à croire que la vie continue au-delà de la mort ou qu’elle s’épanouit au-delà de la mort, en Dieu et avec Dieu. Croire en Jésus ressuscité implique que la mort, qui consiste en la séparation de l’âme et du corps, n’a pas dit son dernier mot et que par conséquent la Résurrection consiste en une union nouvelle entre l’âme, immortelle, et le corps, mortel. La Résurrection implique donc une nouvelle union entre le corps et l’âme. C’est là que la corporéité de Jésus ressuscité est pour nous instructive. Dans la résurrection, notre âme ne s’unira pas à notre corps, tel que nous l’avons connu ici-bas sur terre. Et je vous l’ai déjà dit sous la forme d’une boutade, mais avec un corps de quel âge ressusciterons-nous ? 5 ans ? 15 ans ? 30 ans ? 90 ans ? Il ne faut pas penser la Résurrection de la chair à partir de nos données humaines. D’ailleurs, Jésus nous le montre en apparaissant à qui Il veut, quand Il veut, en nous montrant qu’Il n’est plus soumis aux limites de l’espace et du temps. Mais pourtant Jésus a un corps. Il montre à Thomas la marque des clous. Devant ses Apôtres, Il va manger du poisson. Jésus n’est donc pas un fantôme, un pur esprit.

            Le dogme de la Résurrection de la chair que nous proclamons chaque dimanche dans le Credo est mystérieux ; mais si nous pouvons le proclamer, c’est bien parce que Jésus est ressuscité avec un corps. Or, comme Jésus a assumé en tout point notre humanité, ce qu’Il vit est ce que nous vivrons. Si Jésus est ressuscité avec un corps, non plus soumis aux limites de notre humanité, cela veut dire qu’alors nous ressusciterons nous-mêmes avec un corps qui ne sera plus soumis aux limites de notre humanité.

            Saint Paul a réfléchi à cette question et il trouve une terminologie nouvelle en parlant du corps ‘glorieux’, c’est-à-dire du corps dans son aspect ressuscité, nouvellement uni à l’âme. La Résurrection de la chair, ainsi comprise, nous permet d’espérer et de croire que le corps que nous retrouverons dans la résurrection sera un corps délivré de toutes ses limites et ses infirmités.

 

            Alors, l’Évangile de ce jour, après nous avoir ouvert à la présence du Ressuscité qui conduit son Église et la mission, non plus dans une corporéité naturelle, mais désormais dans une corporéité ressuscitée, après nous avoir instruit sur le fait que la Résurrection des morts implique l’union de notre âme avec un corps glorieux, l’Évangile nous achemine vers la question de la mission de l’Église, et plus particulièrement, de la mission de Pierre, chef et responsable de l’Église.

            Ce qui frappe au premier abord dans l’échange entre Jésus et Pierre, c’est la triple confession que Jésus demande à Pierre. Nous comprenons que la triple confession permet de racheter le triple reniement de Pierre au moment de la Passion. Ce que la peur avait lié au moment de la Passion se trouve délié par l’Amour. Par ailleurs, il convenait que Jésus confirme la mission confiée à Pierre. Entre différentes annonces de la Passion, Jésus avait demandé qui Il était aux yeux de ses Apôtres. Pierre, ayant répondu justement, avait reçu la mission de Jésus d’être le chef de l’Église. Plus tard, Jésus prophétisant le reniement de Pierre, lui donnait déjà le pardon, notamment en lui lavant les pieds au soir du Jeudi Saint. Si tout avait déjà été annoncé et pardonné, il convenait que Jésus confirme à nouveau la mission confiée à Pierre, après être revenu de son reniement.

            Un autre aspect mérite d’être relevé dans cet échange. C’est qu’à chaque fois, Jésus confirme à Pierre la mission d’être le Pasteur de ses brebis, enracinant la mission dans la confession de l’amour que Pierre porte à Jésus. Autrement dit, la mission assumée par Pierre, et par-delà la mission assumée par l’Église, s’enracine dans la confession de l’Amour de Dieu au service duquel elle est, et qu’elle contribue à développer. C’est au nom de l’Amour que Pierre porte à Jésus, et au nom de la miséricorde que Jésus fait à Pierre, que ce dernier pourra conduire l’Église. La mission de l’Église n’est pas par essence l’exercice d’un pouvoir, elle est la manifestation et le développement de l’amour que nous portons à Dieu et de la miséricorde que Dieu nous accorde. Le lien entre la confession de l’amour et la confirmation de la mission donnée à Pierre nous redit également que c’est l’amour qui rend fécond la mission de l’Église.

            Il est enfin à noter que Pierre reçoit la confirmation de sa mission après avoir fait l’expérience de Jésus Ressuscité. Les Apôtres, Pierre, ne peuvent pas seulement être des personnes qui ont vécu avec Jésus, mais elles doivent être des personnes qui ont fait l’expérience de vivre avec et de rencontrer Jésus Ressuscité.

 

            Frères et sœurs, il y aurait beaucoup à méditer sur le lien entre l’Amour de Dieu et la Résurrection, ce que j’ai déjà évoqué lors de la Solennité de Pâques, entre l’Amour de Dieu et la fécondité de la mission de l’Église. Je retiens de l’Évangile de ce dimanche qu’après l’affermissement de la foi de ses Apôtres en sa propre Résurrection, Jésus confirme la mission de Pierre. C’est-à-dire que la mission de l’Église s’enracine dans l’expérience du Ressuscité ; et pour dire les choses autrement, cela signifie qu’avant d’être envoyée en mission, l’Église doit avoir affermi sa foi en la Résurrection. C’est la raison pour laquelle la Pentecôte ne vient pas immédiatement après Pâques car il y a besoin d’un temps de formation avec et sous le regard de Jésus Ressuscité avant que l’Église soit envoyée dans le monde. Il en va ainsi pour chacun de nous, pour la mission de l’Église aujourd’hui. Pour être féconde, la mission de l’Église doit s’enraciner dans l’Amour de Dieu, dans l’expérience du Ressuscité ; l’Église doit être formée correctement.

En ce dimanche, à quelques jours de l’entrée des Cardinaux en Conclave, prions pour le discernement et le choix que poseront les cardinaux : que ces derniers demeurent fidèles à l’écoute de l’Esprit-Saint et à Jésus Ressuscité pour le bien de l’Église. Amen !

 

           

 
 
 

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