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Photo du rédacteurParoisse Saint Louis

Homélie du 3ème Dimanche de Carême


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 3ème Dimanche de Carême

 « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »

 


Frères et sœurs,

 

 Nous connaissons bien ce récit des vendeurs du Temple que Jésus chasse. Comment entendre ce récit dans la période de carême dans laquelle nous sommes ? Jésus appelle à respecter le Temple, ce qui est une image de notre relation à Dieu qui à purifier. « Ne faites pas de la maison de mon père une maison de trafic » est à entendre comme un appel à purifier notre relation à Dieu et à sortir d’une relation de discussion, de marchandage ou de commerce avec Lui. Le carême est en effet un temps de retour à Dieu, un temps où nous sommes appelés à davantage soigner notre prière et à faire de cette dernière un lieu d’accès et de relation privilégiée à Dieu.

 

Comment purifier notre relation à Dieu ? À la suite de la première lecture, en vivant selon la Loi donnée par Dieu à Moïse. Nous pouvons tous reprendre les 10 commandements et voir comment ces derniers structurent et orientent notre vie chrétienne. Nous pouvons même méditer à partir de ces 10 commandements pour préparer notre confession avant Pâques. Ceci dit, ne perdons pas de vue que la Loi donnée par Dieu est une aide pour structurer notre relation à Lui, mais elle n’est en aucun cas une fin en elle-même. Saint-Paul le redira de manière très claire : la finalité de la Loi est l’exercice de la charité.

Nous pouvons dans un deuxième temps regarder de quelle manière l’amour irrigue notre vie chrétienne, que cela soit dans notre relation à Dieu, ainsi que dans la relation à nos frères et sœurs. La purification de notre relation à Dieu se joue également dans une plus grande gratuité vis-à-vis de Dieu ; elle consiste à aller à Dieu pour lui-même et non pour nous ou par intérêt. En ce sens, interrogeons-nous sur la place que tient la prière d’action de grâces notre vie spirituelle. La prière d’action de grâces, même si elle concerne nos proches ou bien nous-mêmes, a Dieu pour cause première. Elle nous conduit donc à nous décentrer de nous-mêmes pour nous ouvrir à l’œuvre de Dieu en nous. L’adoration du Saint-Sacrement est en outre un véritable lieu de croissance dans la gratuité par rapport à Dieu. À l’adoration, il faut apprendre à venir à Jésus pour Lui-même, il faut apprendre à pouvoir perdre du temps pour Lui et non par intérêt pour nous. Quelle belle perspective que de pouvoir nous dire qu’au cours de ce carême nous aurons grandi en gratuité dans notre relation par rapport à Dieu. Nul doute que Dieu saura féconder cette gratuité !

 

            La suite de l’Évangile de Saint-Jean nous fait passer de cette relation à Dieu, purifiée, à l’annonce prophétique de la Résurrection de Jésus : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai ». Jésus nous fait passer du Temple de Jérusalem à son propre corps dont Il annonce la Résurrection. Je voudrais m’arrêter sur cette annonce de la Résurrection pour vous redire, frères et sœurs, que le carême est orienté vers la Résurrection de Jésus. Dimanche dernier, dans l’Évangile de la Transfiguration, Jésus annonçait également sa Résurrection. Que tous les efforts de conversion que nous faisons en ce temps de carême soient bien orientés vers la finalité qui est de fêter la Résurrection de Jésus et de préparer notre future Résurrection. Le carême a sa fin dans la fête de Pâques, la Passion de Jésus dans la Résurrection de Jésus, et notre propre vie humaine dans notre future résurrection. Crées à l’image de Dieu, si nous le sommes,  baptisés au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, communiant même au corps du Christ, nous devenons  nous aussi des tabernacles de Dieu, d’autres corps du Christ. C’est en ce sens qu’il nous faut reconsidérer la place et l’importance de notre corps. La religion chrétienne est une religion incarnée. Ce n'est pas qu’une religion spirituelle ou éthérée. Parce que nous sommes en quelque sorte des tabernacles de Dieu, nous devons respecter et sanctifier notre corps. Nous devons le soigner et en prendre soin, sans excès, mais dans une juste estime et considération que notre corps est aussi orienté et destiné pour la gloire de Dieu. La Résurrection que nous nous préparons à fêter implique aussi la résurrection de notre corps. La Résurrection que nous proclamons dans le Credo n’est pas réductible à la simple immortalité de l’âme, mais elle annonce une nouvelle union de notre corps glorieux et de notre âme pour l’éternité.

            Frères et sœurs, reprenons conscience également que dans notre vie de prière, notre corps a une véritable place. Il est important qu’il ait ses attitudes propres, ses gestes propres, qu’il ait aussi parfois ses propres limites. Le christianisme n’est pas qu’une religion de l’âme. Notre corps est aussi appelé à être purifié et orienté vers Dieu. Cette dimension a malheureusement beaucoup été oubliée dans la suite du concile Vatican II, notamment dans la liturgie, où, paradoxalement, sous couvert de rejoindre le maximum de personnes, la religion, la foi ont été sur-intellectualisées, laissant de côté nos frères et sœurs qui avaient une approche moins intellectuelle de la foi.

 

            L’annonce de la Résurrection de Jésus à travers cette parole de Saint-Jean : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai » peut aussi s’entendre de l’Église, en tant que corps du Christ ressuscité. L’Église est le Corps du Christ ressuscité parce que, tous, nous sommes unis au Corps du Christ qu’est Jésus. Et c’est dans cette union avec Jésus que nous avons tous personnellement que se construit une unité plus grande qui est celle du corps du Christ. En ce sens, les talents et les dons que nous avons les uns les autres sont appelés à se compléter et à servir aux uns et aux autres. Il y a un partage fondamental des dons de Dieu dans cette communion que Jésus pernet pour construire son Église. Comprendre la Résurrection de Jésus à partir du Corps du Christ ressuscité qu’est l’Église nous amène à poser un regard de foi sur l’Église.

Frères et sœurs, ces derniers temps, nous avons supporté et traversé un grand nombre d’épreuves, qui ne sont pas encore finies, des scandales. Un grand nombre de fils et de filles de l’Église ont été meurtris, des gens extérieurs à l’Église ont été scandalisés. Poser un regard de foi sur l'Église, nous amène non seulement à nous rappeler qu'elle a été voulue par Jésus, qu'elle est un instrument du salut pour nous, et que Dieu l’habite et la sanctifie, comme nous le redisons chaque dimanche dans le Credo. Mais encore, je voudrais terminer cette méditation en vous livrant une réflexion qui manquera certainement de recul, mais qui s'annonce prophétique pour les années à venir. Lorsque nous regardons l'histoire de l'Église, et plus particulièrement toutes les épreuves qu'elle a traversées, nous nous rendons compte qu’à chaque fois Dieu a suscité un profond renouveau dans l’Église, non pas à partir de la hiérarchie, mais à partir de figures de sainteté qui ont émergé du peuple de Dieu lui-même, ou bien d’ordres religieux nouveaux. Il y a indéniablement un beau signe aujourd’hui dans l’explosion du catéchuménat que nous constatons tous : aussi bien sur la paroisse de Vernon (nous sommes arrivés à 47 catéchumènes) mais aussi dans l’ensemble du diocèse et dans l’ensemble des diocèses de France. Il y a certainement ici une réponse de Dieu à la crise que traverse l’Église, qui est déjà le fruit et la fécondité de la purification de l’Église. Cette moisson nouvelle que Dieu envoie à son Église va être la source d’un grand renouveau, d’un grand rajeunissement, ainsi que l’occasion de nouvelles vocations sacerdotales et religieuses dont notre Église a besoin. Je crois que nous avons, ici,  la chance de pouvoir vivre un des aspects de la Résurrection de Jésus au sein de son Corps qu’est l’Église.

 

Rendons grâce à Dieu pour cette nouvelle jeunesse et ce nouveau dynamisme qu’Il donne à son épouse bien-aimée, et portons dans notre prière tous les catéchumènes qui rejoignent l’Église en demandant au Seigneur qu’ils puissent trouver leur place dans ce Corps qui a besoin d’eux. Amen ! 

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