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3ème Dimanche de Carême
« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »
Frères et sœurs,
En ce temps de Carême, l’appel à la conversion se fait pressent dans la bouche de Jésus. Jésus prend l’exemple de deux accidents, que l’on appellerait aujourd’hui ‘catastrophes naturelles’ pour nous redire que nul d’entre nous ne sait quand sa vie se terminera et qu’il faut, par conséquent ne pas remettre à demain, la conversion de notre vie. La menace de la maladie, la proximité de la guerre, nous font redire que nos vies à tous peuvent basculer du jour au lendemain. Pour autant, peut-on dire qu’il y a urgence à se convertir ? Ce qui est agréable, c’est qu’avec Dieu, il n’y a pas d’urgence. Mais, cela ne veut pas dire qu’il faut remettre au lendemain ce qui est à faire. Il faut se préparer sereinement et tranquillement, dans la paix.
Une des premières choses que nous redisent les textes de ce jour, c’est que Dieu est patient et que cette patience est l’expression de sa miséricorde par rapport à nous. Le psalmiste nous dit : « Le seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. » Le récit du figuier qui ne porte pas de fruit redit cette patience de Dieu qui, jamais, ne ferme les portes. À ce sujet, il faut se redire que Dieu est maître du temps, Lui qui en est le Créateur. Une des préfaces des dimanches du temps ordinaire dit que Dieu est « Maître des temps et de l’histoire ». Il n’est jamais trop tard pour Dieu. Outre le fait d’être maître du temps, Dieu a aussi cette faculté de dilater le temps, de permettre de changer profondément en nous notre rapport au temps. Qui n’a jamais fait l’expérience d’une journée très chargée à affronter et de la tentation de mettre au second plan la prière parce qu’il faut faire ce qu’il faut faire ? Et, finalement, de prendre quand même le temps de prier et de se rendre compte que toute la journée chargée se passe comme si nous étions aidés ? Voilà une des actions de Dieu qui dilate le temps. Donc, il n’est jamais trop tard pour Dieu. Et même si une personne prenait la décision de se convertir juste à la fin de sa vie, de se confesser, et mourrait avant…l’Église a toujours enseigné que l’intention valait comme si l’acte avait été posé. Par exemple dans les tous premiers temps de l’Église, les catéchumènes qui mourraient avant d’avoir été baptisés, avaient les mêmes rites funéraires que les baptisés. On prenait en compte l’intention. La première lecture évoquait la révélation du Nom de Dieu « Je suis qui je suis ». Outre le fait de dire que Dieu est le fondement de tout être, cette parole nous dit aussi que Dieu est au sens où Il est présent dans tous les évènements qui peuvent se dérouler. Par conséquent, Dieu est déjà présent lorsque nous avons l’intention de nous convertir, et notre intention est déjà une réponse à son action en nous.
Enfin St Paul nous dit dans la deuxième lecture qu’il nous faut faire attention à ne pas être ingrat par rapport à Dieu. Il prend l’exemple de tout ce que Dieu a donné aux Hébreux lors de l’exode et il montre comment les Hébreux s’en sont moqués, ont rechigné, râlé. Enracinons notre conversion dans la prise de conscience et l’action de grâce des grâces reçues de Dieu. L’exemple des Hébreux au désert nous redit que l’ingratitude et la révolte contre Dieu conduisent à la mort.
Maintenant, quelles que soient nos avancées sur le chemin de la conversion, ou nos lenteurs, à un moment donné, notre acte de conversion passera par le sacrement du pardon qui nous aidera à faire la vérité sur notre vie, notre cœur, et nous libèrera par cette parole que nous recevrons d’un autre : « Je te pardonne tous tes péchés. »
J’attire particulièrement votre attention sur deux points que nous pouvons approfondir : tout d’abord le fait de reconnaître son péché, puis sur le fait de réparer. La collecte de la messe disait : « accueille favorablement l’aveu de notre faiblesse. » Le temps du Carême est le temps propice pour se reconnaître pécheur et notamment, pour faire la lumière sur ses propres intentions. Il est fréquent que les actes que nous posons répondent à différentes intentions. Et il peut se trouver que parfois certaines intentions soient bonnes et pures et coexistent avec d’autres intentions qui vont motiver un même acte qui, elles, ne le sont pas. Faire la lumière sur son péché, ce n’est pas seulement faire la lumière sur les actes que nous posons, mais c’est aussi sur les intentions qui habitent notre cœur et qui motivent nos actes.
Mon deuxième point d’attention est sur la réparation de nos péchés. C’est le sens profond de la pénitence qui est donnée dans le sacrement de la confession, qui n’est jamais une punition, mais comme un médicament qui aide à réparer et à retrouver la paix. C’est toute la délicatesse de Dieu qui nous permet de participer à la réparation de nos péchés. Même s’il nous est impossible de réparer parfaitement ce que le péché a abîmé, nous pouvons poser des petits pas, des petites actions qui, au moins, montrent notre intention de réparer. Regardons dans les relations qui ont été abîmées, en famille, au travail, en paroisse, dans les réseaux amicaux.
Le souci de la réparation m’amène au dernier point de ma méditation : la pratique de la charité est ce qui perfectionne notre vie. St Jean enseigne à ses disciples que la pratique de la charité couvre une multitude de fautes. Pendant ce Carême, la Paroisse vous propose différents projets à soutenir : il y a nos associations caritatives que nous connaissons tous (St Vincent de Paul, Solidarité-Partage, le Secours catholique), il y a une école au Togo tenue par des religieuses que connaît le Père Joël, il y aussi tous les actes que nous pouvons poser, tous les dons que nous pouvons faire pour aider les victimes de la guerre russo-ukrainienne, et puis il y a tous les petits actes de charité que nous pouvons poser dans l’ordinaire de notre vie. Juste un point d’attention : que la pratique de la charité envers des personnes plus éloignées ne nous empêche pas de soigner la charité dans nos relations habituelles et quotidiennes.
Demandons la grâce au Seigneur au cours de cette semaine de Carême d’approfondir notre appel à la conversion en reprenant conscience des grâces que Dieu nous a données, en faisant la vérité dans notre cœur et notre vie pour discerner notre péché, en soignant la réparation de nos fautes et en pratiquant de manière sincère et désintéressée la charité. Amen !
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