
+
27ème Dimanche du Temps ordinaire
« Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. »
Frères et sœurs,
La controverse avec les Pharisiens nous permet de réentendre le projet que Dieu a inscrit dans la nature de l’être humain. Vous remarquerez d’emblée que Jésus va plus loin que la réponse de Moïse qui se situe sur un plan seulement juridique. Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. La loi de Moïse donne un cadre pour éviter que les femmes ne soient abandonnées comme cela au gré de la volonté de leur mari. Mais Jésus va plus loin car le cœur du problème n’est pas là et Jésus remonte à l’intention profonde du Créateur : au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. La réponse de Jésus dans l’Évangile, comme la première lecture tirée du livre de la Genèse, nous redisent que Dieu a inscrit dans la nature de l’être humain à la fois le désir de l’homme et de la femme, ainsi que leur union. L’Écriture Sainte confirme ce que Dieu a inscrit dans la nature, et c’est à partir de ce que nous voyons dans la nature de l’homme que nous tirons ce que l’on appelle la Loi Naturelle. L’enseignement de l’Église se base sur la Loi Naturelle reconnaissant la marque du Créateur dans ses créatures. Il faut donc prendre en compte deux données importantes : premièrement l’homme et la femme sont de la même nature, je reviendrai sur ce point plus loin ; deuxièmement, ils sont distincts. L’homme n’est pas la femme et la femme n’est pas l’homme. Il y a donc dans l’intention du Créateur une différence essentielle et fondamentale entre l’homme et la femme. Et il est important de défendre cette différence et de l’estimer. En effet aujourd’hui, suite à différents courants de pensée, on en vient à gommer la différence entre l’homme et la femme, différence sexuée, différence dans les rôles et dans les missions. Il est curieux de voir que ceux qui mettent en avant le respect des différences sont parfois ceux-là même qui ont tendance à les gommer pour rendre interchangeables l’homme ou la femme. Le Wakisme est à ce titre une idéologie d’une gravité extrême, qui contredit les données naturelles.
Frères et sœurs, il faut faire attention à l’obscurcissement des consciences. Car à mesure que nos lois sociétales s’éloignent de la Loi naturelle et de la Loi évangélique, l’enseignement de l’Église est de plus en plus méconnu et isolé, quand il n’est pas discrédité ou contesté. Comme nous y invite Jésus, il faut être simple et revenir à l’intention initiale du Créateur : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs que Moïse a formulé pour vous cette règle. Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. »
Il y aurait un développement supplémentaire à faire sur la fin de l’extrait que nous méditons ce dimanche avec la mention des enfants qui viennent à Jésus et que Jésus demande d’accueillir. Chez St Luc par exemple, la mention des enfants ne trouve pas sa place à la suite de l’enseignement de Jésus sur le mariage. Le fait que la mention des enfants soit mise à la suite de l’enseignement de Jésus sur l’union de l’homme et de la femme appellerait un développement par rapport à la fécondité du couple. Mais je ne m’étends pas dessus, et passe à la question du mariage inscrit dans la nature de l’homme.
Le fait que le mariage soit inscrit dans la nature de l’homme fait que le mariage est une réalité naturelle. « Mais au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. » L’Écriture nous apprend que l’être humain est créé sexué en même temps qu’il vient à l’existence, et que la communion des époux est inscrite dans la nature humaine. Le mariage est donc inscrit dans la nature de l’homme et c’est en ce sens que l’on peut parler de mariage naturel. Par exemple, deux non-baptisés qui se marient civilement à la mairie ont, aux yeux de l’Église, contracté un vrai mariage naturel. Si l’un des deux venait à divorcer et à vouloir se remarier avec un ou une non baptisé à l’Église, l’Église ne pourrait accéder à cette demande, reconnaissant dans le premier mariage contracté par la personne un vrai mariage naturel. Par la suite, Jésus va élever le mariage naturel au mariage sacramentel. Le caractère sacramentel du mariage ne dépend ni du lieu ni du ministre mais simplement du baptême de la personne qui le contracte. Que le mariage soit naturel ou sacramentel, l’Église reconnaît un vrai et véritable mariage. Pour un mariage sacramentel, l’Église pose 4 conditions pour que le mariage soit valide : premièrement les personnes doivent échanger librement leur consentement. Il ne doit pas y avoir d’altération de la liberté ni de pression, intérieure ou extérieure. Deuxièmement, ils doivent s’engager à être fidèles l’un envers l’autre, ce qui exclut l’adultère. Troisièmement cet engagement est indissoluble, jusqu’au terme de la vie. Et enfin, ce mariage doit être ouvert à la fécondité. Si l’un de ces 4 piliers venait à manquer ou à faire défaut, après enquête canonique, l’Église peut reconnaître que les conditions requises pour qu’un mariage soit valide n’étaient pas remplies et par conséquent l’Église peut reconnaître qu’il n’y a pas eu de sacrement de mariage. L’Église n’annule pas un mariage, mais elle peut reconnaître qu’il n’y a pas eu véritablement mariage sacramentel. Cette dernière décennie, l’Église a facilité les procédures des enquêtes canoniques pour faire la lumière sur des engagements au mariage lorsque les piliers sous-tendant le mariage ont fait défaut ou ont été déficients, et ce, dans le but de libérer les personnes.
Frères et sœurs, si vous avez connaissance de personnes qui s’interrogent sur la validité de leur mariage pour une des raisons évoquées ci-dessus, n’hésitez pas à les renvoyer vers un prêtre ou le curé de leur paroisse afin de voir, bien sûr selon le désir des personnes, si une procédure de reconnaissance de nullité de mariage peut être engagée. Il ne s’agit pas de reconnaître que ce qui a été vécu était nul, mais il s'agit de faire la lumière et la vérité sur ce qui ne l’a pas été peut-être jusqu’à présent.
Je voudrais terminer cette petite réflexion sur la question de la place de la femme, et plus précisément sur la question de l’égale dignité que Jésus met entre l’homme et la femme ; thème qui aujourd’hui fait l’objet d’un obscurcissement des consciences comme évoqué plus haut et qui conduit à entendre dire que l’Église n’accorde pas une place correcte à la femme. C’est méconnaître et l’enseignement de Jésus et celui de l’Église. Je vous ferai d’abord remarquer que, selon le livre de la Genèse, la femme est créée à partir de l’homme. Il est d’ailleurs intéressant de regarder le vocabulaire utilisé. Dans un premier temps, l’auteur parle de la création de la femme comme le besoin de créer une aide pour l’homme. Et ce terme ‘aide’ revient à plusieurs reprises. Mais le texte s’achève sur le fait que la femme créée n’est pas vue comme une aide pour l’homme, mais est définie comme ‘l’os de ses os et la chair de sa chair’ : « L’homme dit alors : ‘Cette fois-ci, voici l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme, elle qui fut tirée de l’homme.’ » Ce texte redit très clairement que l’homme et la femme sont de la même nature et par conséquent se situent sur un rang d’égalité. De surcroit, les paroles de Jésus dans l’Évangile accordent à la femme la même importance qu’à l’homme. Vous remarquerez à nouveau que la question de la répudiation et de l’adultère sont d’abord exprimés du côté de l’homme : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. » Et Jésus rajoute : « Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère ». Plutôt que de mettre la responsabilité sur la femme, Jésus reconnait les mêmes droits et les mêmes devoirs à la femme et à l’homme. Et ceci est tout à fait nouveau dans la conception de la place de la femme dans le judaïsme. Et si l’on va par-là, je pourrais ajouter que le christianisme propose un rite pour faire devenir chrétien, qui est donné indifféremment aux hommes et aux femmes : il s’agit du sacrement du baptême. Alors que dans le judaïsme, le rite qui fait entrer dans la religion juive n’était inscrit que dans la chair de l’homme, par la circoncision.
Ce petit développement frères et sœurs pour vous dire qu’il faut faire attention à l’obscurcissement des consciences lorsque l’on présente l’Église comme accordant à la femme une place secondaire. Ce n’est absolument pas vrai. Si vous considérez la place de la femme dans le christianisme par rapport aux autres religions monothéistes, vous verrez que c’est le christianisme qui place la femme sur un terrain d’égalité par rapport à l’homme.
Frères et sœurs puisqu’au cours de cette homélie, je vous ai proposé de réfléchir sur le mariage et je voudrais terminer par cette particularité du mariage dans l’Église catholique. Même si ce qui fait qu’il y a mariage, c’est l’échange des consentements entre les époux, selon les conditions évoquées plus haut, dans l’Église catholique il faut nécessairement la présence d’un ministre pour que le mariage soit validé dans la forme. Ce ministre peut être un prêtre ou un diacre. Pourquoi cela ? Parce que le ministre représente le Christ dans la personne duquel sont unies les deux natures : la nature divine et la nature humaine. L’Évangile rapporte que l’homme s’attachera à sa femme et que tous deux deviendront une seule chair. Ce mystère de la conjugalité est exprimé dans la personne même de Jésus où divinité et humanité s’unissent dans une seule personne. Par ailleurs, la présence du ministre qui bénit le mariage rappelle le lien à l’Église, Épouse du Christ, qui reçoit l’engagement des époux. Le mariage des époux devient l’image et le développement de la relation du Christ et de l’Église et rappelle à la fois la mission du couple chrétien ainsi que son lien à l’Église.
En ce dimanche, portons dans notre prière tous les couples mariés sacramentellement, ceux qui vont bien, ceux qui connaissent des difficultés ; prions pour tous ceux qui ont été blessés ainsi que pour tous ceux qui cherchent à construire leur vie dans le mariage. Amen !
Comments