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Homélie du 22ème Dimanche du temps ordinaire


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22ème Dimanche du temps ordinaire

 

« Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »

 

Frères et sœurs,

 

            La controverse entre Jésus et les Pharisiens, plus quelques scribes, nous invite à réfléchir sur la tradition. Au-delà de l’hypocrisie habituelle que Jésus pointe chez les Pharisiens, Jésus met le doigt sur une difficulté, sur un équilibre difficile à trouver, qui consiste à transmettre correctement ce que Dieu nous a donné. Je vous cite le Deutéronome entendu en Première lecture qui nous donne la clé de cet équilibre difficile : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien, mais vous garderez les commandements du Seigneur votre Dieu tels que je vous les ai prescrits. » Tout est dit là. Si l’on n’est pas fidèle à ce que le Seigneur nous a donné, si l’on rajoute des choses ou, au contraire on en enlève, alors nous faussons la transmission et, outre le manque de vérité et d’honnêteté, nous empêchons d’accéder à Dieu et « au pays que le Seigneur nous donne » (première lecture), c’est-à-dire au Ciel, à la Vie avec Dieu. La fidélité dans la transmission est très, très importante.

            L’attitude des Pharisiens nous met en garde contre un premier danger qui consiste à s’approprier ce qui vient de Dieu pour en faire son bien, son affaire. On ne met jamais la main sur Dieu. D’ailleurs, chers amis paroissiens, je me permets de vous rappeler que lorsque l’on communie, que l’on communie sur la langue ou dans la main, dans les deux cas, on reçoit la Sainte Communion, on ne La prend pas avec ses mains de la main du prêtre, du diacre ou du ministre extraordinaire de la Communion. On ne met pas la main sur Dieu, on Le reçoit. Derrière cette attitude des Pharisiens se cache un manque de chasteté, un manque d’humilité, bref l’orgueil et l’attrait du pouvoir. La conséquence est alors que la transmission est faussée, dévoyée et que l’on en arrive à opposer, comme dans la scène de l’Évangile, la tradition des hommes au commandement de Dieu. Or ceci est la marque du péché, et du démon, qui fausse la transmission de ce qui vient de Dieu. Si les choses demeurent justement agencées, la tradition des hommes doit servir la transmission du commandement de Dieu.

            Je vous propose 3 points d’attention avec ce travers, bien humain pourrions-nous dire, qui nous guette tous.

1)     Prenons garde aux contre-témoignages. On ne nous loupera jamais là-dessus. Plus nous accordons de l’importance aux traditions des hommes, aux rites, plus notre vie doit être exemplaire. Vous imaginez très bien la situation inverse, si nous soignons la tradition des hommes, les rites, et que notre vie est un contre-témoignage…

2)     Ne perdons pas le sens des rites auxquels nous sommes attachés. Les rites sont porteurs de sens. Ne les vidons pas de leur substance et si nous observions des rites dont le sens nous échappe, mettons-nous en peine d’en chercher le sens. Il n’y a rien de pire que d’observer des rites sans en comprendre ou viser le sens.

3)     Lorsque nous sommes confrontés à un précepte divin, à une parole de Dieu, à un commandement, faisons l’effort de distinguer objectivement ce qui est dit, de l’interprétation subjective que j’en fais. Mon interprétation, ma compréhension, n’a pas vocation à se substituer au précepte divin ni à être pris pour un précepte divin. 

 

Le danger qui existe et qui consiste à mettre la main sur un précepte divin ou à mettre à notre sauce un commandement qui vient de Dieu appelle l’Église régulièrement à faire du ménage, dit autrement, à se réformer. Il y a une expression latine qui dit Ecclesia semper reformanda, l’Église appelée à toujours se réformer. Cette réforme continue de l’Église a lieu principalement dans la liturgie et dans la pastorale. Je vous donne deux exemples de ces réformes. Dans la pastorale d’abord. Au moment du Concile Vatican II, l’Église a voulu rejoindre le monde, les gens qui se trouvaient plus ‘éloignés’ de l’Église. Dans sa pastorale, l’Église a mis davantage l’accent sur l’humanité et moins sur Dieu, sur le côté transcendant de la foi, de la prière. Nous avons une trace de cette orientation dans la catéchèse des années 70-80-90. Mais à mesure que nos sociétés occidentales s’éloignaient de la foi et de la pratique, et que les gens ne revenaient pas plus à l’Église, alors que cette dernière voulait les rejoindre, l’Église, sous l’impulsion de l’Esprit-Saint, a remis l’accent sur la prière, le sens du sacré ; elle a ainsi permis de rejoindre des gens, loin de Dieu qui en réalité cherchaient Dieu.

Dans le domaine de la liturgie, l’Église se réforme très régulièrement. Pas d’abord pour qu’elle puisse s’ajuster au monde, même si cette préoccupation existe, mais d’abord pour se purifier des éléments du monde qui entrent en elle. Le meilleur exemple est le « ménage » qu’avait commandé le Pape St Pie V au niveau du Missel romain au XVIème siècle. À mesure que la foi chrétienne gagnait des terres, elle gardait dans sa manière de prier les éléments qu’elle rencontrait chez les peuples qui se convertissaient et qu’elle christianisait. Si bien, qu’on finissait par avoir une collection de rites venant des Francs pour certains, des Saxons pour d’autres, des familles religieuses, de telle ou telle tradition locale, etc… St Pie V demanda donc que l’on mît bon ordre dans tous ces rites et qu’on épure le missel pour retrouver la substance de ce que l’Église nous avait transmis, qui, à la longue, devenait illisible. Plus récemment, la réforme liturgique du Concile Vatican II a voulu rendre plus accessible et plus compréhensible la liturgie de l’Église. Mais la pratique et les circonstances des temps, ainsi que les idéologies de l’époque, ont pris le pas sur ce que dit le Concile. Par exemple, il n’était pas rare que l’on supprime des lectures bibliques de la messe pour mettre des textes profanes à la place, ou encore des poèmes ou même des diapos à la place du psaume. Je passe sur les prières eucharistiques réécrites, qui n’étaient pas celles de l’Église etc…Il n’y a pas si longtemps, les chants choisis mettaient l’homme au cœur de tout, mais pas Dieu. Aujourd’hui, cela fait sourire, et nous voyons combien l’Église a rectifié le tir, non pas en revenant en arrière comme on l’entend trop souvent dès que les choses mises en place ne plaisent pas, mais en revenant à ce que nous demande le Concile en matière de liturgie. Le principe de réforme continue dans l’Église est le signe que la tradition est vivante et que l’Église est saine.

Benoît XVI qui avait beaucoup réfléchi à la question liturgique ante et post conciliaire invitait pour sortir des combats stériles à distinguer dans la liturgie ce qui est immuable, c’est-à-dire donné par Dieu et que l’on ne pourra jamais changer, des éléments muables qui correspondent à l’inculturation. La deuxième lecture nous dit de manière imagée un peu la même réalité : « Les dons parfaits descendent d’auprès du Père des lumières, lui qui n’est pas, comme les astres, sujet au mouvement périodique ni aux éclipses. » Il y a ce qui est immuable, qui vient de Dieu, et ce qui est muable qui ne vient pas de Dieu. Ce qui peut évoluer dans la liturgie est ce qui ressort des éléments muables, mais on ne peut pas toucher aux éléments immuables, par exemple les paroles de la consécration. Alors que l’on peut modifier la date de la fête d’un saint.

Frères et sœurs, il faut prêter attention à tous les rites que nous accomplissons dans la liturgie et au sens qu’ils contiennent ; parfois, la pratique ou la piété prennent le dessus sur ce que l’Église demande, et il faut nous aussi corriger la manière de faire. Je vous donne deux exemples. Il arrive que des personnes restent à genoux après le rite pénitentiel pendant la première oraison que l’on appelle la collecte ; de même, il arrive que des personnes s’agenouillent (en vue de la consécration) dès le Sanctus. Attention, ces manières de faire sont des contre-sens. Pendant les oraisons (après le rite pénitentiel, l’offertoire, la communion), on est toujours debout. Pendant le Sanctus, liturgie Paul VI et même St Pie V, on est debout ; on ne s’agenouille qu’après, ou bien en entrant dans la Prière eucharistique ou bien en entrant dans la Consécration. Ne perdons jamais le sens des rites, autrement les rites perdront leur portée.

 

Juste un mot rapide pour finir : Jésus nous montre que le cœur de la purification ne se situe pas dans des rites, mais dans le cœur de l’homme, là où naît le péché. Comme je le disais au début, il ne faut pas opposer les rites à l’intériorité, parce que les rites doivent être au service de la purification intérieure. La foi chrétienne a cela de différent avec la morale, c’est qu’elle permet la conversion ; elle va plus loin qu’un simple catalogue de principes ; elle rend effective la conversion par la puissance de la Parole que Dieu nous donne. Moïse attire notre attention dans la première lecture : « Maintenant, Israël, écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères ». Et plus loin : « Vous garderez les commandements du Seigneur votre Dieu, vous les garderez, vous les mettrez en pratique. » L’obéissance à la Parole de Dieu permet d’entrer en Terre Promise, c’est-à-dire, d’entrer dans la Vie éternelle, la Vie avec Dieu. St Jacques dit la même chose dans la deuxième lecture : « Accueillez dans la douceur la parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. »  Dans les deux lectures, on nous rappelle la puissance de la Parole de Dieu en même temps qu’on nous invite à la mettre en pratique. La Parole de Dieu a la puissance de transformer notre agir ; c’est en ce sens qu’elle est source de conversion.

 

Frères et sœurs, soignons notre écoute de la Parole de Dieu : elle sera source de conversion pour nous, elle donnera sens aux rites que l’Église nous transmet qui sont au service de notre conversion et purifiera ce qui doit être purifié dans nos vies et nos cœurs. Amen !

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