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2ème Dimanche du Temps ordinaire
« En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. »
Frères et sœurs,
Nous ouvrons le temps ordinaire dans lequel nous entrons par le récit du premier miracle de Jésus lors des Noces de Cana. Ce premier miracle nous montre que Jésus est Fils de Dieu puisqu’Il va transformer l’eau en vin par la puissance de sa divinité. En fait, ce récit se rattache traditionnellement à la fête de l’Épiphanie, car il en est la troisième manifestation : la première étant lors de la Visite des Mages, la deuxième lors du Baptême, la troisième lors des Noces de Cana. Pour reprendre la logique liturgique du temps de Noël et du début du ministère public de Jésus, il faut nous redire ceci : nous passons de la naissance du Fils de Dieu, à l’Adoration du Fils de Dieu par les mages, en passant par son Baptême qui marque le début de son ministère public. L’épisode des Noces de Cana vient dans la suite logique confirmer que Jésus est Fils de Dieu par le premier miracle qu’Il accomplit. Nous avons une trace de l’unité profonde de ces trois récits dans l’antienne du Magnificat de la fête de l’Épiphanie qui dit ceci : « Nous célébrons trois mystères en ce jour : aujourd’hui l’étoile a conduit les Mages vers la crèche ; aujourd’hui l’eau fut changée en vin aux noces de Cana, aujourd’hui le Christ a été baptisé par Jean dans le Jourdain pour nous sauver, Alleluia. »
Ceci étant dit, avec le récit de ce premier miracle de Jésus, nous entrons réellement dans la Nouvelle Alliance. Jésus va transformer l’eau en vin ; l’eau, nous dit St Jean, qui servait aux « purifications rituelles des Juifs », nous renvoie aux rites de purification de l’Ancienne Alliance ; le vin est le signe de la Nouvelle Alliance, fondée dans le sacrifice du Corps et du Sang de Jésus. Le message de l’Évangéliste est clair : notre rédemption n’a plus lieu par des sacrifices de purification, mais désormais dans le sacrifice du Christ. La vraie purification a lieu dans l’offrande de Jésus sur la Croix. Du reste, on comprend la réponse de Jésus à sa Mère, réponse qui peut paraître un peu dure : « Femme, que me veux-tu ? mon heure n’est pas encore venue. » L’heure du sacrifice de Jésus, l’heure où Il versera son sang, arrivera au moment de la Passion. Ce premier miracle est une petite anticipation de ce qui se passera pleinement à l’heure de la Passion.
Maintenant, le cadre de ce premier miracle est intéressant. Le premier miracle de Jésus va se dérouler au cours d’un mariage. Là aussi, comme pour l’eau changée en vin, nous pouvons faire au moins deux lectures du mariage. Premièrement, il s’agit du mariage entre un homme et une femme auquel Jésus est invité. Mais le mariage peut être aussi le mariage entre Jésus, l’Époux, et l’humanité, l’Épouse, à qui Il vient donner sa vie totalement. Ce cadre nuptial colore donc d’une manière particulière la Nouvelle Alliance dans laquelle nous sommes entrés : cette alliance s’explique par l’amour que Dieu a pour ses créatures, et, avant qu’il ne soit question de rites de purification, cette alliance repose en premier lieu sur l’Amour et le don de soi à l’autre. On quitte la vision d’une relation à Dieu qui repose sur des devoirs et des rites pour entrer dans une relation qui repose sur l’Amour. Dès lors, le mariage entre un homme et une femme devient le signe de l’amour de Dieu pour son peuple à travers la personne de Jésus. Ceci vous explique, frères et sœurs, pourquoi dans l’Église catholique, pour qu’un mariage soit valide, un représentant du Christ, un prêtre ou un diacre, doit être présent pour bénir les époux qui échangent leurs consentements. Ce n’est pas la présence du ministre de l’Église qui fait qu’il y a mariage, mais l’échange des consentements des époux ; ceci-dit la forme canonique du mariage dans l’Église catholique, s’appuyant sur la présence de Jésus aux Noces de Cana, réclame la présence d’un ministre pour bénir les époux.
À ce sujet, il n’est pas faux de dire que le sacrement du mariage est un sacrement particulier de la Nouvelle Alliance puisqu’il signifie et actualise l’Alliance entre Dieu et son peuple en la personne de Jésus. Vous, tous les couples mariés, vous avez la mission, par votre amour conjugal et familial, de représenter et d’actualiser l’Alliance entre Dieu et son peuple. Vous êtes le signe de la Nouvelle Alliance qui repose sur l’Amour et le don réciproque. Vous participez d’une manière particulière au mystère de la Rédemption dont vous êtes devenus un des signes efficaces. Au sein même de votre couple, trouvent place le don réciproque, le pardon, l’amour qui rachète et qui sanctifie, le salut auquel vous contribuez d’une manière particulière l’un pour l’autre, la fécondité. Vous êtes avec le sacrement de l’Eucharistie, un des sacrements les plus représentatifs de la Nouvelle Alliance et on peut même dire que vous recevez la mission particulière de développer la Nouvelle Alliance dont vous êtes le signe.
Pour terminer cette petite méditation sur la Nouvelle Alliance, je ne peux pas faire l’impasse sur la présence et le rôle de Marie. Dans cette scène, si Marie apparaît au second plan, elle joue néanmoins un rôle complet. Nous sommes bien d’accord sur le fait que l’Intercesseur premier est Jésus : c’est Lui qui transforme l’eau en vin ; mais Marie apparait comme l’intercesseur secondaire. Pour autant son intercession est complète, elle fonctionne dans les deux sens : Marie présente les manques des hommes à son Fils « Ils n’ont plus de vin » dira-t-elle à Jésus, et elle transmet un conseil aux hommes : « Faîtes tout ce qu’il vous dira ». Ce premier miracle a lieu grâce à l’intercession de Marie. En ce sens Jésus permet et la rend participante du miracle qu’Il va accomplir, et derrière cela, de son œuvre de Salut. J’ai déjà eu l’occasion de méditer avec vous sur la place de Marie dans l’œuvre du Salut, à travers l’Annonciation, l’Immaculée Conception, l’Assomption ou encore pendant le temps de l’Avent. Figure de la femme, et donc de celle qui transmet la vie et fait entrer dans la vie, Marie est celle par qui nous entrons dans la Nouvelle Alliance. Alors, frères et sœurs, il est juste que Marie ait une place dans notre vie de prière, dans notre vie chrétienne, dans notre vie liturgique et dans notre vie ecclésiale et paroissiale. Il est parfois dommage d’avoir à insister ou à défendre le fait de demander que l’on prie Marie au cours de la messe, autrement que la simple mention de son nom dans la prière eucharistique. Marie a une place fondamentale dans l’œuvre du Salut, dans l’Incarnation du Fils de Dieu, dans sa présence fidèle au moment de la Passion de son Fils, dans les miracles de Jésus, comme nous le voyons aujourd’hui. Marie est celle qui est devenue notre Mère lors de notre baptême, Celle qui nous fait entrer dans la Nouvelle Alliance et qui veille inlassablement sur les enfants que nous sommes.
Demandons à Marie qu’Elle veille sur l’Alliance que nous avons chacun personnellement avec Jésus, qu’Elle veille particulièrement sur tous les couples qui sont l’image et une des réalités de la Nouvelle Alliance, et qu’Elle veille sur l’Église de son Fils, dont Elle est elle-même la première image. Amen
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