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1er Dimanche de l’Avent
« Ah ! si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face ! »
Frères et sœurs,
Nous voici au début du temps de l’Avent dont la finalité ultime est de nous préparer à la venue du Seigneur. En fait, pendant le temps de l’Avent, en faisant mémoire de la préparation à la venue du Seigneur dans l’histoire (nous allons revivre la préparation à l’Incarnation et à la Nativité), nous ouvrons notre cœur aux multiples venues du Seigneur dans notre monde et notre vie, pour nous préparer à sa venue à la fin des temps. En fait, il n’y a pas qu’une dimension historique dans le temps de l’Avent au sens où l’on ne ferait que mémoire d’évènements passés, mais il y a aussi une dimension du temps présent (l’Avent nous ouvre aux venues du Seigneur aujourd’hui) et une dimension d’avenir (l’Avent nous prépare à la rencontre définitive avec Dieu au terme de notre vie.)
Il se trouve que nous débutons ce temps de l’Avent avec les entrées en Église de 16 catéchumènes. Si le temps de l’Avent va avoir pour eux une saveur bien particulière avec leur entrée en Église et d’une certaine manière leur préparation à la venue du Seigneur dans leur vie, nous pouvons nous-aussi vivre ce temps de l’Avent en faisant mémoire de la manière dont le Seigneur est entré dans nos vies, pour se faire découvrir, reconnaître ou parfois pour venir nous rechercher. En ce sens, Frères et sœurs, relisons, méditons, goûtons ces paroles du Prophète Isaïe entendues en première lecture : « Pourquoi, Seigneur, nous laisser errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? » Cette interrogation est celle de celui qui découvre ou redécouvre Dieu dans sa vie et qui se rend compte de ses errements ou aveuglements passés. Lorsque les catéchumènes découvrent la présence de Dieu dans leur vie et qu’ils comprennent les petites touches successives par lesquelles Dieu s’est rendu présent à eux, ils partagent bien souvent ces réflexions. Mais nous pouvons nous-mêmes nous y retrouver.
« Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. » Ici nous pouvons nous retrouver dans ce cri du prophète qui se désole, lui qui a découvert Dieu, que les autres vivent sans lui. Et la conclusion qui fait la synthèse de la relation entre Dieu et nous : « Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main. »
Frères et sœurs, voici ce que nous sommes invités à redécouvrir en ce temps de l’Avent : redécouvrir que nous sommes tous dans la main de Dieu, que nous avons pu Le méconnaître, L’oublier, vivre sans Lui ; mais le temps dans lequel nous entrons est le temps du désir, désir de Dieu, de Le voir, de Le sentir, de savoir qu’Il prend bien soin de nous. Et le prophète Isaïe nous donne la réponse de Dieu : « Voici que tu es descendu : les montagnes furent ébranlées devant ta face. » Dieu est venu, Dieu répond au désir de l’homme en venant à sa rencontre. Voici la bonne nouvelle de l’Avent : Dieu nous répond toujours en venant. Il ne déçoit jamais notre attente et ne nous laisse pas sans réponses. Son désir de rejoindre l’homme vient rencontrer le désir de l’homme de voir ou de sentir la présence de Dieu. Le temps de l’Avent est le temps de la rencontre de deux désirs : celui de l’homme d’aller vers Dieu, celui de Dieu d’aller vers l’homme, les deux se rencontrant dans l’Enfant Jésus, Dieu fait homme, qui répond au désir des deux côtés.
Alors se pose à nous concrètement la question : où cette rencontre des deux désirs a-t-elle lieu ? Et c’est là, précisément, qu’il faut concentrer nos efforts en ce temps de l’Avent. Le premier lieu de rencontre des deux désirs, de celui de Dieu et de l’homme, est dans la prière. Dans la prière, Dieu vient à l’homme, Il vient lui parler, le visiter, l’habiter ; et l’homme va à Dieu. La prière est fondamentalement, enfin la prière doit être, un dialogue entre Dieu et l’homme ; jamais un monologue. Sinon, c’est qu’il n’y a pas eu de rencontre vraie avec Dieu. On ne doit pas prier machinalement, par habitude, ou qu’avec sa tête. On doit prier avec son cœur pour chercher Dieu. Et pour cela, il faut entrer en soi, descendre dans les profondeurs de son être à l’image de Dieu pour Le trouver. Frères et sœurs, soignons notre prière personnelle, communautaire ; sanctuarisons et protégeons nos temps de prière ; soignons le silence sans lequel la rencontre avec Dieu sera impossible.
Le deuxième lieu de rencontre entre Dieu et l’homme est la liturgie. Dans la liturgie, Dieu vient à nous, Il se donne à nous en même temps que l’homme se tourne vers Dieu. La liturgie est le lieu d’une vraie rencontre avec Dieu, pas avec soi moi-propre. Il existe toujours, comme dans l’épisode du Veau d’Or, une tentation dans la liturgie qui consiste à tourner autour de son moi, pour en fait mettre l’homme au milieu et non Dieu. La liturgie est un culte rendu à Dieu, non à l’homme. Elle est par nature extatique, c’est-à-dire qu’elle nous fait sortir de soi. Le plus haut point de rencontre des deux désirs (celui de Dieu et celui de l’homme) réside dans la Communion eucharistique où Dieu vient à l’homme et où l’homme vient accueillir Dieu, pour habiter, un petit laps de temps, l’un dans l’autre.
Le dernier lieu de rencontre entre Dieu et l’homme est précisément dans l’autre. Mais nous ne pouvons et nous ne pourrons trouver Dieu dans l’autre que si nous sommes déjà nourris de la présence de Dieu en nous, fût-elle imparfaite. Profitons de ce temps de l’Avent pour approfondir nos relations familiales, conjugales, amicales etc…en cherchant la présence de Dieu dans le cœur de l’autre que je croise ou à côté de qui je vis.
Que la Sainte Vierge Marie, dont nous fêterons Vendredi prochain l’Immaculée Conception, nous accompagne dans la recherche et l’accueil de Dieu qui vient nous sauver. Amen !
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