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1er Dimanche de Carême
« Si tu es le Fils de Dieu… »
Frères et sœurs,
L’évangéliste St Luc lie le récit des tentations de Jésus au désert au baptême de Jésus. Bien plus, il présente les tentations comme un prolongement du baptême reçu : « Après son baptême, Jésus, rempli de l’Esprit-Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l’Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l’épreuve par le démon. » écrit St Luc. Ce lien que fait l’Evangéliste nous apprend deux choses : la première, c’est que le combat spirituel, le combat contre le démon fait partie de la vie baptismale ; la deuxième, c’est qu’il faut lire le récit des Tentations de Jésus dans la suite du récit du baptême. Lors de son baptême, Jésus était baptisé, non pour lui-même, mais pour l’humanité qu’Il venait assumer ; lors de son combat contre le démon au désert, Jésus ne combat pas seulement pour lui-même et sa mission, mais aussi au nom de l’humanité qu’Il est venu racheter et sauver. L’enjeu du combat contre le diable est très clair : ou bien Jésus en est vainqueur, et Il rachète toutes nos défaites et tous nos échecs, passés et à venir ; ou bien Il le perd, et c’est sa mission même de Rédempteur qui échouera.
Je vous propose donc de regarder en détail les trois tentations qu’affronte Jésus. A travers ces 3 tentations se révèle une seule et unique tentation : c’est celle qui consiste à mettre en cause la divinité de Jésus et par là-même l’existence de Dieu : « Si tu es le Fils de Dieu » dira par deux fois le démon à Jésus. Il met en cause sa divinité. Il l’invite à prouver qu’Il est Dieu. Mais, n’est-ce pas non plus chez nous une tentation répandue ? « Si Dieu existait, alors, pourquoi les guerres, pourquoi les morts innocentes ? pourquoi les catastrophes naturelles où meurent des innocents ? » Cette tentation, Jésus la rencontrera tout au long de sa vie, à travers les multiples signes qu’on ne cesse de lui réclamer pour prouver que c’est Lui le Messie. Aujourd’hui aussi, notre monde ne cesse de mettre en cause Dieu qui doit prouver qu’Il existe pour que l’on croie en Lui.
L’objet de la première tentation concerne la question de l’avoir, de la nourriture : « Ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Il peut exister la tentation de réduire le mystère de la Rédemption à la résolution de problèmes sociaux comme la lutte contre la faim, contre la pauvreté. Bien sûr, l’Église, à la suite même de Jésus, a toujours lutté contre la pauvreté, contre la faim. Pour autant, la Rédemption dépasse la résolution de problèmes sociaux : elle est l’œuvre d’un Salut à accueillir.
La deuxième tentation est celle du pouvoir : « Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes. » La tentation ici est celle qui consiste à utiliser la force pour obtenir ce que l’on veut, pour convertir. Mais la foi repose sur un assentiment libre, sur l’usage de notre propre liberté. Il est à ce titre intéressant de regarder la figure de Barrabas, ce « brigand » que Pilate proposera de gracier et que la foule choisira à la place de Jésus. On considère souvent, comme je viens de le dire, que Barrabas était un brigand. Mais le terme grec utilisé signifie aussi « combattant de la résistance ». Plus qu’un brigand, Barrabas se révèle plutôt être le chef de file d’un groupe d’émeutier. Si l’on regarde maintenant son nom, Barrabas devient une figure messianique : Barrabas : Bar-Abba : fils du Père. En fait, avec Jésus, deux figures messianiques s’opposent : Barrabas, un Messie à la tête d’un combat politique qui promet la liberté et un royaume politique et Jésus qui s’offre lui-même pour édifier un royaume d’une autre nature, un royaume d’amour.
Cette deuxième tentation nous amène à la troisième : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : ‘Il donnera pour toi à ses anges l’ordre de te garder.’ » A nouveau, tentation du pouvoir, tentation d’utiliser le pouvoir de sa divinité, pour se dérober : « Si tu es le Fils de Dieu ». Bien sûr que Jésus est le Fils de Dieu ; bien sûr qu’Il peut faire ce qu’Il veut…mais s’Il utilise sa divinité pour s’affranchir des limites de l’humanité qu’Il est venu assumer…tout tombe à l’eau ! Alors, sur la Croix, Jésus partira ; il descendra, comme d’ailleurs on le lui dira : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi toi-même et nous avec ! Descends de la croix ! » Le diable est très fin. Et en plus, comme lors de la tentation au jardin d’Eden, le démon cite la Parole de Dieu, il l’utilise en la dévoyant de sa finalité, il la pervertit pour tendre un piège et faire tomber Jésus.
Frères et sœurs, dans le combat spirituel que nous menons contre le démon, contre ses tentations, faisons bien attention ! Le diable ne prend pas des armes étrangères à nous. Il prend les nôtres et il les rend présentables et justes. Le démon nous trompe en maquillant ses intentions sous de beaux prétextes.
Alors, que ressortir de ce récit des tentations de Jésus au désert ? Tout d’abord que Jésus les a vécues jusqu’au bout et qu’Il en a triomphé. Lorsque nous-mêmes sommes dans une situation de combat, de tentation, nous sommes en communion avec Jésus qui a vécu cela.
Si nous faisons l’expérience que nous chutons, que nous succombons, Jésus lui en a triomphé mais pas pour Lui, pour nous. Nous voyons jusqu’où va son Amour. Le tout est de reconnaître qu’Il m’apporte sa victoire et qu’en Lui et qu’avec Lui, je suis déjà vainqueur malgré l’échec que j’ai pu vivre. Il a gagné pour moi ; il m’a racheté.
La méditation de ces trois tentations nous fait entrer en profondeur dans le mystère de la Rédemption, dans le mystère de Jésus qui donne sa vie pour nous, qui par sa mort, nous donne la victoire sur le mal et sur la mort. Notre salut est en Jésus.
C’est cette conviction et cette affirmation de foi que les membres des équipes funérailles et les Frères de Charité annoncent et servent dans leur mission d’accompagnement des familles en deuil et d’accompagnement des défunts. Il est heureux que nous fêtions en ce début de Carême le troisième anniversaire de la renaissance de la confrérie de charité de Vernon, qui se met, par charité comme son nom l’indique, au service de nos frères et sœurs frappés par la mort. Vous savez, ou je vous rappelle, que le service des morts, fait partie des œuvres de charité que les chrétiens sont appelés à honorer.
Chers Frères de charité, je m’adresse plus particulièrement à vous en ce jour anniversaire, en ce jour où 5 d’entre vous vont faire leur entrée définitive dans la confrérie, en ce jour où l’un va entrer pour sa période d’essai, il s’agit de Jérémy, gendre de notre cher et regretté Joseph qui est, j’en suis sûr, en communion particulière avec nous en ce moment, en ce jour où nous changeons aussi de maître dans la confrérie. Votre service fidèle, vous le savez, est très apprécié non seulement des membres de l’équipe funérailles, mais aussi des familles que vous accompagnez. Les très nombreux retours que nous en avons vont tous dans ce sens. Grâce au service que vous rendez maintenant sur l’ensemble de la Paroisse et des communautés, notre accompagnement des défunts est plus complet puisque vous assistez aux inhumations et vous assurez la prière de l’Église pour ce moment de la mise en terre. Je profite donc de cet anniversaire pour vous remercier, ainsi que les membres des équipes funérailles, pour votre service, en vous appelant à ne pas perdre de vue qu’à travers ce service, qu’il s’agisse d’être sacristain, de tenir un cierge ou la Croix de procession, d’encenser le corps du défunt, ou de lire la Parole de Dieu ou bien un texte ou une prière, vous témoignez de la présence de Jésus qui accueille le défunt et qui rejoint la famille endeuillée. Votre service, vos services, aussi petits soient-ils, doivent laisser place et manifester la présence de Jésus. Faîtes toujours cette prière, bonne pour tous ceux qui assurent un service d’Église, de ne pas tomber dans un service mécanique ou automatique : n’oubliez pas au nom de qui vous êtes là et que votre rôle est d’accompagner des personnes. Le service de la charité est un service qui s’adresse à une personne et un service qui prend en compte la personne dans sa globalité (corps, esprit, âme, relations).
Nous confions le développement de notre confrérie ainsi que sa croissance (en accueillant de nouveaux membres) à noter cher Joseph qui de là-haut doit pouvoir faire quelque chose pour nous. Merci pour ce service que vous rendez. Que le Seigneur vous bénisse. Amen !
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