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Actualités de la paroisse: Blog2
Photo du rédacteurParoisse Saint Louis

Homélie du 18ème Dimanche du Temps ordinaire


Frères et sœurs,


Ce dimanche, nous avançons dans l’enseignement de Jésus sur le Pain de Vie, enseignement dans lequel, Celui qui est né à Bethléem la Maison du Pain, se révèle comme étant le Pain de Vie. Dimanche dernier déjà, nous voyions Jésus conduire la foule de la faim naturelle à la faim de Dieu. Aujourd’hui, nous voyons le même processus à l’oeuvre : Jésus pousse ses auditeurs à descendre au plus profond d’eux-mêmes pour trouver, pour laisser surgir la faim de Dieu, le désir de Dieu. « Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. » leur reproche-t-Il. Et le passage d’Évangile s’achève sur cette demande de la foule : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. »

C’est une des caractéristiques de l’Évangile selon St Jean que de voir la manière dont Jésus s’y prend pour faire surgir le désir de Dieu enfoui au fond de chaque être humain. Voici une question que nous pourrions nous poser en ce temps d’été, de vacances, ou tout du moins en ce temps où nos rythmes de vie se modifient : où est en nous notre désir de Dieu ? Est-ce que nous le laissons s’exprimer ? N’est-il pas parfois comprimé, enfoui sous tout un tas de désirs autres qui nous envahissent ou parfois nous possèdent ? Nous pourrions faire un examen de nos désirs et remettre un peu d’ordre dedans : distinguer entre nos désirs naturels, nos désirs profonds, nos désirs secondaires, utopiques, nos désirs déréglés. Et au milieu de tout cela : où se situe notre désir de Dieu ? L’Évangile du jour nous pose même la question de manière plus crue : est-ce que j’ai faim de Dieu ? Une nourriture comble si nous avons faim, sinon elle ne comble rien. Le Pain de Vie nous nourrira si nous avons faim de Dieu. Sinon, elle ne portera pas ses fruits.


Je voudrais m’arrêter quelques instants sur la manière dont Jésus procède pour nous faire passer de la faim naturelle à la faim surnaturelle, la faim de Dieu. Nous remarquons dans l’Évangile que Jésus part toujours des réalités humaines pour nous conduire et nous ouvrir aux réalités spirituelles. C’est toute la logique de l’Incarnation d’un Dieu qui, pour nous conduire à Lui, est venu assumer la nature humaine. Ainsi en guérissant nos infirmités, Jésus se révèle comme le vrai Thaumaturge, le vrai Médecin, celui qui remet les péchés. Ainsi en rassasiant la faim et la soif naturelle de l’homme, Jésus ouvre notre être en profondeur à la nourriture qu’Il est Lui-même et à l’eau vive qu’Il nous donne dans le sacrement du baptême. Cette manière de procéder nous rappelle que l’homme est composé de la nature humaine et de la nature spirituelle, que la nature spirituelle élève la nature humaine et nous rend participants de la nature divine. C’est ce qui distingue la nature de l’homme de la nature de l’animal par exemple. Au-delà de cette manière de faire, Jésus nous montre aussi que pour conduire à Dieu, il faut tout d’abord prendre soin des réalités humaines. C’est ainsi que l’Église a toujours procédé dans les œuvres sociales. En s’occupant des malades, des orphelins, des personnes à instruire et à éduquer, à accueillir, l’Église conduit à Dieu. Frères et Sœurs il est important non seulement de comprendre cela, mais de le mettre en œuvre dans l’apostolat de l’Église. Trop souvent ces dernières années, ce qui relève du service de la charité, des œuvres sociales, a été édulcoré de sa finalité spirituelle. On a ainsi réduit la pratique de la charité à une simple œuvre humanitaire, certes importante et première, mais pas suffisante, en taisant, ou bien par peur ou bien parfois par lâcheté ou par compromission avec l’esprit du monde, la finalité chrétienne de ces œuvres. Il arrive que dans certains groupes caritatifs d’Église on ne distingue pas le groupe chrétien du groupe humanitaire ; c’est bien que c’est incomplet et qu’il manque quelque chose. L’Église porte en elle-même un trésor qui est de conduire à Dieu. les chrétiens ne doivent pas en avoir peur ni honte, ils doivent l’assumer. On parle aujourd’hui beaucoup d’évangélisation, de mission. Il faut s’appuyer sur tout cet héritage social et caritatif qu’a déployé l’Église, même s’il est moins important aujourd’hui, pour évangéliser et être missionnaire, mais non pas pour taire sa foi. Sinon, ces groupes disparaîtront d’eux-mêmes avec le temps.


Je voudrais reprendre un dernier aspect de l’enseignement de Jésus sur le Pain de Vie, comme une nourriture. En se donnant sous la forme du Pain, Jésus nous montre qu’Il se fait nourriture pour nous donner la vie divine : « Le Pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » On entend beaucoup parler aujourd’hui dans l’Église de la Parole de Dieu qui nourrit. Il est vrai que Jésus dira lui-même : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Il ne faut pas opposer la Parole de Dieu à l’Eucharistie : toutes les deux sont des nourritures. La Parole de Dieu est une nourriture spirituelle ; l’Eucharistie une nourriture corporelle. Et la force de la messe est que nous recevons ces deux nourritures. L’une prépare à l’autre. Mais il n’est pas juste de mettre de côté, ou de laisser tomber l’Eucharistie, au profit de la Parole de Dieu. L’Église n’a pas inventé le Pain de Vie : elle l’a reçu de Jésus. Partout où l’Eucharistie est mise de côté, où elle n’est pas valorisée, l’Église perd son habitation divine pour devenir une seule communauté de fidèles qui ne vit plus de la grâce sacramentelle. La pratique des sacrements diminue, les communautés s’affaiblissent et les vocations disparaissent. Rien ne peut remplacer la Messe. Si Jésus s‘est donné sous la forme du Pain, c’est pour nourrir corporellement, et pas seulement spirituellement, la foi reçue lors de notre baptême. Les contemporains de Jésus l’ont bien compris : en multipliant les pains et les poissons, Jésus nourrit la faim naturelle de la foule. En se donnant Lui-même sous la forme du Pain de Vie, Jésus nourrit la foi de la foule. Si la foi n’est pas nourrie, elle s’affadit et devient perméable aux maladies du monde. Aujourd’hui, heureusement, beaucoup de communautés et de paroisses, beaucoup de jeunes, vivent un approfondissement eucharistique de la foi. Mais trop souvent, les chrétiens n’en restent qu’à une sorte de christianisme de valeurs, de principes, dont Jésus peut facilement être absent. Je le vois par exemple lorsque nous demandons aux parents les raisons pour lesquelles ils demandent le baptême pour leur enfant. Jésus est quasiment absent des raisons évoquées ainsi que la foi ou encore la vie éternelle ou le salut. Si la foi qui vient de Dieu n’est pas nourrie par Dieu, alors elle va se réduire à une sorte de catalogue de principes, de valeurs, mais elle ne transmettra bientôt plus rien.



Frères et sœurs, l’Eucharistie nous transforme : « Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé selon Dieu » lance St Paul aux Éphésiens. Le Pain de vie fait de nous des êtres nouveaux parce qu’il fait de nous des êtres qui meurent au péché et qui vivent de la Vie Nouvelle du Ressuscité. Plus nous communions, plus nous devenons des créatures nouvelles en Jésus et grâce à Jésus. Cette nouveauté qui se déploie en nous vient de la force de la Résurrection de Jésus ; elle prépare notre propre Résurrection en même temps qu’elle construit notre éternité en Dieu. Bien loin d’être une pratique habituelle ou routinière, l’Eucharistie est un principe dynamique de transformation en Dieu.


En ce dimanche, rendons grâce à Dieu pour le Pain de Vie qu’Il nous a donné en Jésus et demandons la grâce que nos communions soient toujours plus profondes et plus fécondes. Amen !


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