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18ème Dimanche après la Pentecôte
« Surge, tolle lectum tuum, et vade in domum tuam. »
Frères et sœurs,
À la lecture de cet Évangile, nous comprenons qu’il y a deux aspects dans la guérison du paralytique. Premièrement il y a une guérison physique, dans laquelle le paralysé retrouve l’usage de ses membres. D’autre part, il y a une guérison plus profonde qui est celle de ses péchés puisqu’en le guérissant Jésus, lui dit : « Aie confiance mon fils, tes péchés te sont remis. » Même si nous distinguons les deux aspects de cette guérison, il n’y a qu’une seule guérison que Jésus réalise : « Or donc, pour que vous sachiez que le Fils de l’Homme sur la terre a le pouvoir de remettre les péchés : ‘Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit et va dans ta maison’. » Jésus ordonne la guérison physique à la guérison spirituelle, plus profonde. Nous sommes habitués à voir cette manière de procéder dans l’Évangile. Jésus part toujours des réalités terrestres pour nous élever aux réalités célestes ; Il part toujours de signes sensibles pour toucher des réalités invisibles. Par exemple la multiplication des pains prépare au don du Corps du Christ dans le pain eucharistique. Ainsi en est-il des guérison : les guérisons physiques sont orientées à la guérison plus profonde qui est la guérison du péché. La paralysie physique est en outre le signe du péché qui paralyse notre âme et nous empêche d’aimer totalement comme Dieu le voudrait. La paralysie est au corps ce que le péché est à l’être humain. Ce faisant, Jésus nous révèle le lien existant entre le péché et le mal. Même si le mal que nous subissons dans notre vie n’est pas toujours la conséquence de notre propre péché, il y a un lien profond entre le péché et le mal que nous commettons et que nous subissons. La source, l’origine du mal se trouve dans le péché que nous commettons. Et donc, vouloir combattre le mal physique, spirituel, moral en nous, dans le monde, commence toujours par le combat contre le péché et contre mon péché.
Si la pointe de l’Évangile porte sur la guérison du paralytique, il y a un petit détail qui pourrait passer inaperçu mais qui est intéressant et important. C’est la démarche de ceux qui amènent le paralytique à Jésus : « Et voici qu’on lui amena un paralytique étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique (…) » Deux choses ici sont importantes. D’une part la démarche des personnes qui vont amener le malade à Jésus et d’autre par la foi qui les anime. Jésus souligne d’ailleurs la beauté de cette démarche. Et cela nous interroge sur nos propres intentions et nos propres pratiques. Est-ce que nous avons le souci de conduire à Jésus les gens qui souffrent, qui ont le désir de Le rencontrer, ou qui n’y arrivent pas d’eux-mêmes ? En d’autres termes, est-ce que nous allons à Jésus pour nous-mêmes ou est-ce que nous portons le souci de Lui présenter d’autres personnes ? Et cela peut être de manière réelle, physique, en accompagnant par exemple des personnes à la messe ou en les accompagnant dans une église pour prendre un temps de prière avec eux ? Mais cela peut également être possible dans notre prière. Et notamment à travers la prière de l’Adoration. Est-ce que lorsque nous sommes devant le Saint-Sacrement, nous prenons le temps de présenter à Jésus des personnes qui n’osent pas s’approcher de Lui ?
Et qu’en est-il de la foi que nous investissons lorsque nous prions pour des personnes ou lorsque nous confions au Seigneur une situation ? Je pense par exemple lorsque l’on prie pour des personnes qui sont malades. Est-ce que nous avons l’audace parfois de demander avec conviction et foi que le Seigneur les guérisse ? Ne limite-t-on pas parfois la puissance de Dieu dans la manière dont nous formulons nos prières ? Dans l’Évangile, Jésus souligne bien la beauté de la foi de ceux qui Lui amènent le paralytique.
Cette démarche de Charité et de foi est particulièrement importante, parce que nous rencontrons les personnes qui peuvent être éprouvées dans leur foi et qui n’ont plus le ressort nécessaire pour elles-mêmes venir à Jésus. Dans ce cas, c’est à nous de les porter, personnellement, en famille, en paroisse, ou en Église.
La rencontre avec Jésus transformera quelque chose dans la vie de la personne qui va Le rencontrer. Nous voyons dans l’Évangile que la divinité de Jésus a opéré une guérison en rendant sa motricité et sa liberté au paralytique et en lui remettant ses péchés. Tous les miracles de Jésus s’expliquent par la puissance de sa divinité qui vient guérir votre humanité blessée, abîmée. Mais nous pouvons lire le récit de cette guérison d’une autre manière. Jésus dit au paralysé « Lève-toi, prends ton lit et va dans ta maison. » L’invitation à se lever est symboliquement une participation à la Résurrection de Jésus qui s’est relevé d’entre les morts. Il était couché dans un tombeau et Il se relève. La puissance de la divinité de Jésus à l’œuvre dans ce miracle est la même qui sera à l’œuvre pour la Résurrection de Jésus. Et par conséquent tous les miracles opérés par Jésus sont déjà une participation à sa Résurrection.
« Prends ton lit et va dans ta maison. » Le lit est ici le signe du sommeil et donc de la mort. Non seulement à travers ce miracle Jésus annonce déjà sa Résurrection d’entre les morts, mais Il y fait participer, communier celui qui Le rencontre. Et je vous ferais remarquer que le paralytique guéri ne repart pas tout seul, en laissant son lit par terre. Il repart avec son lit. Je crois que l’Évangile nous dit ici que participer à la Résurrection du Christ ici-bas sur terre ne consiste pas à ce qu’il n’y ait plus de mal, mais à en être vainqueur, à le vivre et le porter différemment de sorte qu’il ne nous paralyse plus. Il ne faut pas attendre ni espérer l’absence du mal pour que le bien se fasse, ce serait illusoire. Heureusement que la puissance de la Résurrection de Jésus se donne aujourd’hui dans notre monde et dans nos cœurs, malgré le mal qui existe. C’est précisément cela qui combat le mal. Notre paralytique guéri repart chez lui avec son lit, qui lui rappelle non pas d’abord son mal, mais sa victoire sur le mal.
Frères et Sœurs, au cours de cette messe, prions plus particulièrement pour toutes les personnes qui sont épuisées, découragées à travers les combats qu’ils mènent qui semblent parfois les écraser. Présentons au Seigneur toutes les personnes qui ont besoin d’être guéries physiquement, spirituellement et ayons foi dans la puissance de la Résurrection de Jésus toujours à l’œuvre aujourd’hui. Amen !
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