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Homélie du 11ème Dimanche du temps ordinaire

Photo du rédacteur: Paroisse Saint LouisParoisse Saint Louis

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11ème Dimanche du temps ordinaire

« Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence. »

 

Frères et sœurs,

 

            Nous abordons à travers les lectures de ce jour la question du mystère de développement du règne de Dieu dans nos vies et dans notre monde. L’Évangile selon St Marc nous donne quelques caractéristiques du règne de Dieu que je reprends.

La première est que le règne de Dieu a une force intrinsèque. Dans les deux images employées, la semence grandit d’elle-même, indépendamment de ce que fait l’homme. La conséquence est importante : ce n’est pas moi qui fais advenir le règne de Dieu, ce n’est pas moi qui accomplis son œuvre, je suis seulement celui qui coopère ; mais je ne suis pas la force de développement ou de croissance.

La deuxième caractéristique est que le règne de Dieu se construit dans le temps, progressivement. On peut distinguer 3 étapes essentielles : il y a d’abord celle de l’enracinement, puis la croissance en elle-même et enfin, la maturité avec la fécondité.

L’enracinement est fondamental; sans racines, la plante ne grandira pas. Lorsque Dieu construit son règne quelque part, lorsqu’Il construit une œuvre chez quelqu’un, cela commence toujours par des racines qui vont s’approfondir. Cela veut dire qu’on ne voit pas tout de suite à l’œil nu le règne ou l’œuvre de Dieu. La genèse du règne de Dieu est toujours invisible à l’œil nu, ce qui ne veut pas dire que cela n’a pas lieu. L’image prise par Jésus est très parlante : après l’enracinement, la graine va pousser et se développer en produisant de l’herbe, puis l’épi, puis le blé. Le temps est nécessaire pour que le règne de Dieu s’établisse. Et puis, il y a une maturation. Cette maturation conduit à la fécondité, non pas pour la graine elle-même ou pour la plante, mais pour nous, pour les autres.

            Ces quelques caractéristiques que je reprends m’amènent à plusieurs réflexions. Tout d’abord, cela pose la question de la juste place de l’homme. L’homme est collaborateur, serviteur de l’œuvre de Dieu, du règne de Dieu, mais surtout pas celui qui en est à l’origine. Ce que je dis de l’homme est valable pour l’Église ; l’Église collabore d’une manière particulière et unique à l’élaboration du règne de Dieu, à son œuvre, mais elle n’en est pas le principe originel. Il en va de même pour nous si nous assumons des services ou des missions paroissiales ou ecclésiales.

            Je pense aux enfants qui nous sont confiés dans le cadre du catéchisme. Notre mission première est de permettre l’enracinement de la semence divine dans leurs coeurs, pas de voir tout de suite la fécondité de la grâce divine. Sans enracinement, la semence divine ne tiendra pas. Dans une société où l’on ne prend plus le temps, il faut soigner l’enracinement qui nécessite du temps et permettra de tenir dans le temps. Parfois, le manque de visibilité de la fécondité peut rendre ingrat ou décourageant le travail du catéchiste, mais notre mission est de semer et de permettre l’enracinement, qui par définition ne se voit pas, pas de chercher à voir les fruits.

            Enfin, gardons bien en tête que le début du règne de Dieu est toujours une réalité qui commence de manière intérieure, invisible à l’œil nu.

            Je voudrais maintenant vous proposer de lire ces deux paraboles par rapport à nos relations. Nos relations humaines en effet sont très importantes ; elles caractérisent l’homme qui est un être de relations; elles sont appelées à rendre gloire à Dieu, à être sanctifiées et à construire l’unité. Non seulement Dieu permet les relations, mais Il entre dedans et Il les sanctifie, Il les fait grandir. Que nos relations soient conjugales, familiales, amicales, professionnelles, paroissiales, en tant que relations chrétiennes, elles sont appelées à glorifier Dieu. Nous faisons tous l’expérience dans nos vies de relations qui se sont révélées décevantes, ou bien parce qu’elles n’étaient pas vraies, ou alors parce qu’elles étaient intéressées, ou bien parce que l’on s’est servi de nous. On dit souvent que c’est dans l’épreuve, les difficultés qu’on voit les vraies relations, les vraies amitiés. À l’inverse, nous découvrons aussi des relations qui prennent du poids, de la valeur dans le temps ; nous découvrons aussi parfois que Dieu les a permises ou les a habitées pour notre bien. Et souvent, à moins d’avoir une intuition ce qui peut arriver à certaines personnes qui en ont le don, nous n’avons pas repéré tout de suite que telle ou telle relation était habitée par Dieu. Cela se découvre dans le temps. Nous pouvons relire ces relations habitées par Dieu et nous verrons alors les étapes évoquées plus haut : il y a eu une phase d’enracinement, qui va permettre à la relation de grandir, de se fortifier; puis il y a la croissance : on passe d’un sentiment de bien-être avec telle ou telle personne à des réalités plus profondes et à des apports plus conséquents ; et puis il y a la fécondité qui est le fruit de la relation marquée et habitée par Dieu. Les fruits sont visibles par tous et, s’ils sont le résultat d’une relation habitée par Dieu, les fruits sont pour le bien de tous. Le blé qui a poussé est pour les autres ; la graine de moutarde  qui a poussé sert d’abri aux oiseaux ; le cèdre évoqué en première lecture permet de nombreux abris et refuges.

            Frères et sœurs, soyons attentifs à nos relations, qu’elles soient familiales, amicales, conjugales, paroissiales, professionnelles. Repérons celles qui sont habitées par Dieu ; regardons comment Dieu les a construites progressivement dans le temps et sachons en cueillir et goûter les fruits ainsi que les proposer aux autres. Que nos relations rendent gloire à Dieu par la charité qu’elles dégagent.

 

            Nous pouvons encore regarder ces paraboles comme une image de l’Église dont la mission est de coopérer à la construction du règne de Dieu. Les images employées dans les textes entendus ce jour sont des images du Christ. Tout d’abord le grain de blé semé en terre. Jésus prendra Lui-même cette image pour parler de sa mort et de sa Résurrection : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. » De plus, le blé renvoie au pain et à l’Eucharistie, Corps du Christ.

La graine de moutarde qui va grandir devient un arbre qui permet un refuge et un abri pour de nombreux oiseaux ; l’arbre renvoie à l’arbre de la croix, qui devient une protection et un signe de vie.

Quant au cèdre que l’on trouve dans la première lecture, il est le signe de la dynastie royale. L’arbre qui pousse devient le signe de la royauté ; nous retrouvons encore une image de la croix, mais aussi de la Royauté du Christ. Ces 3 images nous redisent donc que le règne de Dieu qui se construit dans le temps, qui est source de vie, qui dépasse la mort est dans la personne de Jésus. L’Église, à la fois Corps du Christ et Épouse du Christ, porte la mission de Jésus qui est de continuer à établir le règne de Dieu, en engendrant à la vie divine, en donnant les sacrements qui font passer la mort, en étant un abri et un refuge pour les hommes qui ont besoin de refaire leur force. Le rôle de l’Église est de préparer les âmes à accueillir Jésus. Bien sûr, Dieu peut établir son règne partout où Il veut, mais ce règne réside en la personne de Jésus qui s’est donné totalement à son Église et l’Église a reçu mission de Jésus de collaborer à l’édification du Royaume de Dieu. Chacun de nous a donc mission, en vertu de son baptême, de collaborer à l’avènement du règne de Dieu. Que cela commence d’abord en nous, dans nos relations, avant d’être étendus aux autres. Amen !

 
 

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