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Photo du rédacteurParoisse Saint Louis

Homélie du 11ème Dimanche du Temps ordinaire


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11ème Dimanche du Temps ordinaire


« Ces douze, Jésus les envoya en mission. »


Frères et Sœurs,


L’Évangile que nous venons d’entendre aborde la question de la mission de l’Église et des ouvriers dont elle a besoin. Ce même Évangile, dans la bouche de St Matthieu, donne une priorité dans la mission à l’évangélisation des Juifs, « des brebis perdues de la maison d’Israël », question des priorités pastorales sur laquelle je vais revenir plus loin. Il apparait en tout cas un lien entre le peuple Élu et l’Église, et c’est ce lien que je souhaiterais regarder dans un premier temps.


La première lecture redit l’objet particulier qu’est le peuple d’Israël aux yeux de Dieu : « Vous serez mon domaine particulier parmi tous les peuples, car toute la terre m’appartient. » Cette parole de Dieu redit à la fois la place privilégiée du peuple d’Israël en même temps qu’elle redit que toute la terre est à Dieu, conférant ainsi à la parole du Seigneur une dimension universelle, catholique. La place privilégiée du peuple d’Israël dans l’histoire du salut va avec la mission que Dieu lui a confiée de recevoir la Révélation de Dieu et de le faire connaître à tous les peuples de la terre. Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme, est issu du peuple d’Israël dont Il est le Messie. Nous voyons au travers de sa vie combien Jésus ouvre le salut qu’Il est venu apporter aux nations païennes. Cela commence à sa naissance avec l’Adoration des Mages et la prophétie du vieillard Syméon : « Lumière qui éclaire les nations et gloire de ton peuple Israël. » Cette ouverture au salut est visible à travers la définition de la famille que Jésus donne, non plus se résumant aux seuls liens du sang, mais s’exprimant aussi dans la recherche d’accomplissement de toux ceux qui cherchent à faire la volonté de Dieu. Elle est visible également dans les miracles que Jésus accomplit : il guérira des Juifs et des païens. Le salut est pour tous. Jésus a donc révélé sa pleine mission au peuple d’Israël en l’ouvrant à l’universalité. Ce peuple de Dieu, s’enracinant dans le peuple d’Israël et ouvert à l’universalité, qui devient un nouvel Israël, s’incarne dans l’Église, nouveau peuple de Dieu, chargé de Le faire connaître au monde. La Constitution dogmatique Lumen Gentium rappelle ceci : « Et tout comme Israël selon la chair cheminant dans le désert reçoit déjà le nom d’Église de Dieu, ainsi le nouvel Israël qui s’avance dans le siècle présent en quête de la cité future est appelé lui aussi : l’Église du Christ : c’est le Christ, en effet, qui l’a acheté de son sang, empli de son Esprit et pourvu des moyens adaptés pour son unité visible et sociale. L’ensemble de ceux qui regardent avec la foi vers Jésus auteur du salut, principe d’unité et de paix, Dieu les a appelés, il en a fait l’Église pour qu’elle soit, aux yeux de tous et de chacun, le sacrement visible de cette unité salutaire. » LG 9 Le Peuple de l’Ancienne Alliance, ouvert progressivement à la catholicité de sa mission, s’épanouit dans le Nouvel Israël qu’est l’Église. L’Église est le Peuple de Dieu, « un royaume de prêtres, une nation sainte » pour reprendre les paroles de la Première lecture. On peut dire encore que l’Église est le peuple de Dieu de la nouvelle Alliance et qu’elle assume un caractère catholique, déjà en germe dans le Peuple d’Israël dans l’Ancienne Alliance.


Si l’Église déploie la mission du Peuple d’Israël pour constituer le Peuple de Dieu et en faire un royaume de prêtres, une nation sainte, l’Évangile nous apporte une donnée importante pour comprendre la nature de l’Église : l’Église est apostolique, c’est-à-dire qu’elle repose sur les 12 Apôtres. Le passage d’Évangile que nous entendons aujourd’hui est à ce titre très intéressant parce que nous voyons les disciples devenir Apôtres. Jésus en choisit 12, en référence aux 12 tribus d’Israël, signe du Peuple Élu de l’Ancien Testament, pour constituer ce peuple nouveau de la Nouvelle Alliance. Le terme Apôtre vient du grec Apostolos qui signifie Envoyé. L’Apôtre est donc un disciple de Jésus qui a été envoyé en mission par Lui : « Ces Douze, Jésus les envoya en mission » nous dit St Matthieu. Pour cette mission, ils ont reçu les pouvoir sacramentels. St Matthieu nous le dit lorsqu’il écrit : « Alors Jésus appela ses 12 disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. » Cette mission, Jésus la reprécise à la fin du passage d’Évangile : « Sur votre route, proclamez que le royaume des cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. » En fait, les Apôtres vont avoir la mission de prolonger le ministère de Jésus : enseigner, guider et guérir. Ces trois activités principales caractérisent la mission de l’évêque, successeur des Apôtres. Comme nous recevons un nouvel évêque, j’en profite pour vous repréciser la mission de l’évêque. Dans la théologie catholique, on parle des tria munera, c’est-à-dire, des trois charges qui incombent à l’évêque. L’évêque a la charge d’enseigner (munus docendi), il est docteur de l’Église dans son diocèse, ce qui est signifié par sa mitre ou encore par sa cathèdre; il a la charge de guider son peuple (munus regendi), ce qui est signifié par sa crosse qui montre qu’il est le pasteur de son peuple; il a la charge de sanctifier (munus sanctificandi), c’est-à-dire de guérir par l’administration des sacrements et le service de la prière. Les prêtres, quant à eux, sont des collaborateurs de l’évêque et ils aident ce dernier dans sa charge en exerçant ces tria munera sur une partie du peuple de Dieu du diocèse que l’on appelle la Paroisse. Le caractère apostolique de l’Église est important, car il signifie que l’Église demeure fidèle à l’Église fondée et envoyée en mission par Jésus. C’est un des critères, avec celui de la primauté de Pierre, qui nous permet d’authentifier la pleine communion des Églises avec l’Unique Église fondée par Jésus. C’est pourquoi l’on peut dire que, malgré son péché, malgré ses faiblesses et ses pauvretés, malgré ses scandales aussi, l’Église catholique qu’elle soit orientale ou occidentale, de langue grecque ou latine, est l’Église qui est restée la plus fidèle à l’Église fondée par Jésus, car il n’y a jamais eu de rupture de la succession apostolique ou de rupture dans la succession de la primauté de Pierre, ce qui n’est pas le cas des églises protestantes ou anglicanes. Pour l’Église orthodoxe, il n’y a pas vraiment eu de rupture dans la primauté de Pierre ; il y a discussion au sujet de la place de la primauté de Pierre par rapport au collège des 11 autres Apôtres ; la primauté est comprise différemment que dans l’Église catholique sans qu’il y ait eu pour autant de rupture dans la succession. Les orthodoxes reconnaissent le Pape comme évêque de Rome.


Je voudrais terminer cette ma méditation en réfléchissant avec vous sur la question des priorités pastorales que St Matthieu semblent dessiner. « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. » Voilà qui nous interpelle, compte tenu de tout ce que je vous ai dit sur la catholicité que donne Jésus à son Église ! On a souvent expliqué cette parole de Jésus dans la bouche de St Matthieu en disant que St Matthieu, Lévi, est un Juif devenu disciple de Jésus qui écrit son Évangile à destination des communautés juives. Cela est certainement vrai pour une part. Mais on ne peut pas se cacher derrière cela pour esquisser la question selon laquelle Jésus aurait donné des priorités à ses Apôtres dans l’exercice de leur mission. Il n’y a rien d’illogique à penser que Jésus oriente en priorité ses disciples vers les communautés juives, préparées depuis fort longtemps à accueillir le Messie. Et ce, d’autant plus que les disciples ne sont pas encore très nombreux pour l’apostolat. Même si dans l’évangélisation c’est Dieu qui agit, il y a un principe de réalité qui repose sur les forces en présence. Il y a après une donnée qui échappe à tous les calculs, tous les plans d’évangélisation, à toutes les têtes pensantes, fussent-elles bien faites, c’est la question de la docilité à l’Esprit-saint qui est le premier à agir, à travailler et à convertir.


La question des priorités pastorales se pose de manière de plus en plus aigüe dans notre société où l’Église et les chrétiens sont devenus minoritaires. Quelles priorités dessiner ? quelles priorités décider ? Faut-il privilégier l’évangélisation des milieux chrétiens qui abandonnent la pratique, considérant qu’il y a déjà eu une première annonce, ou faut-il mettre le paquet sur les personnes n’ayant jamais entendu parler du Christ ? Je crois que cette question, réelle, est en fait mal posée. On ne peut répondre ni pour un côté, ni pour un autre au risque d’avoir une ligne idéologique qui n’aura plus la souplesse de la réalité. Je crois qu’il faut au contraire chercher à repérer les signes de l’Esprit-Saint pour voir où Il nous appelle, Lui qui connait les fonds des cœurs et les réalités que nous ne voyons pas. C’est Lui qui fait surgir des dynamismes insoupçonnés permettant de déployer l’évangélisation.


Frères et sœurs, puissent ces quelques réflexions nous aider à mieux appréhender et vivre la mission de l’Église ; mais ne mettons pas de côté ce que Jésus nous a Lui-même demandé : « Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » L’Église est dans sa nature même apostolique ; elle ne peut exister sans les Apôtres et les ministres ordonnés. Prions pour les vocations sacerdotales et religieuses dont notre Église a besoin, et soutenons-les plutôt que les critiquer ou de les opposer. Une paroisse qui passe son temps à critiquer les prêtres qu’elle reçoit ne portera aucune vocation. Amen !

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