Homélie de la Solennité du Sacré-Cœur
- Paroisse Saint Louis
- 28 juin
- 4 min de lecture

+
Solennité du Sacré-Cœur
« La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. »
Chers Frères et Sœurs,
Comment Dieu pouvait-il mieux faire pour nous montrer son amour que de prendre un corps d’homme avec un cœur d’homme qui bat, qui aime infiniment ? Un coeur qui a été blessé par le refus de l’amour de l’homme ou le manque d’amour et de considération de l’homme ? Toute la spiritualité du Sacré-Cœur est là. Le Sacré-Cœur de Jésus nous dit à la fois l’amour infini que Dieu a pour l’homme, mais c’est un amour qui a été blessé ; c’est un amour dont la blessure apporte vie et guérison ; c’est un amour qui vient guérir l’amour humain et le transformer pour le diviniser.
Alors reprenons ces différents éléments de la spiritualité du Sacré-Cœur dans l’ordre. Le Sacré-Cœur de Jésus nous révèle l’amour de Dieu. Les textes choisis dans cette année liturgique pour la solennité du Sacré-Cœur mettent surtout l’accent sur Jésus, Bon Pasteur. Le Bon Pasteur décrit dans la première lecture prend soin de ses brebis, il les nourrit, les protège, les guérit ; il va chercher celle qui s’égare. L’Évangile fait échos au prophète Ézéchiel. La logique pastorale du Bon Pasteur qu’est Jésus n’est pas d’abord une logique de chiffres, de succès, mais de salut. Le Sacré-Cœur de Jésus nous redit l’amour infini et inconditionnel de Dieu qui aime l’homme malgré ses limites, malgré ses pauvretés, malgré son péché, malgré ses refus d’aimer. L’amour de Dieu se propose et se repropose à l’homme au-delà de son péché pour le sortir et lui redonner la vie. C’est un amour miséricordieux qui oriente vers la vie et qui veut sauver la créature.
Mais ce cœur enflammé d’amour que Jésus a révélé à Sœur Marguerite Marie Alacoque est aussi un cœur couronné d’épines ; c’est un cœur blessé, qui saigne et qui a été transpercé par la lance. Le cœur de Jésus est blessé par le péché de l’homme, par nos péchés. Ce cœur qui aime est blessé parce que l’amour qu’il donne n’est pas accueilli, parce qu’il n’est pas accueilli à sa juste valeur, parce que, parfois, il est reçu avec désinvolture et mépris, quand il n’est pas tout simplement ignoré ou combattu. La lance qui va transpercer le cœur de Jésus au moment de la crucifixion est à ce titre particulièrement évocatrice. Elle est l’expression de la volonté de tuer, d’achever la mort de Jésus, elle est en conséquence l’expression du mal et de la mort. St Jean, témoin de cette scène, nous écrit que le centurion romain perça le cœur de Jésus, « perça » au sens d’ouvrir. Et l’ouverture faite par cette blessure fait couler de l’eau et du sang, signes tout d’abord de l’humanité et de la divinité de Jésus, signes ensuite des sacrements du baptême et de l’Eucharistie qui coulent du cœur même de Jésus. En somme, la grâce de Dieu s’écoule de la blessure faite par le mal. Dieu est tellement bon, qu’il ne peut y avoir de mal qui sorte de Lui, mais qu’au travers de la blessure qui a été faite à ce cœur, sortent la grâce, la vie, l’amour. En Lui, la blessure devient source de guérison et de vie. Le psalmiste annonçait déjà ce mystère de la Croix, ce mystère du Sacré-Cœur lorsqu’il disait dans le Psaume : « Ipse vulnerat et medetur », « Lui-même est blessé et guérit. » La blessure faite à Dieu fait surgir la vie, la guérison, l’amour. C’est exactement le mystère de la croix, mystère qui fait que l’instrument de la mort devient l’instrument de la vie. Dieu répond au mal par une surabondance de vie, Il répond à la blessure par la guérison, Il répond au péché par le pardon ; voilà ce qu’est Dieu.
Frères et sœurs, tous ceux qui est d’une manière ou d’une autre adorent le Saint-Sacrement se trouvent confrontés à ce mystère de l’Amour et de la Vie, à ce mystère du Pardon et du Salut. Et l’Adoration du Saint-Sacrement a pour conséquence qu’elle nous transforme intérieurement selon le Sacré-Cœur de Jésus.
Frères et sœurs, je voudrais attirer votre attention sur un autre fruit de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Le Sacré-Cœur de Jésus nous révèle l’absolu de l’amour de Dieu, un amour parfait, inconditionnel, total qui donne la vie et qui guérit. Nous-mêmes nous faisons l’expérience que nous n’aimons pas toujours comme il faut ou que nous pouvons avoir du mal à aimer. Et quand bien même l’amour est réellement présent dans le cœur de l’homme, nous faisons l’expérience que notre humanité est limitée ; elle limite l’expression de l’amour alors que dans le même temps nous sentons que l’amour qui nous habite dépasse nos limites et nous appelle à une autre réalité qui est en fait Dieu. La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus permet en quelque sorte de transformer notre amour humain, limité par notre condition humaine, en un amour divin qui dépasse et abolit déjà les limites, les distances, la séparation. Dit autrement, le Sacré-Cœur de Jésus ne fait pas que guérir nos péchés, nous blessures, nos souffrances, mais Il transforme l’amour de l’homme en amour de Dieu, donnant la capacité à notre amour humain limité d’entrer déjà dans l’Amour sans limite de Dieu, qui abolit la séparation, la distance, et même les limites de l’altérité.
Que tous ceux qui souffrent dans leur âme, dans leur cœur, dans leur corps, trouvent dans la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, dans les blessures de Jésus, la Vie, la guérison et le repos. Que tous ceux qui aiment trouvent dans la dévotion Sacré-Cœur de Jésus le dépassement et la perfection que permet l’amour de Dieu pour nous préparer à vivre dans l’éternité de son Amour. Amen !
Comentários