Homélie de la Solennité des Saints Pierre et Paul -- Messe d’Au-Revoir
- Paroisse Saint Louis
- 29 juin
- 10 min de lecture

+
Solennité des Saints Pierre et Paul
Messe d’Au-Revoir
« Le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. » 2 Ti
Chers Frères et Sœurs,
Chers amis paroissiens,
Fêter les Saints Apôtres Pierre et Paul, c’est entrer en profondeur dans le mystère de l’Église, dans le mystère de cette Église que Jésus a fondée, qu’Il a instituée, que l’Esprit Saint a envoyée en mission, qui a pour mission de transmettre la foi et de conduire les hommes à Dieu, mystère de l’Église qui fait que l’Église est sainte par institution et par vocation et qu’elle est composée d’hommes pécheurs appelés à la conversion et au salut. Qui regarde l’Église de manière juste ou s’engage dans la mission de l’Église en tant que pasteur (évêque, prêtre, diacre) ou encore en tant que baptisé, se trouve à confronté à la fois aux limites, aux pauvretés et aux péchés des hommes et à la grâce de Dieu qui agit malgré cela. Saint-Pierre, qui a reçu la plus grande et haute mission de gouverner l’Église et d’être le garant de son unité, est celui qui aura renié trois fois Jésus. Il fera l’expérience du pardon que Jésus lui offre et aura la chance de pouvoir racheter son triple reniement par une triple confession d’amour, au terme de laquelle Jésus le confirmera dans sa mission. Saint-Paul, cœur ardent, entier, brut de décoffrage pourrait-on dire, est un homme qui a toujours cherché la vérité et qui, même s’il s’est trompé parce qu’il défendait ardemment le Judaïsme et mettait à mort les disciples de Jésus, s’est tourné vers la Vérité et s’est converti en profondeur au point de devenir un des Apôtres les plus zélés.
Chers frères et sœurs, au terme de ces 7 années passées parmi vous, je souhaiterais faire une sorte de bilan de l’action pastorale que j’ai menée avec les différentes équipes avec lesquelles j’ai pu collaborer. Et pour faire devant vous ce bilan, je voudrais repartir de la visite que m’avez faite à l’époque où j’étais encore curé de ma paroisse précédente de Verneuil-sur-Avre le Père Théophile, nommé vicaire en même temps que moi à partir de septembre 2018 sur la paroisse de Vernon. Le Père Théophile était venu me trouver et m’avait demandé comment je voyais les choses pour la paroisse de Vernon. J’avais répondu que nous verrions progressivement ce qui existait déjà, les dynamismes en présence, les actions à soutenir ou consolider, mais j’avais donné trois pistes qui m’ont toujours guidé pendant mon ministère à Vernon ; je lui avais dit que je souhaitais une paroisse qui prie, une paroisse qui est comme une famille et une paroisse qui évangélise. Alors je me propose de reprendre rapidement chacun de ces axes et de voir avec vous ce qui a avancé et ce qui n’a pas été réussi au point que nous l’espérions.
Une paroisse qui prie. Sur ce premier point, nous avons beaucoup avancé et je vous en remercie. Quels que soient les différents types de messe ou de liturgie célébrées sur la paroisse, j’ai non seulement toujours eu plaisir à prier avec vous, mais à plusieurs reprises je me suis dit que c’était un honneur de prier avec vous et de conduire votre prière. Je connaissais la paroisse de Vernon pour y avoir été séminariste il y a 25 ans, même si à l’époque la paroisse n’était pas étendue comme elle l’est maintenant, et je savais la présence de fidèles très pieux attachés à la prière. Je rends grâce en premier lieu pour la mise en route de l’Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement, qui s’est d’ailleurs étendue encore récemment. J’espère que ce que je vais dire là n’est pas l’expression d’une fierté mal placée, mais ce n’est pas de moi dont je suis fier mais de vous. Il n’y a pas dans le diocèse, il n’y a pas à Évreux même ou encore dans les paroisses de l’Ouest parisien avec pourtant beaucoup de familles et de monde, il n’y a pas tellement de paroisses qui arrivent à tenir une Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement sur trois jours et trois nuits. Et vous, nous, nous l’avons mise en route et ça tient et porte du fruit ! Merci à vous ! Par rapport à la prière, je rends grâce également pour la solennisation des grandes fêtes liturgiques que nous avons pu vivre, avec notamment les offices des Vêpres solennelles, des Salut du Saint-Sacrement, la présence et le service des enfants de chœur. Le développement et le soin apportés à la liturgie ont permis, je le sais, à un grand nombre d’entre vous d’approfondir la prière de l’Église.
Il y a également une véritable richesse à travers les différentes chorales qui existent sur la paroisse, aussi bien les deux chorales de Saint Jean-Baptiste (Le Chœur uni de Saint Jean-Baptiste et la Chorale issue du groupe La Source de l’Éternel), que les différentes chorales qui sont sur la collégiale (celle de la messe de 9h15, celle de la messe de 11 heures, je pense à la Schola grégorienne montée avec Mathias il y a trois ans, je pense à la Maîtrise St Mauxe et à la Pré-Maîtrise, je pense à la chorale portugaise) ou encore l’orchestre de la communauté des 4 Clochers qui rend vivantes les célébrations. Alors, peut-être aussi s’habitue-t-on à ce qui est proposé sur la paroisse ? Je retiens des différents prêtres qui sont venus nous remplacer les étés ce qu’ils ont dit en guise de bilan : ils trouvaient la paroisse très priante, avec des liturgies soignées et dignes, des enfants de chœur et de la piété.
Une paroisse qui est une famille. Alors là frères et sœurs cela a été plus compliqué, même si je pense qu’il y a eu des avancées significatives et solides. Pour comprendre cela, je voudrais partir de l’image qui m’a sauté aux yeux lorsque je suis arrivé sur la paroisse. La première réalité, c’est qu’il existe une très grande diversité sur la paroisse, diversité sociologique, culturelle, linguistique, liturgique. Les trois Communautés qui font partie de la paroisse ont toutes des particularités importantes et des histoires différentes. Au premier coup d’œil tout est formidable : il y a du monde aux messes ; par exemple, ici à la collégiale, il y a toutes les générations : des enfants, des jeunes, de jeunes foyers, des foyers adultes un peu plus avancés, des personnes âgées. Beaucoup de monde, les uns à côté des autres. Alors la photo est très belle. Mais la réalité est un petit peu plus complexe, et en tout cas a été un peu plus dure pour moi. J’ai trouvé une très grande diversité dans l’ensemble de toutes les assemblées, peut-être un peu moins à la collégiale lorsque je suis arrivé ; mais en tout cas pour la collégiale j’ai été frappé de trouver une juxtaposition de personnes ou plutôt une juxtaposition de réseaux les uns à côté des autres qui ne se parlaient quasiment pas ou ne se connaissaient pas vraiment en profondeur. J’ai trouvé beaucoup de modes de fonctionnement en réseau, avec une certaine superficialité et une certaine mondanité qui nuisait à des rencontres humaines plus profondes et plus vraies avec des gens qui pensent ou qui prient différemment. J'ai aussi pu voir l'influence qu'avaient certaines ‘têtes de réseau’ qui donnaient en quelque sorte la teneur de ce qu'il fallait penser de telle ou telle messe, de telle ou telle prédication, ou de telle ou telle action paroissiale, et j'ai vu avec tristesse une obéissance, assez servile, à la tonalité générale de ce que la tête de réseau disait.
J’ai été surpris de ces conditionnements et du manque de liberté personnelle.
J’ai évoqué plus haut l’Adoration du St Sacrement et la liturgie par rapport à la prière. Je voudrais évoquer maintenant ces deux aspects par rapport à l’unité. L’adoration du Saint-Sacrement a fait progresser et grandir en profondeur l’unité sur la paroisse. Tout d’abord parce qu’elle a fait grandir chacun des adorateurs dans sa propre relation à Jésus, au-delà des différences sociologiques ou bien liturgiques. Comme je l’ai écrit récemment aux adorateurs pour les remercier, lorsque je suis arrivé sur la paroisse, j’ai trouvé une unité de façade assez fragile et très humaine. Pour beaucoup, l’unité mise en avant se résumait à des personnes qui pensaient la même chose, qui avaient les mêmes manières de voir dans leur groupe et qui prenaient leur manière de voir pour la juste norme. Ce qui fait que nous avions une conception de l’unité assez autocentrée, mettant de facto de côté tous ceux qui ne pensent pas pareil. Je pense que la véritable unité n’est pas là ; elle est dans l’ouverture profonde à celui qui pense, qui prie ou qui vit différemment. Indéniablement, en faisant grandir les paroissiens dans la communion à Jésus, l’Adoration du Saint-Sacrement a permis par voie de conséquence de faire grandir la communion et l’estime entre les paroissiens.
Quant à la liturgie, Frères et Sœurs il faut regarder les choses en face. Il y a plus de diversités liturgiques qui existent et qui sont honorées sur la paroisse qu’il n’en existe dans le diocèse lui-même. C’est-à-dire que chacun peut trouver la messe, avec son style, qui peut nourrir sa prière. Dès lors, au-delà des goûts personnels de chacun qui sont légitimes et sur lesquels je n’ai rien à dire, j’avoue ne pas avoir bien compris les guerres qui m’ont été faites par rapport au retour du grégorien et de la langue latine notamment dans la messe de 11 heures ici à la collégiale. Sur la paroisse, personne n’a été pris en otage, tout le monde a pu trouver des styles de messe différents.
Frères et sœurs, je rends grâce également pour l’évolution de la communauté de Saint Jean-Baptiste qui est une communauté qui a beaucoup de richesse et de promesses. Lorsque je suis arrivé, j’ai été frappé de constater que les personnes qui habitaient cette communauté n’étaient quasiment pas en responsabilité, mais que les responsabilités étaient assumées par des personnes venant d’autres communautés et parfois même, venant d’autres paroisses. Alors, avec mes différentes équipes pastorales, nous avons travaillé à permettre aux gens qui habitaient cette communauté de prendre eux-mêmes en main leur communauté. Merci aux Frères et Sœurs d’origine africaines de la communauté de St Jean-Baptiste pour leur générosité et leur sens de la famille ouvert qui a facilité l’intégration de tous dans des équipes ou des évènements paroissiaux.
Je rends grâce également pour tout le chemin parcouru avec la communauté des fidèles attachés à la messe tridentine. Dieu sait que les pressions internes à la paroisse comme externes n’ont pas manqué pour marginaliser cette communauté. Quelle que soit la forme de la messe, il est évident pour moi qu’il n’y a qu’une seule foi, une seule Église et une seule communauté. Avec mes équipes pastorales, nous avons toujours travaillé à unifier les deux communautés pour éviter de mettre de côté la communauté attachée à la liturgie traditionnelle et à laisser toute leur place aux fidèles dans la pastorale paroissiale ; de la sorte, notre paroisse s’enrichissait des forces des fidèles de la messe tridentine et nous leur offrions l’ouverture pastorale qui leur manque en bien des endroits.
Une paroisse qui évangélise. Ici frères et sœurs, 3 points méritent d’être repris.
Dans un premier temps vous ne l’avez certainement pas vu parce que cela était un travail interne qui s’est fait avec mes différentes équipes pastorales ; mais nous avons revu, équipe par équipe, les modes de fonctionnement et de préparation aux sacrements ou au catéchisme, tout en essayant d’optimiser les manières de fonctionner, de les actualiser et en essayant de rendre plus missionnaires les personnes engagées dans ces équipes. Alors tout n’est pas parfait, mais je pense que nous avons contribué, sans mettre de côté l’aspect fonctionnel, à faire grandir ces équipes dans une dynamique plus missionnaire.
Le deuxième point que je reprends est l’explosion du catéchuménat. Chaque année dans le bulletin paroissial, je vous ai fait connaitre les chiffres des enfants catéchisés sur la paroisse ainsi que les effectifs de catéchumènes. Vous aurez pu constater que le catéchuménat n’a fait qu’exploser. C’est réellement un des signes de renouveau de l’Église, qui ne concerne pas que Vernon, mais l’ensemble de notre pays, et c’est aussi le signe d’une bonne santé d’évangélisation. Alors le gros chantier qui reste, puisque je pense que nous avons les moyens d’accueillir et d’accompagner le nombre important de catéchumènes, le gros chantier qui reste et que je transmets à mon successeur ainsi qu’à ses futures équipes est l’accompagnement des néophytes. Là, il y a un énorme défi à relever qui peut contribuer au profond renouveau et rajeunissement de la paroisse et de l’Église.
Sur l’ensemble de la paroisse nous avons soutenu, encouragé et parfois créée des actions pastorales particulières d’évangélisation. Que cela soit à travers la présence sur les marchés pour faire connaître les horaires des messes de Noël et de Pâques, à travers l’évangélisation de rue, le porte à porte dans certains quartiers, à travers les processions qui ont été très appréciées par des gens plus éloignés de l’Église.
Par rapport à l’aspect missionnaire, je laisse juste un point d’attention qui concerne chacun de nous. Nous sommes appelés à être comme des saints Jean Baptiste, c’est-à-dire à préparer les chemins du Seigneur, à conduire à Jésus, à inviter à Le suivre, mais nous n’avons pas à faire rentrer dans nos manières de voir les gens qui nous sont envoyés par Dieu au risque, qui s’est malheureusement parfois produit, de perdre les gens et de les faire s’éloigner de l’Église.
Frères et sœurs, je voudrais terminer cette homélie en abordant des réalités plus matérielles. Au cours de ces 7 années, nous avons bataillé pour garder nos locaux paroissiaux, des locaux qui ont été donnés à la paroisse par des prêtres, des paroissiens, des locaux qui sont vos locaux. Le chantier n’est pas terminé mais les actions entreprises au cours de ces années vont permettre à terme de restaurer vos locaux et vont permettre à la paroisse, aux différentes associations caritatives, aux mouvements de jeunes (Scouts, Maîtrise, à l’enseignement catholique) de retrouver des locaux corrects et salubres. De la même manière, vous l’avez suivi dernièrement, je suis heureux d’avoir pu mener jusqu’au bout la réouverture de la chapelle de l’hôpital et je remercie tous ceux qui nous ont soutenus et qui nous ont aidés dans ce projet ainsi que tous les paroissiens bénévoles qui se sont engagés pour que la chapelle soit ouverte et pour que les malades, leurs familles et les Vernonnais puissent venir y prier.
Pour ce qui concerne l’avenir, je sais la paroisse solide, avec de réels dynamismes, avec une proposition chrétienne complète aussi bien au niveau de la foi, que de la prière, que des engagements caritatifs et associatifs. Le père d’Harcourt, les prêtres et les équipes qui travailleront avec lui, continueront de faire grandir la paroisse certainement dans d’autres directions et vous mèneront vers d’autres pâturages. C’est très bien et c’est sain. C’est ainsi que l’Église grandit et se consolide. Je suis heureux d’avoir pu accomplir le travail qui a été fait au cours de ces 7 années avec vous et pour vous. Je sais au moment où je quitte la paroisse qu’il existe un certain nombre de germes de vocation, d’ailleurs de différentes sortes, dans des cœurs de paroissiens. Je porte cela dans ma prière parce qu’une Église qui prie, qui devient une famille et qui évangélise conduit naturellement à une fécondité vocationnelle : prêtre, diacre, consacrés, religieux religieuse. Cette fécondité vocationnelle a fait défaut jusqu’à présent sur la paroisse ; mais je sais qu’il existe de réels germes assez solides. Ces vocations seront le signe de la bonne santé de la paroisse. Que la Vierge Marie et Saint-Louis, saint patron de notre paroisse, accompagne chacune de ces vocations en germe et chacun de vous. Amen !
Comentarios