Homélie de la Solennité des Rameaux
- Paroisse Saint Louis
- 13 avr.
- 4 min de lecture

Solennité des Rameaux
« Pour nous, le Christ est devenu obéissant, jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom. »
Chers Frères et Sœurs,
En entrant dans la Semaine Sainte avec le dimanche des Rameaux, nous pouvons nous demander ce que cette Semaine Sainte nous apportera de nouveau alors que nous commémorons un évènement qui s’est passé il y a presque deux mille ans. Finalement, en quoi ce dimanche des Rameaux et cette semaine Sainte vont nous apporter quelque chose de nouveau et de vivant à nous aujourd’hui ?
Eh bien, Frères et Sœurs, nous ne faisons pas que commémorer un évènement qui s’est passé il y a presque deux mille ans, mais la liturgie en réactualise pour nous les effets. Dit autrement, le cœur de Dieu, à travers la médiation de Jésus, demeure aujourd’hui et pour toujours ouvert à tous ceux qui vivent la Passion, à tous ceux qui veulent entrer dans la Passion, à tous ceux que le Seigneur veut sauver et à qui il veut donner le salut. Les hommes du temps de Jésus n’étaient ni meilleurs ni pires que nous. L’humanité est la même. En entendant ce long et émouvant récit des dernières heures de Jésus, nous trouvons nous-mêmes notre place dans cette foule. Peut-être par les souffrances et les injustices que nous vivons aujourd’hui, dans nos relations familiales, amicales, de travail ? par les trahisons que nous avons pu vivre ou que nous avons pu commettre ? Mais encore par notre relation à Dieu qui peut être en crise, abîmée, ou encore parce que nous nous sentons abandonnés de Dieu.
Pour entrer dans la Passion, il nous faut suivre Jésus et être humbles. La Passion va faire exploser toute prétention et tout orgueil chez les disciples de Jésus. Nous voyons que Jésus s’est dépossédé de tout : de son droit d’être traité à l’égal de Dieu, comme le rappelle Saint-Paul dans la deuxième lecture, de sa volonté, de sa défense, de ses habits et finalement de son souffle, qu’il remet à Dieu. Cette dépossession totale n’est pas l’expression de celui qui a tout raté, d’un échec, même si cela en prend l’apparence, mais elle est au contraire l’offrande de Celui qui a déjà tout donné. En regardant attentivement la passion, nous découvrons que Jésus a déjà tout offert et tout anticipé : il annonce la trahison de Judas et le reniement de Pierre, Il annonce les guérisons dont sa Passion sera la source, Il a déjà transmis à son Église le rite sacramentel, la messe, qui redonnera tous les effets et la fécondité de sa Passion à ceux qui y communieront. En fait, malgré les apparences, rien n’échappe à Dieu qui tient tout dans sa main. Ici se trouve pour nous déjà une première bonne nouvelle : quelles que soient les croix que nous portons dans notre vie, elles sont déjà dans la main de Dieu et Jésus les a déjà portées pour nous.
Le deuxième aspect de la Passion que je souhaiterais laisser à votre méditation est le fait qu’avant même que Jésus ne ressuscite à Pâques, la Passion est déjà source de guérison. Nous le voyons à travers la guérison physique du serviteur du centurion à qui Jésus répare l’oreille ; nous le voyons au plus haut point avec le salut qui est accordé au bon larron, qui reçoit à quelques instants de sa mort, la promesse d’être ce soir même dans le paradis avec Jésus. Nous le voyons à travers l’annonce du reniement de Pierre dans lequel Jésus annonce déjà la rédemption de son Apôtre. C’est l’Amour tout-puissant de Dieu qui conduit Jésus à la Passion qui fait que, à travers les épreuves, les injustices et les souffrances, le bien se manifeste déjà avant même qu’il ne triomphe de manière définitive dans la Résurrection. Frères et sœurs, cet épisode de la Passion nous révèle le trésor qui est contenu dans toutes les passions. À ceux qui le découvrent et qui acceptent la communion avec Jésus qui souffre, s’ouvre déjà le trésor de la guérison, de la rédemption et du salut. Par la Passion, Jésus a fait de la croix, instrument de mort, l’instrument du Salut et de la Vie.
Enfin Frères et Sœurs, avant même la Résurrection de Jésus, nous voyons que la Passion fait advenir une réalité nouvelle. Au moment où Jésus meurt, le rideau du Sanctuaire se déchire en deux. Cela signifie que l’ancien culte s’effondre et que le sacrifice de Jésus qui offre sa vie par amour sur la croix constitue l’Avènement d’un nouveau culte. La Passion est source d’une nouveauté qui est donnée à tous ceux qui y communient. Cette nouveauté triomphera dans la fête de Pâques, mais elle est déjà perceptible dans la Passion.
Frères et sœurs, entrons avec humilité dans cette Semaine Sainte qui nous conduira à commémorer la mort de Jésus pour communier à sa Résurrection. Entrons dans la Passion avec nos catéchumènes qui vont recevoir une vie nouvelle, entrons dans la Passion en entraînant notre monde où le bien et le mal, les ténèbres et la lumière ne cessent de s’entrechoquer pour faire advenir la victoire de Dieu. Amen !
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