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Photo du rédacteurParoisse Saint Louis

Homélie de la Solennité de Saint Jean-Baptiste


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Solennité de Saint Jean-Baptiste

Messe du Jour


L’enfant grandit et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert.


Frères et sœurs,


Lorsqu’on évoque la personne de Jean-Baptiste, on pense immédiatement à l’homme qui a vécu au désert. Le temps de l’Avent, temps de conversion et de préparation à Noël, à la venue du Messie, accorde une grande place à ce saint. Lorsque des Juifs, craignant qu’il ne soit le Messie, lui demandent qui il est, Jean-Baptiste répond : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : ‘Préparez le chemin du Seigneur.’ » Il se définit donc lui-même comme la Voix qui crie dans le désert qui prépare la venue de Celui qui sera la Parole. La Parole, pour être entendue, a besoin justement de la voix ; elle a besoin d’un support. Ces images, ou plutôt ces réalités de l’Evangile, disent l’intimité qu’il y a entre Jean-Baptiste et Jésus. Eh bien, cette intimité nait dans le désert. C’est cela que je voudrais regarder plus précisément avec vous.


Le désert est d’abord intérieur. Bien sûr, Jean-Baptiste a vécu dans le désert d’Israël, dans des conditions arides, difficiles, qui sont les conditions de vie de tout prophète. Souvenez-vous de Moïse, d’Elie, d’Elisée ! Mais le désert extérieur dans lequel il vit l’aide à affronter et à vivre son désert intérieur. Nous avons tous en nous un désert intérieur. Il est dans notre cœur. Il est ce lieu où la grâce de Dieu a du mal à pénétrer, ce lieu où nous ne la laissons pas pénétrer, où nous refusons la lumière divine pour préférer nos ténèbres, nos compromissions. Il est ce lieu où nous gardons pour nous nos blessures, parce que nous n’avons pas la force, l’humilité, de les présenter à la grâce divine. Saint Jean-Baptiste a affronté son désert intérieur. Il a vécu en lui-même cette lutte à mort plus qu’il n’a affronté les éléments arides extérieurs : lutte contre son péché, contre ses démons, contres ses angoisses, contre ses faux-fuyants, contre ses délires. C’est ce combat qu’il a mené qui lui donne la radicalité qu’on lui connaît dans sa prédication : « Engeance de vipères ! » dira-t-il aux Pharisiens. Et dans ce combat contre lui-même, pour se convertir, pour mettre à mort « l’homme ancien » comme dira St Paul, il va rencontrer la Parole. Il va pouvoir se libérer profondément pour se mettre à l’écoute de la Parole et pour en devenir le Prophète, Celui qui va l’annoncer, la porter. L’union intime entre la Voix et la Parole, entre Jean-Baptiste et Jésus naît dans le désert, dans ce dépouillement intérieur. Vous voyez combien Saint Jean-Baptiste apparaît comme un maître spirituel. On ne peut rencontrer Dieu en vérité, en soi, sans entrer et sans habiter notre désert intérieur. Bien souvent, ce combat fait peur ; et puis nous sommes trop remplis de nous, de notre suffisance, pour le vivre en vérité. Alors, nous n’en restons qu’à du superficiel. Demandons à Saint Jean-Baptiste qu’il nous accompagne dans ce combat pour le vivre complètement, pas à moitié.


Unis intimement à Jésus, Jean-Baptiste est celui qui prépare la venue du Sauveur. Il y a un petit fait très drôle que la liturgie de St Jean-Baptiste, aussi bien dans la messe de la Vigile que dans la messe du Jour, ne rapporte pas, mais qui illustre très bien cette mission du Précurseur. C’est lorsque Marie, qui vient de concevoir en elle le Fils de Dieu va visiter sa cousine Elisabeth, elle aussi enceinte. Et lorsque les deux femmes se rencontrent et que Marie salue sa cousine, Jean-Baptiste, dans le ventre de sa mère, donne un petit coup. L’Evangile dit : « tressaille ». Oui, enfin, il s’agit d’un petit coup. Les mamans savent bien que les enfants réagissent in utero. Ce petit coup, que moi j’aime bien lire comme un petit coup de pied, ou ce tressaillement comme vous voulez, est non seulement une réaction de Jean-Baptiste qui salue Jésus, lui aussi in utero, mais c’est aussi un petit coup pour éveiller sa mère, Elisabeth, à la présence voilée du Messie. Car immédiatement après, Elisabeth, sous l’action de l’Esprit-Saint, prophétise : « Comment m’est-il donné que la Mère de mon Sauveur vienne jusqu’à moi ? » Jean-Baptiste réveille sa Mère, l’éveille à la présence du Messie. C’est assez drôle de penser que celui qui sera porte-parole, qui appellera le peuple d’Israël à la conversion, commence par réveiller sa maman, ou plutôt à l’éveiller d’une manière plus profonde à la présence voilé, discrète de Jésus. Et pourtant, continuons dans ce sens, Elisabeth et Zacharie ne sont pas complètement étrangers aux desseins de Dieu. Ce sont des gens très religieux, qui servent Dieu. Mais, on peut être religieux et ne pas être complètement ouvert à la présence de Dieu dans l’autre. Jean-Baptiste nous réveille par son petit coup de pied et nous éveille à la présence mystérieuse de Jésus en nous.


La dernière caractéristique que je reprendrai de la figure de St Jean-Baptiste est son effacement. Il s’efface vraiment car il est vraiment humble. C’est d’ailleurs le témoignage que Jésus lui rendra : « Jean-Baptiste est le plus grand parmi les hommes, et pourtant le plus petit dans le Royaume de Dieu est plus grand que lui ! » Il est le plus grand car il est, avec Marie, celui qui touche de la manière la plus intime qui soit Dieu, celui qui en est le plus proche. Souvenez-vous : la voix et la parole. Et de ce fait, approchant la grandeur de Dieu, côtoyant sa Majesté comme aucun autre, il est le plus petit, parce que plus on est proche de Dieu, plus on se reconnaît petit devant la grandeur de Dieu. Alors, il est vraiment humble. Alors, il sait s’effacer vraiment devant Dieu. « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » dira-t-il à ses disciples, les enjoignant à suivre désormais Jésus. « Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue » dira-t-il en parlant de Jésus. Jean-Baptiste nous apprend à ne pas nous mettre à la place de Dieu et à Lui laisser toute sa place, à mettre en Dieu en premier. Ceci est très actuel. On ne peut pas dire, en tout cas, chez nous en France, qu’on mette Dieu en premier. Mais même chez les chrétiens.

A partir de la Saint Jean-Baptiste, la lumière du soleil diminue, pour arriver au moment où la nuit est la plus longue, où les ténèbres sont les plus épaisses, le moment où Jésus, la Vraie Lumière, va naître pour nous rejoindre dans nos ténèbres. La naissance de Jean-Baptiste annonce celle de Jésus.


Au-delà des différents aspects que nous avons pu évoquer de la vie de ce grand saint, prions aujourd’hui pour tous ceux qui cherchent avec un cœur droit la Lumière ; prions pour tous ceux qui la cherchent mais malheureusement parfois en s’égarant. Prions pour tous ceux qui rejettent, ou du moins mettent de côté, la lumière divine pour choisir la lumière illusoire et les ténèbres. Amen !

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