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Photo du rédacteurParoisse Saint Louis

Homélie de la solennité de la Transfiguration de Notre Seigneur


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Transfiguration de Notre Seigneur


« Il fut transfiguré devant eux. »



Frères et sœurs,

La Fête de la Transfiguration du Seigneur, étant une fête de Notre Seigneur, est élevée au rang de solennité lorsqu’elle tombe un dimanche. C’est la raison pour laquelle en ce jour, nous ne fêtons pas le 18ème dimanche du Temps ordinaire, mais la Transfiguration de Jésus. Nous méditons cet Évangile tous les 2ème dimanche de Carême, pour nous préparer à la Passion de Jésus ; aussi voudrais-je aujourd’hui méditer cet épisode comme un enseignement sur la prière, puisque la Transfiguration de Jésus est essentiellement une expérience de prière.


Qu’en dire ? Que Pierre, Jacques et Jean vont avoir la grâce d’entrer dans la prière de Jésus. En entrant dans la prière de Jésus, tous les 3 sortent de notre temporalité : ils s’affranchissent de l’espace et du temps. Ainsi peuvent-ils discuter avec Moïse et Élie. La prière est ce qui nous rend véritablement libres. Par la prière, nous pouvons sortir de notre monde, une personne en prison, par l’exercice de la prière, peut quitter les murs de sa cellule et entrer en dialogue, en communion non seulement avec Dieu, mais aussi avec tous ceux qui nous précèdent dans la communion de Dieu au Ciel. Ceci-dit, dans cet épisode, Jésus nous pose une question fondamentale et très importante : qui écoutons-nous ? Dans la nuée lumineuse, la voix du Père dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

Frères et sœurs, demandons-nous nous-aussi qui nous écoutons. Dans notre vie, dans notre prière, à la messe. Qui écoutons-nous ? Depuis plusieurs décennies, les médias se font le relais de la bonne pensée, des thèmes qui nous sont imposés sur lesquels on va faire débattre les gens, leur donnant ainsi l’illusion de la liberté. Il ne s’écoule pas une journée sans que des nouvelles anxiogènes viennent frapper à la porte de nos oreilles et de notre tête : c’est le COVID, puis le réchauffement climatique, puis maintenant le dérèglement climatique, avec à chaque fois comme dénominateur commun, la responsabilité de l’homme. L’homme finit par être responsable de tout. Certes l’homme a une responsabilité, d’abord dans le péché qui fait qu’il ne respecte ni le Créateur, ni la créature ni la création. Mais pour être tout à fait juste sur la question de nos responsabilités, nos dirigeants aussi ont des responsabilités…Un exemple parmi d’autres, la question de l’hôpital qu’il nous appartenait de sauver au moment du COVID…Comme si nous étions responsables de l’effondrement de l’hôpital…alors que cela fait des décennies qu’il est sacrifié et abandonné… Bref, sous l’influence des médias, le monde devient une menace permanente et on ne cherche plus à y voir la présence de Dieu, les signes de Dieu, oubliant que Dieu aime ce monde et qu’il s’y rend présent.

Et qu’en est-il de notre prière ? Dans la prière, il faut toujours distinguer son moi, sa propre voix intérieure, son esprit, ses mouvements intérieurs de ceux qui viennent de Dieu. On peut facilement se tromper dans la prière en confondant la voix de son propre moi avec la voix de Dieu. La vraie question dans la prière est : qui cherchons-nous ? nous-mêmes ou alors Dieu ? La foi chrétienne nous apprend qu’en cherchant Dieu, on se trouve soi-même. La conséquence de la prière est qu’en rencontrant Dieu, on se laisse transformer par Lui. La prière nous transforme ; elle nous divinise en quelque sorte.


Il y a une autre caractéristique de la prière : elle nous permet de voir au-delà de ce que nous percevons. Pierre, Jacques et Jean montent sur le Mont Thabor avec Jésus ; puis ils assistent à sa prière où, en quelque sorte son être profond s’ouvre, pour finir par ne plus être qu’avec Jésus seul. Par cette expérience spirituelle, ils sont entrés dans l’intimité de Jésus, dans son identité profonde de Fils de Dieu. Ils ont pu découvrir qu’au-delà de l’apparence humaine de Jésus se trouve son être profond de Fils de Dieu.

Cet épisode nous apprend que la prière nous permet de voir au-delà des apparences humaines et naturelles pour trouver et voir Dieu, caché ou dont la présence est voilée. Celui qui prie ne regarde pas le monde, les réalités, les personnes comme les autres. Il y cherche Dieu. La prière nous apprend à poser un regard surnaturel sur des réalités naturelles. C’est là précisément, Frères et Sœurs, que les chrétiens sont attendus et ce d’autant plus aujourd’hui, où notre regard et nos attentes se trouvent enfermés dans une dimension essentiellement matérielle. Je vous donne un exemple de cet aveuglement un peu général. Tout le mone s’accorde aujourd’hui pour dire que notre monde, notre planète est en danger. Lorsque l’épidémie de COVID a surgi, nous n’avons pas entendu beaucoup de remise en question sur nos manières de vivre. Pourtant la question des épidémies n’est pas étrangère au chrétien. Un chrétien qui connait son histoire sainte sait que la Bible rapporte plusieurs épisodes d’épidémies qui étaient des appels à la conversion. On ne peut pas réduire, d’un point de vue chrétien, la question de cette épidémie qu’à une recherche sur la cause ou l’origine de cette épidémie, comme notre monde le fait. Pour un chrétien, la question est aussi : que nous dit Dieu à travers cette épreuve ? à quoi nous appelle-t-Il ? Il y a un regard surnaturel à poser sur cette réalité naturelle. Je vous ai donné un exemple de société ; mais il s’agit de la même chose dans chacune de nos vies. Un chrétien n’est pas appelé à vivre sa vie en enchaînant comme cela les évènements qui la remplissent les uns après les autres; mais il est appelé à chercher la cohérence de ces évènements, l’appel qu’ils renferment, la présence de Dieu qui les habitent. Alors que l’on redécouvre aujourd’hui la nécessité d’évangéliser et que l’on cherche bien souvent les lieux d’évangélisation, en voici un : apporter un regard surnaturel sur notre monde et ses réalités pour le ré-ouvrir à Dieu.


Enfin, je voudrais terminer en regardant comment la prière, vue à travers l’épisode de la Transfiguration, contribue à nous construire. L’évangéliste nous rapporte que Pierre, Jacques et Jean n’ont pas compris grand-chose à ce qu’ils ont vécu avec Jésus. Pour autant cet épisode qui leur a révélé la divinité de Jésus les prépare à vivre la Passion qui approche. Sur le coup, ils n’ont pas compris ; mais après coup, ils comprendront que Jésus les a préparés à vivre les évènements qui allaient arriver. Si je transpose : il nous arrive à nous aussi de ne pas comprendre ce qui se passe dans notre prière, de ne pas saisir ce que Dieu nous dit ou nous donne. Mais posons un regard de foi sur cette réalité : rien n’est le fruit du hasard. Si Dieu nous permet de vivre telle ou telle réalité dont le sens immédiat nous échappe, plus tard nous comprendrons. Et nous pouvons même aller plus loin : la prière est le lieu où Dieu nous construit et nous prépare à vivre l’avenir que Lui seul connaît. Et de manière ultime, la prière est le lieu où Dieu nous prépare à la rencontre définitive que nous vivrons avec Lui au terme de notre vie.


Frères et sœurs, ces quelques aspects concernant l’épisode de la Transfiguration nous montrent combien la prière est importante et combien elle nous façonne. Plus que de la considérer comme un devoir ou une obligation, nous sommes invités à la soigner, à y accorder du temps et de l’importance pour grandir en nous-même : en liberté, en vérité et en charité. Profitons de ce temps d’été pour soigner notre vie de prière ou pour la relire. C’est à travers cette dernière que le Seigneur continue de nous créer et qu’Il nous transforme selon Lui. Amen !

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