Homélie de la Solennité de la Sainte Trinité
- Paroisse Saint Louis
- 15 juin
- 6 min de lecture

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Solennité de la Sainte Trinité
« Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient ! »
Frères et Sœurs,
Même si la finalité première de la liturgie est de rendre un culte à Dieu, le cycle de l’année liturgique a plutôt tendance à commémorer et à actualiser des évènements qui concernent la relation entre Dieu et les hommes, plutôt que de célébrer Dieu pour ce qu’Il est en Lui-même. Deux fois dans l’année, la liturgie adore Dieu pour ce qu’Il est en Lui-même : lors de la fête de la Sainte Trinité, qui clôturait anciennement l’octave de Pentecôte, et lors de la Fête-Dieu que nous vivrons dans quelques jours.
L’(ancienne) octave de la Pentecôte permettait aux fidèles d’approfondir le don de l’Esprit-Saint. Celui-ci était remis au cœur du mystère de la Sainte Trinité, premier mystère de la foi chrétienne. Permettez-moi, Frères et Sœurs, de revenir quelques instants sur ce dogme de la Sainte Trinité. Il s’est élaboré progressivement dans les premiers siècles du catholicisme, en premier lieu à partir des paroles de Jésus qui se dit le Fils, qui se place par rapport au Père, et qui promet l’envoi de l’Esprit-Saint. La finale de l’Évangile selon saint Mathieu au moment de l’Ascension de Jésus est très claire dans les paroles de Jésus : « Allez, de toutes les nations faites des disciples, et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » C’est-à-dire qu’avant la fin du premier siècle après Jésus-Christ, l’Église primitive a conscience du mystère de la Sainte Trinité. Ce mystère s’est ensuite progressivement élaboré à travers les conciles christologiques qui ont tenu dans les premiers siècles de notre ère à réaffirmer d’une part la divinité du Fils et d’autre par la divinité de l’Esprit-Saint. On peut considérer qu’au concile de Constantinople en 381 le dogme de la Sainte Trinité est établi de manière définitive.
Que dit-il exactement ? Que nous croyons en un seul Dieu qui existe en trois personnes distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, personnes qui partagent toutes la même substance, c’est-à-dire la même divinité. Aucune de ces personnes n’est plus ou moins Dieu que l’autre. C’est leur substance divine qui fonde leur unité. On distingue leur relation entre elles. Ainsi appelle-t-on la relation du Père au Fils une relation de génération, la relation du Père à l’Esprit-Saint une relation de spiration, la relation du Fils au Père une relation de filiation, la relation du Fils à l’Esprit-Saint une relation de spiration, la relation de l’Esprit-Saint au Père une relation de procession, de l’Esprit-Saint au Fils une relation de procession. Pour ce qui est de l’extérieur, on distingue leurs différentes missions : ainsi dit-on que le Père est créateur, que le Fils est rédempteur et que l’Esprit-Saint est sanctificateur. La Trinité des Personnes en Dieu permet à Dieu d’être pluripersonnel, relationnel en Lui-même, et elle Lui permet d’être une puissance d’amour. C’est un une des clés fondamentales du mystère de la Sainte Trinité. Si Dieu est une puissance d’amour, c’est qu’Il l’est déjà en Lui-même.
Frères et sœurs, tout ce petit cours catéchétique est contenu dans un seul signe, très simple, qui est le signe de la croix, que nous faisons parfois trop machinalement et qui nous redit notre foi en Dieu. : Père, Fils et Saint-Esprit.
Je voudrais maintenant regarder avec vous combien le mystère de la Sainte Trinité est répandu dans notre manière de prier et plus particulièrement dans la liturgie.
En premier lieu, regardez combien de fois nous faisons le signe de la croix : au début de toute prière, à la fin de toute prière ; au début de la bénédiction du repas, à la fin de la prière de bénédiction du repas ; au début de notre vie chrétienne : le signe de la Croix est le premier signe tracé sur notre front ; à la fin de notre vie chrétienne : le signe de la Croix est le dernier signe posé sur notre cercueil. Notre vie chrétienne de prière et de rites est remplie et marquée du signe de la Croix.
La mention de la Trinité est également présente dans toutes les doxologies, c’est-à-dire les paroles de gloire qui magnifient la Trinité. Vous connaissez ces Paroles : Gloria Patri et Filii et Spiritui Sancto, Gloire au père et au Fils et au Saint Esprit. Pour ceux qui, parmi nous, prient la liturgie des heures, tous les psaumes (prières de l’ancien testament), sont conclus par une doxologie. Nous retrouvons la doxologie, dans sa forme développée, à la fin de la prière eucharistique : « Par Lui, avec Lui et en Lui ; à toi Dieu le Père Tout-Puissant dans l’unité du Saint Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. »
Notre confession de foi est marquée par la Trinité. Que nous disions ou chantions le Credo, que ce dernier soit le Symbole des Apôtres ou le symbole de Nicée Constantinople, nos confessions de foi reposent sur une structure trinitaire. Nous confessons notre foi au Père, puis au Fils, puis au Saint Esprit.
Enfin frères et sœurs, la sainte Trinité est présente dans un des moments les plus importants de la messe, la prière eucharistique. La prière eucharistique est dite par le prêtre ; elle est toujours adressée à Dieu le Père, prière au cours de laquelle le prête va offrir le Fils, Jésus, sous les espèces du pain et du vin, dans l’unité de l’Esprit-Saint.
Si nous regardons attentivement notre manière de prier et le contenu de notre prière, nous voyons combien la Trinité est présente.
Maintenant de manière plus pratique, je souhaiterais réfléchir avec vous aux incidences que le mystère de la Sainte Trinité a dans notre vie.
La première chose à dire est que notre être, créé par Dieu, est à l’image de Dieu, c’est-à-dire qu’il a au plus profond de lui-même cette ouverture à une pluralité de personnes, cette ouverture à la Trinité. Ce qui fait que par nature, l’homme est fait pour aimer et pour être aimé. De plus le sacrement du baptême, non seulement fait habiter en nous les trois personnes divines que sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit parce que nous sommes baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, mais on peut même dire que notre baptême nous introduit au cœur même de la vie trinitaire qui est en Dieu.
La première conséquence des éléments que j’évoque est que l’homme est par nature un être de relations qui, pour devenir lui-même, a besoin des autres. Les relations permettent à l’homme de devenir ce qu’il est au plus profond de lui-même. Plus nos relations seront vraies et authentiques, plus nous deviendrons nous-mêmes. Le fait que notre être soit marqué au plus profond de lui-même par la Trinité fait que cela casse l’exclusivité de la binarité dans les relations pour passer à une un mode de relations plus ouvert, plus souple, qui est la marque de la Trinité.
L’autre conséquence que l’on peut tirer du fait que notre être soit marqué par la Trinité est que seul Dieu nous permet de devenir réellement qui nous sommes et nous permet de vivre dans l’unité. Sans Dieu, principe d’unité, l’homme court vers une dispersion ou une dissolution ; avec Dieu, l’homme est capable d’allier unité et individualité. Il y aurait ici toute une réflexion à mener sur le plan social, sociétal et politique. À l’heure où nous voyons que le ‘vivre ensemble’ devient de plus en plus difficile, et de plus en plus difficile à la mesure que les fondements chrétiens de notre société s’estompent, il est bon de reprendre conscience que l’origine de toute unité vient de Dieu. Il est illusoire de vouloir construire une unité, un ‘vivre ensemble’ lorsque Dieu est rejeté, combattu ou exclu. Si nous voulons que les hommes s’apprécient, s’aiment et vivent dans l’unité, il faut construire nos modes de vie, nos sociétés, sur Dieu pas contre ou en dehors de Lui. C’est la force que permet le christianisme, qui n’est pas un totalitarisme, mais qui permet au plus profond de lui-même l’intégration des autres qui sont différents parce que le christianisme porte au plus profond de lui-même la distinction entre l’ordre temporel et l’ordre spirituel. Il laisse ainsi toute souplesse aux organisations politiques, tout en orientant vers le bien commun les hommes issus de culture, de race ou de langues différentes.
Frères et sœurs, que cette solennité de la Sainte Trinité ravive au plus profond de nous-mêmes l’existence des 3 personnes divines qui nous introduisent déjà dans la vie trinitaire. Que notre vie de prière, très fortement habitée et marquée par la Sainte Trinité, ouvre nos cœurs à la vie divine qui nous est donnée et à laquelle nous sommes destinés. Amen !
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