Homélie de la Solennité de la Pentecôte
- Paroisse Saint Louis
- 8 juin
- 5 min de lecture

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Solennité de la Pentecôte
« Tous furent remplis d’Esprit-Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. »
Chers Frères et Sœurs,
Le don de l’Esprit-Saint à la Pentecôte vient achever le mystère pascal de Jésus : tout d’abord parce qu’il accomplit la promesse faite par Jésus lui-même à ses Apôtres, de rester à Jérusalem et d’attendre le don du Paraclet, du Défenseur, envoyé par le Père ; d’autre part parce que l’Église, qui a été fondée par Jésus, instituée par Jésus et formée par Jésus va se trouver maintenant envoyée en mission. Le Saint-Esprit est celui qui termine le cycle des opérations de Dieu.
Je vous propose de regarder quelques aspects de la fête de la Pentecôte avant de réfléchir sur le dynamisme de la vie dans l’Esprit pour chacun de nous.
En premier lieu, nous pouvons nous interroger sur l’antienne du psaume : « Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre. » L’antienne parle bien d’un renouvellement. Avec la Pentecôte, la création est renouvelée ou, pourrait-on dire encore, recréée. Il nous revient en mémoire que lors de la création, au chapitre 1 du livre de la Genèse, la Bible nous dit que l’Esprit de Dieu planait sur les eaux. Nous retrouvons ce même Esprit à la Pentecôte qui vient renouveler une création restaurée, dont la restauration est le fruit du sacrifice de Jésus qui a libéré la création du mal et de la mort. La Résurrection de Jésus marque l’entrée de la création dans une nouvelle création. Et il appartient à l’Esprit-Saint, Celui dont je disais qu’il le termine le cycle des opérations de Dieu, de renouveler cette création restaurée par Jésus.
Les textes de ce jour nous suggèrent un autre effet de la Pentecôte. Nous remarquons dans le récit que nous donne St Luc dans la première lecture que nous retrouvons des éléments propres aux théophanies de l’Ancien Testament : un violent coup de vent, des langues de feu. Ces éléments renvoient à la rencontre entre Dieu et Moïse sur le Mont Sinaï. En reprenant ces éléments, St Luc nous présente la Pentecôte comme un nouveau Sinaï, comme la fête du nouveau pacte dans lequel l’Alliance que Dieu avait faite avec Israël est désormais étendue à tous les peuples de la terre. L’Église est catholique et missionnaire depuis sa naissance. L’universalité du salut est démontrée ici de manière significative par la liste des nombreuses ethnies auxquelles appartiennent ceux qui écoutent la première annonce des Apôtres. Le peuple de Dieu n’est plus seulement le peuple d’Israël mais il est élargi au point de ne plus connaître aucune frontière de race, de culture, d’espace et de temps.
Le récit de la Pentecôte nous donne également à voir comment l’Esprit-Saint restaure l’unité, elle-aussi, brisée. Le don de l’Esprit-Saint à la Pentecôte aux Apôtres et à l’Église est un don spirituel, c’est-à-dire que l’Esprit-Saint vient nous habiter spirituellement, à la différence de Jésus qui, par le sacrement de la communion, vient nous habiter de manière corporelle et spirituelle. Les textes que nous avons entendus en ce dimanche nous redisent cette habitation spirituelle de l’Esprit-Saint. La deuxième lecture disait : « Or vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. » L’Évangile quant à lui redit la même chose : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » L’Esprit Saint peut restaurer et assurer l’unité parce qu’Il est l’Esprit d’amour de Dieu qui unit le Père au Fils et le Fils au Père. Si l’Esprit-Saint habite en nous, cela implique que l’amour de Dieu habite en nous et l’amour conduit à la Vérité et à l’unité.
En ce sens, le récit de la Pentecôte répond à l’épisode de Babel. Quelques temps après la création, le récit biblique nous rapporte que l’orgueil des hommes pour rejoindre Dieu (et par derrière pour vouloir se faire l’égal de Dieu) était tel, que Dieu complexifia l’entente entre les hommes par l’apparition de différentes langues. C’est bien sûr une image, car c’est l’orgueil de l’homme qui a conduit aux séparations, aux divisions et aux complexités. Mais si nous gardons cet épisode en tête, nous voyons que grâce à la Pentecôte, l’Esprit-Saint rejoint chaque peuple dans sa langue, c’est-à-dire que Dieu nous donne les moyens de nous réunir, prenant en compte chacune de nos spécificités et de nos individualités. L’Esprit-Saint nous fait passer de la confusion à la communion. L’orgueil, l’égoïsme de l’homme créent toujours des divisions, dressent des murs d’indifférence, de haine et de violence. L’Esprit-Saint en revanche rend les cœurs capables de comprendre les langues de tous. Il rétablît le pont de la communication en premier lieu avec Dieu, en second lieu les uns avec les autres. Seul l’Esprit-Saint peut à la fois unir, rendre un, tout en faisant que chacun reste lui-même dans sa particularité et sa spécificité. Il est principe d’unité parce qu’il est Amour.
Après avoir relevé ces quelques éléments je voudrais m’attarder davantage sur la question de la vie dans l’Esprit qui correspond à la vie spirituelle ou à la vie que tout chrétien baptisé et confirmé est appelé à mener.
Tout d’abord, on peut dire que la première mission de l’Esprit-Saint est de nous faire devenir fils de Dieu en nous unissant à Jésus, Fils de Dieu. Saint-Paul le rappelle dans la deuxième lecture : « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions Abba ! C’est-à-dire Père ! » l’Esprit-Saint devient ainsi le maître de notre vie intérieure. On distingue 4 modes d’action de l’Esprit-Saint dans notre vie.
Premièrement, l’Esprit-Saint agit en nous à travers les dons qui lui sont propres. Les dons de l’Esprit-Saint sont des dispositions permanentes qui rendent l’homme docile à suivre les impulsions de l’Esprit-Saint ; il s’agit de la sagesse, de l’intelligence, du conseil, de la force, de la science, de la piété et de la crainte de Dieu. Ces dons appartiennent en plénitude à Jésus et ils complètent et mènent à leur perfection les vertus de ceux qui les reçoivent. Ils sont donnés par le sacrement de la confirmation.
Deuxièmement, l’Esprit-Saint agit en nous à travers les fruits. Ces derniers sont donnés par Saint-Paul dans l’épître aux Galates. Les fruits de l’Esprit-Saint sont des perfections que forme en nous le Saint Esprit comme des prémices de la gloire éternelle. Il s’agit de : la charité, la joie, la patience, la paix, la longanimité, la bonté, la bénignité, la mansuétude, la fidélité, la modestie, la continence et la chasteté.
Troisièmement, l’Esprit-Saint agit en nous à travers des charismes. Les charismes sont des grâces spéciales données par l’Esprit-Saint comme par exemple les miracles, le don des langues, les guérisons, les paroles de connaissance. Les charismes sont ordonnés à la grâce sanctifiante et ils ont pour but le bien de l’Église. Ils sont au service de la charité qui édifie l’Église
Enfin dernièrement, l’Esprit-Saint agit en nous par des motions, c’est-à-dire des mouvements qui vont orienter notre âme dans tel ou tel choix, telle ou telle décision, réflexion ou parole.
Frères et sœurs, en cette solennité de la Pentecôte, accueillons de manière nouvelle l’Esprit-Saint qui est donné généreusement à toute l’Église et au monde. Mais ne nous trompons pas. L’Esprit-Saint est silencieux par sa nature divine. Il agit dans le silence depuis tout éternité. Il ne fait jamais de bruit, Il conduit à la vérité en restant le grand intermédiaire. Aujourd’hui, notre monde n’est pas suffisamment attentif à l’Esprit-Saint. Sans attention à l’Esprit, les hommes sont divisés ; ils se dispersent et se divisent comme à Babel. Alors naissent guerre et les sectes pullulent. De-même, l’absence de l’Esprit-Saint dans l’Église crée des divisions. Là où l’Église est, l’Esprit de Dieu est. Puisse l’Esprit-Saint renouveler notre être, notre Église et faire grandir la communion de chacun de nous avec Dieu et entre nous pour nous rendre plus missionnaires. Amen !
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