Homélie de la Solennité de l’Ascension
- Paroisse Saint Louis
- 29 mai
- 5 min de lecture

+
Solennité de l’Ascension
« De toutes les nations faites des disciples, dit le Seigneur. Moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Chers frères et sœurs,
Et vous, chers enfants qui allez communier pour la première fois aujourd’hui,
L’Ascension de Jésus marque la fin de sa présence humaine parmi nous sur terre. Il est clair qu’avec l’Ascension, le retour de Jésus vers le Père, les Apôtres et les disciples se retrouvent dans une situation précaire : ils sont désormais seuls, dans un monde hostile qui a obtenu la mise à mort de Jésus. Même si la Résurrection de Jésus leur a enseigné que Jésus vient toujours à leur secours, il semble qu’avec l’Ascension il y a quelque chose de définitif qui se met en place. Et pourtant, les textes nous montrent combien l’Ascension a été source de joie, de dynamisme missionnaire et d’espérance. Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ?
Tout d’abord, nous pouvons voir que l’Ascension de Jésus répond à l’Incarnation. Avec l’Incarnation du Fils de Dieu, Dieu vient parmi nous ; avec l’Ascension, Jésus entre au Ciel nous tirant en quelque sorte vers le Ciel. Si nous avons coutume de nous réjouir de la venue de Jésus parmi nous, nous avons plus de mal à être dans la joie pour son entrée au Ciel. Pourtant cette entrée de Jésus au Ciel créée un mouvement qui tire l’homme et l’humanité vers le Ciel, vers Dieu. L’Ascension de Jésus tire l’Église vers le Ciel pour y faire entrer les brebis et pour remplir l’Église de la vie divine que, désormais, elle aura mission de répandre dans le monde. Ce croisement des mouvements descendants et ascendants (Incarnation et Ascension) explique la nécessité d’un lieu consacré, c’est-à-dire mis à part, pour cette finalité-là ; et ce lieu est l’église. Bien sûr, Dieu peut nous rejoindre quand Il veut, sous les modalités qu’Il veut, bien sûr notre prière peut s’élever n’importe où vers Dieu, mais le lieu par excellence où se croisent et se répondent les deux mouvements dynamiques ascendants et descendants de Dieu sont dans l’église, consacrée à cette finalité de communion en la personne de Jésus. La prière en tout lieu est importante ; mais elle l’est particulièrement dans l’église.
Cette dynamique missionnaire ouverte par l’Ascension de Jésus est présente d’une autre manière dans les textes. Lors de la Résurrection de Jésus, nous avions deux anges qui interrogeaient les disciples : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts Celui qui est ressuscité ? (…) Il vous précède en Galilée. » Lors de l’Ascension nous avons le même coup de pouce du Ciel : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le Ciel ? » L’absence humaine de Jésus est l’occasion d’un dynamisme missionnaire pour l’Église. Le vide laissé par Jésus ne devient pas un gouffre, un naufrage ; il ne marque pas une fin ; mais il devient la source de l’évangélisation qui tire sa substance du Ciel où Jésus est entré.
Justement, le parallèle avec la Résurrection est intéressant. Avant la séparation avec la Passion et la mort, Jésus laisse deux Trésors à ses Apôtres dans lesquels Il sera présent : son Corps et son Sang, ainsi que le Sacerdoce grâce auquel Jésus continuera d’agir au travers de ministres. Avec la séparation de l’Ascension, la même promesse est faite aux Apôtres : « Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. » Ces dons que Jésus fait à son Église sont d’autres modes de présence de Jésus qui continuera à être présent et qui nous sont donnés pour vivre notre communion avec Lui alors qu’Il n’est plus présent humainement. Traditionnellement, on célébrait les Premières Communions le Jour de l’Ascension justement pour réaffirmer au moment-même où nous commémorions le départ de Jésus sa présence sous les espèces eucharistiques. L’Église garde précieusement le Corps et le Sang de Jésus sous les espèces eucharistiques comme le Trésor que lui a laissé son Maître, et elle adore cette sainte présence de Jésus. La présence sacramentelle de Jésus sous les espèces du pain et du vin est la présence la plus parfaite et complète de Jésus : il est présent corporellement et spirituellement.
Le sacerdoce est un autre mode de présence de Jésus dans son Église et dans le monde. Avec le sacerdoce, le prêtre est à la fois le pasteur qui marche devant son troupeau, chargé de le conduire vers Dieu, de le guider, de l’enseigner ; il est aussi celui qui marche au milieu du troupeau, représentant Jésus Emmanuel, Dieu avec nous. Il est aussi celui qui marche derrière pour aller chercher la brebis qui se perd ou qui part ailleurs, soigner celles qui trainent ou qui sont malades.
L’Esprit-Saint quant à Lui est Celui qui nous met en relation avec Jésus pour faire vivre et donner consistance à cette relation. Ce mode de présence et de relation entrera pleinement en fonction lors de la Pentecôte. Profitons de cette fête de l’Ascension pour redécouvrir et estimer ces autres modes de présence de Jésus : dans l’Eucharistie, à travers le Sacerdoce, par l’Esprit-Saint.
Et vous, chers enfants, chers Joséphine, Augustin, Gwendolyne, Louis, Clémence, Constance et Ombeline, c’est un grand et beau jour que celui de votre Première Communion. Vous allez recevoir pour la première fois le Corps du Christ, le Corps de Jésus. Votre vie divine, que vous avez reçue au jour de votre baptême, va se trouver aujourd’hui vivifiée, renforcée, consolidée, nourrie par Jésus lui-même. Vous changez en quelque sorte de nourriture. De la même manière que votre vie humaine a besoin pour être en bonne santé que vous mangiez, que vous buviez, de la même manière votre vie divine a besoin de nourriture à travers ce « pain venu du Ciel » qui est le Corps de Jésus.
Le fait que vous communiez fait que vous recevez Jésus en vous. Or Jésus, c’est Dieu qui se donne à nous les hommes. Donc, plus vous allez communier, plus Jésus va venir habiter en vous, vous poussant tout doucement à vous donner aux autres et à Le donner, Lui Jésus, aux autres. Jésus nous montre ainsi qu’il ne faut pas garder ce Trésor qu’est la Communion pour soi, mais qu’il faut le porter aux autres en nous donnant nous-mêmes, un peu comme Marie, qui après l’Annonciation, portera Jésus maintenant en Elle, à sa cousine Elisabeth. C’est aussi ce que Jésus dit aux Apôtres dans l’Évangile : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. » Quelque part, à vous les enfants qui recevez Jésus pour la première fois, comme à chacun d’entre nous qui communions régulièrement, Jésus nous demande de Le porter aux autres.
Enfin, la dernière chose que je voudrais vous dire, c’est que la Communion vous agrège à l’Église. La Communion vous attache encore plus solidement à l’Église dans laquelle vous êtes entrés par le sacrement du baptême. Plus vous communiez, plus vous devenez le Corps de Jésus, puisque nous Le recevons en nous. Eh bien, imaginez toute l’assemblée qui est là aujourd’hui qui va communier. Tout le monde devient un petit peu plus le Corps de Jésus. Et lorsque nous communions tous les dimanches, eh bien c’est tous ensemble que nous devenons toujours un petit peu plus le Corps de Jésus. Par conséquent, plus nous communions, plus nous devenons le Corps du Christ et plus notre unité est forte. La Communion nous agrège toujours plus fortement à l’Église et nous unit toujours plus fortement les uns aux autres.
Alors, chers enfants, demandez à Jésus au cours de cette messe, la grâce de Lui être fidèle. Confiez-vous aussi à la Vierge Marie. Vous savez que Jésus nous l’a donnée comme Maman afin qu’elle veille sur nous et qu’elle nous protège. Une maman est celle qui veille sur ses enfants. Demandez à Marie qu’Elle veille sur votre foi et, en ce mois qui lui est consacré, demandons-Lui qu’Elle vous aide, qu’Elle nous aide, à vivre de Jésus, avec Jésus, et qu’Elle nous aide à Le donner autour de nous. Amen !
Comments