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Solennité de l’Annonciation
« Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta Parole. »
Chers Frères et sœurs,
Alors que depuis plusieurs semaines, nous sommes entrés dans le Carême pour redire « non » au péché, « non » à ce qui nous enchaîne, « non » à nos dépendances, pour redire « oui » à Dieu, nous contemplons aujourd’hui le « Oui » de Marie. Un « oui » pur, fécond, dont nous bénéficions aujourd’hui.
Ce « oui » de Marie, son Fiat, se décline de plusieurs manières. En disant « oui » à l’Archange Gabriel, Marie accepte le projet de Dieu pour elle et pour nous. Son Fiat est tout de suite ouvert aux autres et pour les autres.
Dans cette scène de l’Annonciation, nous voyons que Marie coopère au projet de Dieu. Elle l’accepte, même si elle pose une question qui concerne la conception du Fils de Dieu puisqu’elle ne connait pas d’homme. St Augustin a scruté cette scène et il la commente ainsi : avant de concevoir le Fils de Dieu dans son corps, Marie l’a déjà conçu dans son âme. Le « oui » de Marie dans son âme précède son « oui » dans son corps. Mais Marie ne coopère pas seulement en disant « oui » à Dieu comme si ce qui lui était proposé était une réalité extérieure à elle, elle a fait de ce projet une réalité personnelle en s’offrant elle-même, et de manière plus précise, en offrant son humanité. Contribution ô combien importante, puisque le Fils de Dieu doit assumer la nature humaine qu’Il vient sauver. Marie participe activement au projet de Dieu en l’accueillant dans son être et en s’offrant elle-même : elle offre son être, son humanité et sa vie.
Sa coopération à l’œuvre de Dieu fait d’elle la Mère de Jésus. Sa coopération va donc prendre la caractéristique de la maternité. Sa maternité va évoluer passant, sous la conduite de Jésus, d’une maternité biologique, humaine, à une maternité surnaturelle et ecclésiale. Le point d’orgue de la maturation de cette maternité est sur la Croix, lorsque Marie reçoit le disciple bien-aimé de Jésus comme fils. À ce moment précisément, Jésus fait de sa Mère la Mère de l’Église, la Mère des disciples de son Fils. Cette croissance dans la maternité s’est effectuée par des renoncements. Marie aura entendu son Fils lui dire « Qui est ma Mère, qui sont mes frères, qui sont mes sœurs ? » ou alors encore : « Femme que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue » lors des Noces de Cana. Jésus aura ouvert la maternité de sa Mère d’une maternité naturelle à une maternité surnaturelle. C’est en ce sens que nous bénéficions également du « oui » de Marie aujourd’hui. En tant que Mère, Marie porte le souci de tous ces enfants, avec une attention particulière à tous ceux qui souffrent. Notre prière ne peut trouver qu’un accueil favorable auprès de notre Mère du Ciel pour tous nos frères et sœurs, malades, âgés qui risquent de ne plus pouvoir terminer leurs jours dans la certitude et la confiance dans le corps médical et leurs proches qu’on accompagnera leur vie jusqu’au bout. La perspective que ceux qui sont fait pour soigner et accompagner la vie puissent devenir ceux qui injectent la mort plane comme une menace de plus en plus grave et angoissante sur notre société. Pendant des siècles nous avons vécu sur le fondement de l’interdit de tuer ; il semble qu’aujourd’hui, nous prenions le chemin de changer ce fondement pour légitimer le fait de donner la mort, ce qui est déjà acquis pour le bébé dans le ventre de sa mère. Nous confions non seulement à Marie tous ses enfants qui souffrent, mais aussi tous ceux qui ont donné leur vie pour protéger et soigner la vie des autres, ainsi que le cœur, l’âme et la conscience de nos frères et sœurs Français qui semblent endormis par le matraquage médiatico-politique et par la capitulation déjà admise.
Le « Oui » de Marie qui se déploie dans sa maternité, se déploie également dans l’Église, dont Marie est le premier modèle. Nous sommes habitués à entendre parler de l’Église comme Corps du Christ, comme Épouse du Christ. Même si l’on évoque l’Église comme Corps du Christ, l’image de l’Église Épouse du Christ est profondément juste parce qu’elle révèle la nature profondément féminine de l’Église. Or, Marie est l’image de l’Église, dans le fait que, comme Marie, l’Église est Mère et qu’elle demeure Vierge. La coopération de Marie à l’œuvre de Dieu se déploie dans la maternité de l’Église qui, comme Marie, accueille Jésus en son sein, Le redonne et Le fait naître dans l’âme de ses enfants. Ce déploiement de la grâce mariale dans l’Église est pour chacun de nous une profonde joie. Nous faisons en effet ces derniers temps l’expérience d’une profonde crise dans l’Église, dans son gouvernement, dans ses institutions. Mais, que Marie soit la première Église, qu’elle soit le modèle de l’Église, que son Immaculée Conception se déploie de manière surnaturelle sur l’Église, ne peut que nous rassurer et nous inviter à la confiance et à la joie. Marie, première Église, veillera et protègera l’Église de son Fils qui parviendra à triompher du Mal non seulement qui l’attaque mais qui est en elle et qui l’habite.
Aussi, en ce jour où nous honorons Marie pour son Fiat, nous la prions avec force d’aider l’Église à se purifier et à se sanctifier. Nous confions à Marie toutes les personnes qui sont appelées à répondre « oui » à Dieu : celles qui ont peur de lui répondre, celles qui disent « oui » de la bouche mais pas du cœur ; nous lui confions toutes celles qui disent « non » ou qui ne répondent pas à Dieu ; enfin, nous lui confions toutes celles qui ne répondent pas parce qu’elles sont prisonnières de l’esprit du monde. Que le « Oui » de Marie qui nous a libérés du péché soutienne tous nos « oui » pour les ouvrir à Dieu. Amen !
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