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Messe de la Vigile de Noël
« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi marie ton épouse : l’Enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-Saint. »
Chers Frères et sœurs,
Par cette messe de la Vigile de Noël, nous entrons dans la solennité de la Nativité du Fils de Dieu que l’Église va fêter pendant 8 jours. Ce soir, nous qui sommes venus à la messe de Noël, nous pouvons tous nous demander pour quelle raison nous sommes venus : par tradition ? pour nous rappeler les souvenirs de notre enfance ? pour avoir l’impression de vivre complètement et pleinement Noël ? ou alors pour accompagner la famille, mais sans grande conviction personnelle ?
Quoi qu’il en soit, la fête de Noël, outre son aspect traditionnel, inscrite dans notre calendrier, est une fête dans le fond pour chacun de nous, personnellement. La naissance de Jésus n’est pas qu’un évènement historique ; elle n’est pas non plus un évènement de vérité générale, sans aucun rapport avec ma vie. Si Dieu envoie son Fils Jésus parmi nous, c’est pour chacun de nous, comme nous le chantons dans le Credo : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du Ciel. » Et Si Jésus vient à nous personnellement à travers sa naissance, c’est parce qu’Il nous aime. Chaque vie, chaque personne est importante aux yeux de Dieu. Nul ne peut se dire en cette fête de Noël : Dieu n’en a rien à faire de moi, de ma vie, de mes soucis ou de ce qui me rend heureux. Si Dieu ne se préoccupait pas de l’homme, Il ne serait pas venu à nous. Le prophète Isaïe dit cette conscience qu’il a d’être l’objet de l’Amour de Dieu : « On ne t’appellera plus ‘la délaissée’, on n’appellera plus ta contrée ‘terre déserte’, mais on te nommera ‘ma préférée’, on nommera ta contrée ‘mon épouse’, car le Seigneur met en toi sa préférence et ta contrée aura un époux. Comme un jeune homme épouse une jeune fille, celui qui t’a construite t’épousera. » Le langage utilisé par le prophète est un langage d’amour, de noces. Noël, c’est d’abord cela, c’est la manifestation de l’amour de Dieu pour l’homme qui pousse Dieu à rejoindre l’homme pour venir vivre chez lui et avec lui.
La vraie question qui se trouve posée à nous est : est-ce que nous accueillons cette venue de Dieu chez nous ? Le long évangile que nous venons d’entendre nous redit que Dieu entre dans le temps, dans une culture, dans une société, dans un peuple, dans une histoire et que rien ne l’empêche de nous rejoindre. Dans toute cette énumération de noms, nous avons plus de personnes pécheresses qui n’ont pas coopéré de manière heureuse au projet de Dieu que de personnes saintes. Mais c’est aussi l’image de notre monde et de notre propre vie. Il y a aussi en nous des obstacles à la venue de Dieu chez nous. On pourrait dire que c’est la deuxième Bonne Nouvelle de cette fête de Noël : rien n'empêche Dieu de nous rejoindre. Après la question est de savoir si oui ou non, nous l’accueillons. Mais voyez-vous, trop souvent, lorsque l’on souhaite revenir vers Dieu, on s’égare. On le cherche comme une réalité extérieure et étrangère à nous ; or Noël nous redit que ce n’est pas à nous de chercher Dieu, mais que c’est Lui qui vient à nous et qu’il nous revient de l’accueillir. Dieu est toujours à chercher dans notre vie. Ce soir, si nous sortons de cette messe en n’ayant pas décidé d’accueillir Dieu dans notre vie et de vivre avec Lui, nous passerons à côté du sens profond de Noël.
L’Évangile de ce soir nous montre aussi que Marie et Joseph ont participé d’une manière particulière au mystère de l’Incarnation et de la Rédemption. Ces deux mystères sont intimement liés l’un à l’autre. Le « Oui » de Marie et de Joseph n’est pas seulement un « Oui » à l’accueil de l’Enfant divin, il est aussi un « Oui » à la participation à la Mission de Rédempteur. Par son Fiat Marie accueille en son sein le Fils de Dieu et elle Lui offre l’humanité qu’Il est venu assumer. Par son obéissance à l’Ange qui lui apparaît en songe, Joseph accepte d’accueillir dans son foyer le Fils de Dieu et, en lui donnant le Nom Jésus, comme le lui demande l’Ange, Joseph prend sa place dans l’œuvre de Rédemption du Fils de Dieu. Incarnation et Rédemption vont ensemble. Ce soir, en accueillant dans notre vie l’Enfant Jésus, demandons-nous comment nous pouvons participer nous-aussi au mystère de la Rédemption. Comment pouvons-nous être porteurs de Dieu auprès de ceux qui ne le connaissent pas ? Comment pouvons-nous témoigner de l’Amour de Dieu pour chaque personne que nous croisons ? dans notre entourage, dans notre famille, notre voisinage ?
Pour que cette fête de Noël soit vraiment une Bonne Nouvelle pour ceux que nous croiserons, demandons à l’Enfant Jésus de ne pas avoir peur de L’accueillir, de Lui dire « Oui » et de Lui offrir notre « Oui » pour participer au Salut qu’Il vient nous offrir. Amen ! Belle et sainte fête de Noël à vous !
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