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Messe de la Nuit de Noël
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. »
Chers Frères et sœurs,
Notre présence ici ce soir au milieu d’une nuit, en hiver, est une chose insolite. Nous commémorons une naissance qui, bien que totalement extraordinaire, a eu lieu de manière la plus ordinaire possible. De manière la plus ordinaire possible, certes, mais voilée de mystère. Car la Venue du Fils de Dieu dans notre monde se fait au cœur de la nuit, dans les ténèbres. Tout comme sa Résurrection se fera au cœur d’une autre nuit. Les manifestations de Dieu sont toujours mystérieuses et échappent à la pleine conscience de l’homme. Mais malgré le caractère mystérieux de la venue du Fils de Dieu parmi nous, il faut reconnaître que cette naissance se fait de manière très simple et ordinaire. Dieu, souverain de toute chose, depuis l’éternité, accepte d’entrer dans le temps et de se soumettre aux évènements du monde. Celui qui est souverain se soumet à un recensement politique ; celui qui est la source de tout pouvoir se soumet au pouvoir d’un empereur. Il vient parmi nous de manière humble et pauvre, seul, entouré de Marie, et de Joseph et de quelques animaux ; tout comme il mourra seul, sur la croix, entouré de Marie et du disciple qu’il aimait, le seul à Lui être resté fidèle. Venant de manière humble, Il ne s’impose pas et accepte de ne pas être accueilli, qu’on ne Lui fasse pas de place. Il y a ici un premier enseignement à tirer de la manière dont le Fils de Dieu vient à nous : c’est que Dieu nous rejoint de manière ordinaire, dans les choses et les réalités les plus simples de notre vie.
Les Anges qui accompagnent cette naissance divine chantent : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. » Tous les textes entendus ce soir nous redisent que le don de l’Enfant Jésus est le don de la paix. La Naissance de Jésus apporte la paix car Jésus réconcilie l’homme avec Dieu. En Jésus, Dieu s’est fait homme pour permettre à l’homme de devenir Dieu, c’est-à-dire, de vivre de la Vie de Dieu et d’entrer en Communion avec Dieu. La bonne nouvelle de l’Évangile, ce n’est pas seulement la nouvelle d’une naissance, c’est la nouvelle que le temps de l’accomplissement du salut de l’humanité, le temps de la victoire du bien sur le mal est désormais ouvert. Une vierge vient de mettre au monde un fils. Elle lui a donné le nom de Jésus, c’est-à-dire Sauveur. Tout ce qui commence en cette Nuit de Noël s’accomplira dans la Nuit de Pâques. St Paul nous dit dans la deuxième lecture que la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ; cette grâce resplendira au lendemain de Pâques dans la Résurrection. La réconciliation entre Dieu et l’homme manifestée dans la naissance de l’Enfant Dieu s’accomplira dans le triomphe de la Vie sur la mort à Pâques. La paix, chantée par les Anges en cette nuit, puis qui plus tard sera transmise par le Ressuscité revenu de la mort, devient accessible aux hommes qui accueillent spirituellement l’Enfant Jésus dans leur vie. Toute paix, par rapport à soi-même dans sa propre vie, par rapport aux autres, dans les familles, les fratries, les relations amicales, de travail, entre les États, ne devient possible et vraie que si elle s’enracine en Jésus, le Réconciliateur, le « Prince de la Paix ». Fêter la naissance de Jésus ce soir nous conduit à accueillir cette paix, don de Dieu, et à devenir des artisans de paix. Elle nous amène à redire qu’il ne peut y avoir de vraie paix en dehors de Dieu.
Mais cette Bonne Nouvelle que nous fêtons ce soir demande à être accueillie. Or, les textes nous redisent tous que cette heureuse naissance n’a pas été accueillie par tous. D’abord, il n’y a pas de place pour Jésus, pas de place dans la salle commune. Dans l’Évangile de la messe du Jour de Noël (demain), St Jean nous dira « qu’Il est venu chez les siens » et que « les siens ne l’ont pas reconnu. » Bien plus, les évènements qui vont suivre la naissance nous montrent que la mort rôde déjà autour de la crèche. Avec la venue des Mages, Hérode et la mort rôdent autour de Jésus ; le massacre des saints Innocents entachera la naissance divine. Déjà à l’époque de Jésus, le mal a obscurci les yeux de l’homme et a fermé la porte de son cœur, en blessant profondément le lien entre la créature et le Créateur. Blessé dans le regard qu’il porte sur la création, l’homme est aussi blessé dans le regard qu’il porte sur les autres hommes. Aujourd’hui aussi, le coeur et la conscience de l’homme sont obscurcis : Dieu n’est plus le bienvenu. La paix est devenue étrangère à notre monde et à notre temps.Partout la guerre fait rage, parfois visible, souvent invisible, dissimulée derrière des accords économiques et prenant pour victimes des peuples entiers. La mort, provoquée par des mains qui ne devraient que guérir, rôde toujours plus oppressante auprès du sein maternel, ou des lits d’hôpitaux.
Frères et sœurs, en cette nuit de Noël, Dieu nous fait en abondance le cadeau de sa paix. En cette nuit de Noël, beaucoup de cadeaux vont s’échanger dans le monde. Le plus beau cadeau que nous puissions faire à nos proches, c’est de porter sur eux un peu de ce regard de paix que Dieu, de toute éternité, porte sur nous. En Jésus-Christ, Dieu révèle le regard posé sur chacun d’entre nous : un regard d’amour, de paix, de confiance et d’espérance. En accueillant l’Enfant Jésus, accueillons le regard de Dieu sur chacune de nos vies, ; accueillons sa paix pour en vivre et pour la transmettre. Joyeux et Saint Noël à tous. Amen !
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